Les manœuvres organisées par Pékin durant trois journées« servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant « l’indépendance de Taïwan et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices », a averti Shi Yi porte-parole de l’armée chinoise, dans un communiqué. Il s’agirait, selon un média d’État chinois, d’exercices « d’encerclement total ». Neuf navires de guerre et 71 avions de chasse chinois ont ainsi été détectés samedi par le ministère taïwanais de la Défense autour de l’île, au premier jour d’exercices militaires de Pékin dans le détroit de Taïwan. Vingt-neuf avions ont dépassé la ligne médiane qui sépare la Chine de Taïwan, a précisé le ministère, dénonçant des « actions irrationnelles ». « Ces dernières années, nous avons été confrontés à un expansionnisme autoritaire continu », a relevé la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, ajoutant que l’île « continuerait à travailler avec les États- Unis et d’autres pays (…) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie ». Outre les différents déploiements d’unités, des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales. En réponse, Taipei a estimé que ces manœuvres menacent la « stabilité et la sécurité » dans la région Asie-Pacifique. Ces annonces font suite à la visite cette semaine de la présidente Tsai Ing-wen aux USA où elle a rencontré, mercredi 5 avril, K. McCarthy, président de la Chambre des représentants. À ce moment, Pékin avait, dans la foulée, promis en représailles des « mesures fermes et énergiques ». Car la Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel. La Chine considère Taïwan (23 millions d’habitants) comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec
le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Les États-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du « principe d’une seule Chine » défendu par Pékin.
Depuis le 6 avril, Pékin accentue la pression militaire sur Taïwan avec l’envoi de navires de guerre et d’aéronefs dans le détroit. La localisation exacte des nouvelles manœuvres n’est pas précisée, hormis les exercices à tirs réels du 10 avril, qui auront lieu autour de Pingtan, le point de Chine continentale le plus proche de Taïwan. La partie la plus étroite du détroit entre les côtes chinoises et l’île fait environ 130 kilomètres de large.
Depuis plusieurs jours, la Chine a aussi renforcé la présence de ses garde-côtes dans le détroit pour des patrouillesexceptionnelles.
En août, Pékin avait lancé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé K. McCarthy au perchoir, s’était rendue sur l’île.
La réponse – à ce stade – à la rencontre avec le numéro trois américain n’a rien de comparable avec l’été 2022. Ces manœuvres militaires interviennent au lendemain d’une visite d’État en Chine d’Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi
Jinping. « La conversation a été dense et franche » à ce sujet, a indiqué vendredi l’Élysée. « Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d’illusions », a de son côté assuré jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d’une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.
L’arme des sanctions
Par ailleurs, des autorités chinoises ont décrété des sanctions à l’encontre de l’Institut Hudson et de la Bibliothèque Ronald Reagan, aux États-Unis, en raison de leur soutien à Taïwan. Sur fond de regain de tensions sino-américaines autour de Taïwan, l’Institut Hudson et la Bibliothèque présidentielle Ronald Reagan, aux États-Unis, ont été visés par des sanctions de Pékin en raison de la violation du principe « d’une seule Chine »,
annoncé le ministère chinois des Affaires étrangères. Dans un communiqué, ces organisations sont accusées d’avoir accueilli la dirigeante taïwanaise « pour qu’elle y mène des activités séparatistes », violant ainsi « gravement le principe d’une seule Chine et les dispositions des trois communiqués conjoints
sino-américains ».
À partir du 7 avril, il sera strictement interdit aux organisations et individus chinois de coopérer avec les deux établissements susnommés, dont les directeurs n’auront pas le droit d’entrer en Chine.
Dans le même temps, Pékin a imposé des sanctions à deux organisations taïwanaises, la Prospect Foundation et la Council of Asian Liberals and Democrats. La représentante officielle du gouvernement taïwanais aux États-Unis, Hsiao Bi-khim, est également sanctionnée.
La diplomatie chinoise a souligné que l’idée de l’indépendance de Taïwan constituait une impasse et que ses partisans, épaulés par des forces extérieures, n’arriveraient pas à leurs fins.