La frontière entre le Liban et la Palestine occupée a connu une escalade militaire sans précédent depuis 2006, rapportent des médias israéliens. Vers 14h, heure de Beyrouth/al-Qods occupée, des dizaines de roquettes tirées depuis le Liban ont frappé les colonies israéliennes au nord de la Palestine occupée. Selon la chaine de télévision qatarie al-Jazeera, la provenance des tirs est le camp de réfugiés palestiniens Rachidiyeh proche de la ville de Tyr au sud du Liban.
Il a été question au début d’une centaine de roquettes tirées en l’espace de 10 minutes, selon certains médias israéliens qui ont adopté un ton alarmiste. Par la suite, l’armée israélienne a précisé que ce sont 30 roquettes qui ont été tirés et pendant une demi-heure. La plupart, des Katioucha et des Grad, ont blessé 3 colons israéliens et causé des dégâts importants, selon les vidéos postées sur les réseaux sociaux.
Les sirènes d’alarme ont retenti 37 fois dans la Galilée occidentale (al-Jalil du nord) ont précisé les médias israéliens. La chaine de télévision israélienne Channel 13 a pour sa part, indiqué que le système anti-missile Dôme d’acier a intercepté 25 roquettes tandis que deux sont tombées dans des zones ouvertes.
L’accès aux abris de toutes les colonies a été ouvert. L’Autorité israélienne des aéroports et des passages a fermé l’espace aérien entre Haïfa et la frontière avec le Liban. L’évaluation de l’armée israélienne a également conclu que ce sont des éléments palestiniens qui ont tiré les roquettes. Elle estime aussi que les tirs de roquettes sont une riposte à ce qui se passe dans la mosquée d’al-Aqsa, selon le Haaretz. Les tirs ont été salués par le Jihad islamique et le Hamas qui ont insisté sur la nécessité d’unir tous les fronts pour soutenir la mosquée d’al-Aqsa.
Dans les médias israéliens, les réactions des hommes politiques et des chroniqueurs et analystes reflètent une grande amertume.
« L’équation est désormais claire ; les évènements d’al-Aqsa veulent dire que la riposte viendra du Liban et de Gaza », a analysé le site Wallah. 25 roquettes avaient été tirées ces deux derniers jours, dans l’enveloppe de Gaza, en riposte aux incursions brutales contre la mosquée d’al-Aqsa et les fidèles palestiniens. « L’érosion de la dissuasion israélienne et de l’impuissance qui transparait de notre gouvernement a poussé notre ennemi à une action concertée et coordonnée », a dit Avigdor Lieberman, chef du parti Israel beitenou.
« Il semble que nous soyons devant une coordination entière entre l’Iran, le Hamas et le Hezbollah et d’autres organisations », a-t-il ajouté en allusion sans doute à la visite au Liban du chef du bureau politique du Hamas Ismail Haniyeh jeudi 9 avril. La riposte de roquettes est coordonnée entre le Hezbollah, le Hamas et le Jihad, a cru deviner la chaine Channel 12.
A Beyrouth, I. Haniyeh a rencontré les secrétaires généraux des factions de la résistance palestinienne et Ziyad al-Nakhala, secrétaire général du mouvement Jihad islamique, appelant les résistants à se tenir « prêts à réagir aux menaces de l’ennemi ». I. Haniyeh a déclaré lors de cette rencontre que « la priorité aujourd’hui est de résister à l’occupation », assurant que « l’unité nationale et la résistance sont les moyens de remporter la victoire et de faire échouer le projet sioniste ».
Lors d’un discours après la réunion, il a mis en garde le gouvernement israélien contre la persistance de son agression contre la mosquée al-Aqsa, et a souligné : « Nous la considérons comme une menace non seulement pour la Palestine, mais pour tous les pays arabes et islamiques (…) Nous ne permettrons pas au gouvernement de l’occupation de mettre en œuvre ses plans pour judaïser al-Qods et diviser la mosquée al-Aqsa ».
- al-Nakhala, a affirmé, pour sa part, que « les menaces de l’ennemi ne nous effraieront pas, au contraire, ces menaces nous rendront plus forts et plus déterminés », tout en insistant pour que « la résistance soit unie face à toute agression, et nos moujahiddines partout doivent être prêts à répondre ».
Ses déclarations interviennent à la lumière de l’escalade sécuritaire entre la frontière libanaise avec la Palestine occupée, après que des dizaines de roquettes ont été tirées depuis le territoire libanais vers la Haute Galilée.
Les médias israéliens ont confirmé que deux roquettes sont tombées dans une colonie du nord, tandis que Reuters a rapporté, citant trois sources de sécurité libanaises, que « les factions palestiniennes sont responsables des attaques à la roquette depuis le Liban, et non le Hezbollah ».
Le ministère libanais des Affaires étrangères avait, plus tôt dans la journée, mis en garde dans un communiqué « contre les intentions d’escalade d’Israël , qui menacent la paix et la sécurité régionales et internationales », appelant « la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il cesse l’escalade » et exprimant « sa volonté de coopérer avec les forces de maintien de la paix de l’Organisation internationale (« FINUL »), opérant dans le sud du Liban ».
Cette escalade intervient dans le sillage de la poursuite des attaques récentes des forces d’occupation et des colons contre la mosquée al-Aqsa, alors qu’ils ont pris d’assaut ses places jeudi.
Par ailleurs, les médias israéliens ont rapporté que les colons étaient un état hystérique au sud et au nord de la Palestine occupée, à la frontière avec la bande de Gaza et le Liban et qu’ils ont pris l’initiative d’ouvrir les abris.
« L’état d’hystérie dans lequel vivent les colons coïncide avec l’état de confusion qui règne dans les institutions politiques et militaires et dont l’une des conséquences a été la décision des colons d’ouvrir eux-mêmes les abris, alors que le gouvernement d’occupation est encore hésitant sur cette question », ont rapporté les médias israéliens.
Dans ce contexte, Channel 12 a annoncé que « l’ouverture des abris n’est pas basée sur une décision du Commandement du Front intérieur israélien », ce qui traduit l’état de confusion politique et sécuritaire dans lequel vit l’entité.
Dans le même temps, la Maison Blanche a mis en garde contre les répercussions de l’escalade dans un communiqué : « Nous sommes très préoccupés par l’escalade et nous appelons tout le monde à faire preuve de retenue ».
Ayman Safadi, ministre jordanien des affaires étrangères, a affirmé que « les derniers évènements qui ont eu lieu aux frontières libanaises est le résultat des attaques israéliennes injustifiées contre alAqsa ». Il a qualifié de « dangereux » ce qui se passe en Palestine occupée et à ses frontières. « Nous traversons une phase dangereuse, et ce qui se passe aux frontières libanaises est le résultat des attaques israéliennes injustifiées » a assuré le chef de la diplomatie jordanienne à CNN.
Les médias israéliens ont rapporté qu’Avigdor Lieberman, chef du parti Israël notre maison, a commenté les tirs de roquettes depuis le Liban vers les colonies du nord, affirmant que « le message est clair ». Selon lui, le Premier ministre du gouvernement d’occupation, Benjamin Netanyahu, a entraîné « Israël en trois mois dans une situation impossible », affirmant « qu’Israël n’a jamais été témoin d’un tel effondrement de l’intérieur et d’un tel isolement de l’extérieur ».