« Nous sommes intervenus au-delà de nos frontières », a dit cette semaine le Premier ministre, Benyamin Netanyahu. « Nous allons chasser l’Iran et le Hezbollah de Syrie », a renchéri son ministre de la Défense. Le traditionnel « pas de commentaire » israélien, lorsqu’il s’agit d’intervention à l’étranger, laisse place désormais à des déclarations publiques, assumées. Qu’est-ce qui a changé ? « La nature de la menace iranienne », explique Yaakov Amidror, général à la retraite, chercheur à l’Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité. « Les opérations de l’Iran et du Hezbollah contre Israël sont désormais plus audacieuses. Il y a quelques jours, le Hezbollah a réussi à s’infiltrer profondément en territoire israélien. Ils ont réussi à poser une bombe à plus de 100 kilomètres de la frontière. Il y a 24 heures, l’Iran, probablement, a envoyé un drone depuis la Syrie vers Israël. Ici, on se dit que les Iraniens et le Hezbollah ont peut-être compris, à tort, que c’était le moment d’attaquer Israël. Car le pays est en pleine crise, qu’il est secoué par un important mouvement de contestation, et qu’il est donc affaibli », analyse Y. Amidror.
À travers leurs actions et leurs déclarations, les responsables israéliens envoient donc un double message : d’abord à leurs ennemis à l’étranger. Ensuite, à leur population, actuellement divisée par une question de politique intérieure. Après des semaines de contestation populaire contre le gouvernement en Israël, le ministre de la Défense déclare : « Face à nos ennemis, nous devons rester unis. »
Cela n’apaisera pas la rue, explique Y. Amidror. « Les Israéliens sont assez intelligents. Ils ne vont pas renoncer à leur droit à manifester à cause d’un tel événement. Les gens continueront à protester contre le gouvernement, et en même temps l’armée fera son travail », relève-t-il.
Mais les responsables israéliens sont inquiets. En signe de protestation contre le gouvernement, nombre de réservistes et de pilotes de combat refusent actuellement de rejoindre l’armée.