#Libération_Palestine

Logo Perspectives med

N. Modi reçu dans le faste à Washington : Des contrats stratégiques en vue

Tapis rouge pour le Premier ministre indien en visite d’Etat aux USA. Narendra Modi a été reçu jeudi 22 juin à la Maison Blanche pour un dîner d’État avec Joe Biden, président américain. Il prendra aussi la parole devant le Congrès. L'objectif est de resserrer les liens entre les deux pays, et faire pièce à l’influence chinoise dans l’Asie-Pacifique.
N. Modi reçu dans le faste à Washington, des contrats stratégiques en vue

J. Biden s’apprête à déployer tous les fastes de la Maison Blanche pour la première visite d’État du Premier ministre indien, quitte à mettre en sourdine la question des droits humains et l’attitude de l’Inde face à la Russie. Le locataire de la Maison Blanche a reçu son invité à dîner avec son épouse Jill Biden mercredi, en prélude au programme officiel de jeudi, avec honneurs militaires, discours devant le Congrès américain et repas de gala.

« Cette relation bilatérale, qui sera selon nous l’une des plus importantes pour l’avenir du monde, a un potentiel énorme », a assuré mardi John Kirby, porte-parole de l’exécutif américain.  Seuls les chefs d’État, et non de gouvernement, ont en théorie droit à la pompe d’une « visite d’État ». J. Biden en avait organisé pour le Français Emmanuel Macron et pour le président de Corée du Sud Yoon Suk-yeol. Pour Narendra Modi, Premier ministre du pays le plus peuplé du monde, la Maison Blanche parle donc de « visite officielle d’État », intitulé inédit.

En 2020, un affrontement entre soldats indiens et chinois sur une frontière contestée près du Tibet fait des dizaines de morts. À la même époque, les États-Unis font passer la Chine du statut de « concurrent stratégique » à celui de rival, voire de menace. New Delhi renforce alors ses liens avec Washington et les autres membres du Quad (avec notamment le Japon et l’Australie) alliance régionale relancée par J. Biden pour faire pièce à Pékin. Depuis, la coopération entre Washington et New Delhi dans les domaines de la sécurité et de la défense a considérablement augmenté – partages de renseignements, exercices conjoints dans l’Himalaya, près de la frontière chinoise.

Washington veut renforcer ses liens commerciaux, technologiques et militaires avec l’Inde. Une annonce pourrait être faite à cette occasion autorisant le géant US Electrics à produire des réacteurs d’avions de chasse en Inde, alors que New Delhi veut mettre fin à sa dépendance avec Moscou sur le plan militaire. L’annonce la plus forte portera sur la fabrication future en Inde de moteurs F-414 pour avions de chasse par le conglomérat General Electric, a indiqué une haute responsable américaine lors d’un entretien avec des journalistes.
Cette même source, qui a requis l’anonymat, a estimé qu’il s’agissait d’une « initiative pionnière », synonyme d’importants transferts de technologie américaine.

General Electric a déjà signé un accord cadre avec la société Hindustan Aeronautics Limited, tandis que le Congrès US, s’agissant d’une transaction sensible, a été impliqué, a-t-elle précisé.
La même haute responsable, confirmant des informations qui circulent depuis un moment dans la presse, a indiqué par ailleurs que l’Inde « s’engageait à acquérir des drones » de combat US et a ajouté, sans donner de détails : « Nous en sommes absolument ravis. »

N. Modi pourra faire valoir qu’il renforce le tissu industriel indien grâce à l’annonce de General Electric, mais aussi grâce à l’initiative que va annoncer une autre grande entreprise américaine, cette fois dans le domaine des semi-conducteurs. Le groupe américain Micron, poids lourd de la fabrication de ces composants informatiques indispensables, va en effet, selon un autre haut responsable américain, annoncer un investissement de plus de 800 millions de dollars dans une usine en Inde. Le haut responsable a indiqué qu’il s’agissait pour les Etats-Unis et l’Inde de construire un « écosystème de semi-conducteurs qui permette de diversifier les chaînes d’approvisionnement », dont la pandémie de Covid-19 a montré à quel point elles pouvaient être fragiles.

Comme pour toute visite d’État, le but de J. Biden sera de gommer publiquement les divergences au profit de toasts chaleureux et de photographies flatteuses. Quitte à mettre en sourdine les préoccupations sur deux sujets : les droits humains et la relation entre l’Inde et la Russie. Des associations ont critiqué la réception fastueuse du Premier ministre nationaliste hindou, selon elles responsable de persécutions contre les musulmans du Cachemire et de pressions contre l’opposition politique ainsi que la presse.

La Maison Blanche affirme que l’objectif de cette visite d’État organisée en grande pompe n’est en tout cas pas d’envoyer un message à la Chine. Mais, Washington voit clairement New Delhi comme un allié potentiel pour contrebalancer l’influence de Pékin en Asie. En tout cas, J. Biden a choisi de taxer le Président chinois de « dictateur » à la veille de l’accueil de N. Modi.

J. Biden veut croire que les ambitions de la Chine, qui inquiètent New Delhi et que Washington se fait fort de contrer, vont convaincre l’Inde de se tourner davantage vers l’Amérique, à défaut de devenir un allié pur et dur au même titre que certains pays occidentaux. Serguei Lavrov, chef de la diplomatie russe, a récemment fait état d’activités de l’Occident pour semer la discorde au sein des BRICS, de l’Organisation du traité de sécurité collective et de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Il a estimé qu’elles sont « désespérées ». L’Inde fait partie des BRICS et de l’OCS.

Recommandé pour vous