«J’ai décidé de déclarer une Urgence de santé publique de portée internationale», a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’un point de presse, précisant que le risque dans le monde était relativement modéré à part l’Europe où il est élevé. Il a également précisé qu’à l’heure actuelle, «cette flambée est concentrée parmi les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, et en particulier ceux qui ont des partenaires multiples, ce qui veut dire qu’elle peut être stoppée avec les bonnes stratégies dans le bon groupe».
«Il est essentiel que tous les pays travaillent étroitement avec les communautés d’hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes» pour leur fournir assistance et informations, a insisté le patron de l’OMS. La qualification «d’urgence de santé publique de portée internationale» (USPPI), le plus haut niveau d’alerte de l’agence onusienne, que le Comité avait écarté lors de sa précédente réunion le 23 juin.
Depuis début mai, quand elle a été détectée en dehors des pays africains où elle est endémique, la maladie a frappé plus de 16 836 personnes dans 74 pays, selon le tableau de bord du Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) à la date du 22 juillet. Si les autorités sanitaires du Royaume-Uni, l’un des épicentres de la maladie, ont fait état d’une baisse du rythme de contagion, le nombre de cas augmente cependant rapidement dans le monde.
Dr Tedros a expliqué que le comité d’experts avait été divisé, neuf voix s’étant élevées contre une USPPI face à six voix en faveur d’une telle mesure. In fine, c’est lui qui a tranché.
« C’est un appel à l’action, mais ce n’est pas le premier», a souligné Mike Ryan, le responsable des situations d’urgence de l’OMS, qui dit espérer que cela va mener à une action collective contre la maladie. Le Comité d’urgence pour la variole du singe est composé de 16 personnes, dirigées par Dr Jean-Marie Okwo-Bele, ancien directeur des vaccins et de l’immunisation à l’OMS et qui est originaire de République démocratique du Congo, un des pays où la maladie est endémique.
L’OMS a eu recours à son plus haut niveau d’alerte à sept reprises depuis 2009, en comptant l’annonce du 23 juillet. Ce niveau d’alerte est défini par l’OMS comme un «évènement extraordinaire» dont la propagation constitue un «risque pour la santé publique dans d’autres Etats» et pouvant nécessiter «une action internationale coordonnée». Neuf étaient opposées et 6 en faveur de l’USPPI. Le patron de l’OMS avait décrété l’urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier 2020, à la suite de la troisième réunion du Comité d’urgence sur le Covid-19, sept semaines après la détection des premiers cas à Wuhan, en Chine. Malgré cette annonce, les gouvernements concernés tardent à réagir : ce n’est qu’après que le directeur de l’OMS a utilisé le mot «pandémie» pour décrire la situation, le 11 mars, que le recours au confinement se généralise dans le monde entier.