Rejetant à l’unanimité l’appel d’Israël contestant sa compétence, la CPI a déclaré qu’il existe des « motifs suffisants » de croire que B. Netanyahu et Y. Gallant « portent une responsabilité pénale pour le crime de guerre consistant à recourir à la famine comme stratégie de guerre ». Elle a indiqué qu’ils ont « intentionnellement et sciemment privé » la population civile de Gaza de ressources essentielles, notamment de nourriture, d’eau, de fournitures médicales et de carburant.
En outre, la Cour a délivré un mandat d’arrêt à l’encontre de Mohammad Deif, chef du Hamas, en citant des accusations de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre présumés.
La classe politique israélienne est presqu’unanime pour condamner la décision de la CPI. Ainsi, Benny Gantz, chef du « Camp d’État », elle relève « d’un aveuglement moral et une honte historique qui ne sera jamais oubliée ». Itamar Ben Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale, a qualifié la décision du tribunal de « honte sans précédent » qui « montre une fois de plus que tribunal est antisémite ». ce sinistre personnage a apporté son plein soutien à B. Netanyahu, estimant que la réponse aux mandats d’arrêt doit être « en appliquant la souveraineté à toutes les terres de Judée et Samarie (Cisjordanie), en élargissant les colonies, en rompant les relations avec l’Autorité palestinienne et en lui imposant des sanctions ».
Miri Regev, ministre israélienne des Transports, a qualifié les mandats d’arrêt d’« absurdité juridique ».
Naftali Bennett, ex-Premier ministre de l’occupation israélienne, a déclaré que ceux qui devraient avoir honte sont les membres du tribunal et non les dirigeants d’Israël.
Yaïr Lapid, chef de l’opposition israélienne, s’est relativement démarqué de ces positions en qualifiant les mandat d’arrêt d’« échec politique ». « Nous sommes allés dans cette guerre avec le monde entier avec nous, mais maintenant la situation est différente à cause de la politique du gouvernement », a-t-il dit.
Les États-Unis, principaux soutiens de l’entité sioniste, ont annoncé vouloir imposer des sanctions financières à tout membre du personnel de la CPI impliqué dans des poursuites ou la détention d’alliés des États-Unis.
Le sénateur John Thune, en passe de devenir chef de la majorité au Sénat, a laissé entendre dimanche que « si la CPI et son procureur ne reviennent pas sur leurs actions scandaleuses et illégales visant à délivrer des mandats d’arrêt contre des responsables israéliens, le Sénat devrait immédiatement adopter une législation sur les sanctions, comme l’a déjà fait la Chambre des représentants sur une base bipartite », a-t-il posté sur X.
En juin, la Chambre des représentants des États-Unis avait adopté un projet de loi qui, s’il est mis en œuvre, révoquerait les visas américains des fonctionnaires de la CPI, restreindrait leur entrée aux États-Unis et imposerait des sanctions financières à tout membre du personnel de la CPI impliqué dans des poursuites ou la détention d’alliés des États-Unis. À l’époque, le président américain sortant, Joe Biden, avait exprimé sa vive opposition à la législation, qui a été adoptée à une majorité de 247 voix contre 155, avec le soutien de 42 Démocrates.
Josep Borrell, commissaire européen à la politique étrangère et de la sécurité, a déclaré jeudi que la décision de la CPI d’arrêter B. Netanyahu et Y. Galant était contraignante. « La décision doit être respectée et appliquée par tous les pays et les partenaires de la Cour », a ajouté J. Borrell ,lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, à Amman, la capitale jordanienne.
Petra de Soter, vice-première ministre belge, a déclaré que l’Union européenne devait se conformer aux deux mandats d’arrêt. Dans une publication sur les réseaux sociaux, elle a ajouté que « l’Europe devrait se conformer à (la résolution), imposer des sanctions économiques, suspendre l’accord de partenariat avec Israël et soutenir les deux mandats d’arrêt ». Elle a souligné que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ne pouvaient pas rester impunis.
Le ministère des Affaires étrangères néerlandais a annoncé que le pays « est prêt à agir » sur les mandats d’arrêt émis par la CPI. « Si le dirigeant israélien vient sur le sol néerlandais, il sera arrêté », a déclaré jeudi à la Chambre des représentants Caspar Veldkamp, ministre des Affaires étrangères néerlandais. « Les Pays-Bas appliquent le Statut de Rome à 100 % ».
Francesca Albanese, rapporteuse spéciale pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens des Nations Unies, a appelé à s’efforcer pour soutenir cette résolution. Lors d’une publication sur son compte X jeudi, elle a déclaré : « Alors que la communauté internationale se prépare pour les réactions prévues, nous devons travailler afin de réserver la punition pour réaliser la justice ».
A signaler que les autorités australiennes ont refusé à Ayelet Shaked, ex-ministre israélienne, un visa pour participer à une conférence par crainte qu’elle « incite à la discorde » parmi les Australiens.
L’ancienne ministre de droite s’est vu interdire l’entrée dans le pays en vertu de la loi australienne sur les migrations, qui permet de refuser un visa si le demandeur est susceptible de « vilipender les Australiens » ou « d’inciter à la discorde » dans la communauté locale, a rapporté le journal The Australian, cité par le quotidien israélien Haaretz. La loi australienne interdit l’entrée à toute personne « qui dénigre une partie de la société australienne ou qui incite à la sédition ».
A.Shaked, ministre de l’Intérieur de 2021 à 2022 et en charge de la Justice de 2015 à 2019, est connue pour son soutien aux colonies illégales en Cisjordanie occupée. L’ancienne membre du parti Nouvelle droite à la Knesset devait participer à une conférence sur la sécurité, organisée par le Conseil des affaires australiennes/israéliennes et juives et Strategic Analysis Australia, pour discuter des questions de défense et de sécurité.
Le ministère australien, citant la loi sur les migrations, a déclaré que cette décision ne peut faire l’objet d’un appel en vertu de la loi australienne. A. Shaked qui avait déjà obtenu un visa en 2023 afin d’assister à un événement israélien en Nouvelle-Galles du Sud a fustigé le gouvernement comme étant « anti-israélien et extrêmement propalestinien », déclarant à la chaîne israélienne Channel 12 que « pour des raisons politiques et parce que je m’oppose à un État palestinien, [le gouvernement] m’a interdit de m’engager dans un dialogue stratégique entre Israël et l’Australie. Ce sont des jours sombres pour la démocratie australienne – ce gouvernement a choisi le mauvais côté de l’histoire. »
La semaine dernière, rapporte le Haaretz, le représentant de l’Australie aux Nations Unies a changé de position par rapport à la position précédente de son pays sur la Palestine en votant en faveur d’un projet de résolution soutenant la souveraineté palestinienne sur ses ressources naturelles et d’un second exigeant une compensation d’Israël pour une marée noire provoquée par ce pays au Liban pendant la deuxième guerre du Liban. L’Australie s’était auparavant abstenue ou avait voté contre la première résolution et s’était opposée à la seconde, selon le journal israélien.
En juillet, l’Australie a imposé des sanctions à sept Israéliens pour leur implication dans des violences contre des Palestiniens de Cisjordanie. Un mois auparavant, le ministre des Affaires étrangères du pays avait évoqué une possible reconnaissance d’un État palestinien, déclarant : « Reconnaître un État palestinien – un État qui ne peut exister qu’aux côtés d’un Israël sûr – n’offre pas seulement au peuple palestinien une opportunité de réaliser ses aspirations, cela renforce également les forces de paix et sape l’extrémisme. Cela sape le Hamas, l’Iran et les autres mandataires destructeurs de l’Iran dans la région.