L’opération, qui visait à traquer les groupes armés terroristes (GAT) qui sévissent dans cette zone, a permis le démantèlement de plusieurs bases terroristes, la destruction de picks-up et de motos et la récupération de plusieurs autres matériels de combat, rapporte un communiqué publié par les Forces armées maliennes (FAMa) jeudi 26 décembre. Le soutien des vecteurs aériens a joué un rôle déterminant dans cette mission, relève le communiqué, soulignant que l’objectif principal de l’opération était de « désorganiser voire anéantir drastiquement la capacité de nuisance des groupes armés terroristes se trouvant dans la zone des trois frontières ».
Durant huit jours, les forces armées des trois États sahéliens « ont passé en revue tous les villages et hameaux de la localité de Tessit, notamment In-Amassor, Haram, Argou, Karou-Gourma, Bitam, Hourara, Serekewillé, Tadjalat et Tabakat », précisent les FAMa.
Qualifiée de « franc succès », cette opération intervient alors que, depuis la création de l’AES actée le 6 juillet dernier, les autorités militaires des trois pays ont ouvertement exprimé leur volonté à mutualiser les efforts dans la lutte contre le terrorisme dans leur espace commun afin de permettre la libre circulation des personnes et de leurs biens. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont confrontés à une montée des groupes terroristes et des mouvements rebelles, depuis les coups d’État souverainistes effectués dans ces trois pays respectivement en mai 2021, en septembre 2022 et en juillet 2023. Les trois chefs d’État des trois nations du Sahel accusent régulièrement la France et les pays voisins de la Cédéao de vouloir déstabiliser la région et de financer les groupes terroristes et séparatistes.
Bamako, Ouagadougou et Niamey avaient décidé de se retirer de la Cédéao le 28 janvier 2024, actant six mois plus tard la création de l’AES. Les trois pays sahéliens avaient alors justifié leur retrait de la Cédéao par l’ingérence de puissances étrangères, la non-assistance dans la lutte contre le terrorisme ainsi que les sanctions de cette organisation dont ils étaient membres.
Retrait français du Tchad
Dans le sillage du départ des contingents français dans les pays sahéliens, la base militaire française de Faya-Largeau a été officiellement rétrocédée, jeudi, à l’armée tchadienne, selon un communiqué de l’état-major des armées tchadiennes. Cette décision intervient un mois après l’annonce surprise de N’Djamena de mettre fin aux accords de défense signés avec Paris en 1960. Lors de la cérémonie officielle à Faya, des avions de transport de l’armée de l’air française ont décollé avec plus de 70 tonnes de matériel, selon un rapport des forces tchadiennes publié le même jour.
Une source locale à Faya a précisé que des soldats français avaient quitté la base par la route pour rejoindre la capitale, située à 780 kilomètres au sud. Un calendrier de retrait respecté L’état-major français a confirmé que ce transfert s’inscrivait dans un calendrier convenu avec le partenaire tchadien. « La rétrocession est conforme au calendrier établi et suit le déroulé normal du plan », a déclaré un responsable militaire français, cité par le média français Le Journal. Le retrait inclut également le rapatriement des véhicules militaires, qui seront expédiés via le port camerounais de Douala d’ici janvier. Les opérations maritimes devraient prendre environ trois semaines, selon un communiqué des autorités françaises également relayé par l’armée tchadienne.
Le Tchad était le dernier point d’ancrage des forces françaises dans le Sahel après les retraits successifs du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Ce désengagement marque une rupture définitive entre Paris et N’Djamena, dans un contexte de tensions croissantes entre la France et ses anciennes colonies africaines. « Le gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », avait déclaré fin novembre. Abderaman Koulamallah, ministre des Affaires étrangères tchadien sur la page Facebook du ministère. Depuis l’indépendance du Tchad en 1960, les troupes françaises ont été présentes sans discontinuer dans le pays. Cependant, la dynamique a changé avec l’arrivée au pouvoir du général Mahamat Idriss Deby Itno.
Le retrait français s’inscrit également dans une réorientation stratégique des pays du Sahel, qui se tournent de plus en plus vers de nouveaux partenariats dans le domaine militaire et économique. L’état-major tchadien a annoncé que les prochaines étapes du retrait, notamment pour les bases d’Abéché et de N’Djamena, seraient communiquées ultérieurement. Selon les médias tchadiens, le transfert complet des installations militaires françaises pourrait être achevé début 2025.