« Le problème auquel l’Ukraine est confrontée n’est pas qu’elle manque d’argent, mais qu’elle manque d’Ukrainiens », a déclaré M. Rubio, nouveau secrétaire d’État américain désigné par Donald Trump, lors de son audition au Sénat le 15 janvier. Selon le diplomate, les deux parties au conflit en Ukraine devront faire des concessions afin d’instaurer un cessez-le-feu. Au cours de son discours, le futur chef de la diplomatie US a également indiqué que le plan de résolution du conflit « ne sera pas facile ». Selon M. Rubio, l’Ukraine mettra des décennies à se reconstruire. « Des millions d’Ukrainiens ne vivent plus en Ukraine. <…> Au moment même où je vous parle, la destruction de leurs infrastructures, y compris de leurs infrastructures énergétiques, se poursuit. Et il faudra des milliards de dollars pour y remédier », a déclaré le prochain chef de la diplomatie outre-Atlantique. Ce dernier a souligné aussi que l’administration Biden n’avait jamais dit comment elle voyait la fin du conflit ni « où allait notre argent ».
Volodymyr Zelensky a admis le 16 janvier que la reconstitution des pertes au sein des forces ukrainiennes constituait un problème sérieux. « Il ne fait aucun doute que nous avons des pertes. Il est certain que lorsqu’il y a des blessés et des morts nous devons former des gens et reconstituer [les troupes]. C’est un défi, c’est compréhensible », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec des médias polonais. Dans le même temps, le dirigeant ukrainien a souligné que certaines unités manquaient de matériel. « Ce n’est pas seulement une question d’effectifs. <…> Il y a des brigades qui sont équipées à 60-70 % en armement, quelque chose est en route, quelque chose est à venir, et quelque chose n’arrive pas du tout », a-t-il déclaré.
Opendatabot, site web ukrainien qui surveille les registres de l’État, a publié le 15 janvier des données selon lesquelles « 443 000 personnes ont quitté l’Ukraine et ne sont pas revenues dans le pays au cours de l’année 2024 ». « C’est 3,3 fois plus qu’en 2023 », a indiqué le site web. Un départ particulièrement important de citoyens a été observé en juin dernier, peu après l’adoption de la loi sur le renforcement de la mobilisation. Citant des données du Service national des frontières, Opendatabot précise que durant les presque 3 années du conflit militaire en Ukraine « un total d’environ 3 millions de citoyens » ont quitté le pays sans y revenir, soit le même nombre que ceux qui sont partis et ne sont pas revenus entre 2011 et 2022. À noter que ce chiffre ne prend en compte que les données relatives aux personnes qui ont franchi la frontière légalement. Sur le terrain, le ministère russe de la Défense a rapporté que les troupes russes avaient libéré 63,2 % du territoire occupé par les forces ukrainiennes dans la région de Koursk. « L’offensive des troupes russes se poursuit dans toutes les directions. L’ennemi subit des pertes significatives malgré le transfert de réserves supplémentaires », selon le communiqué.
Un rapport déclassifié de l’administration Biden, révélé par le New York Times le 17 janvier 2025, met en lumière des investissements massifs des États-Unis dans l’industrie ukrainienne des drones. Ces efforts, tenus secrets jusqu’à présent, auraient permis à Kiev de développer une nouvelle génération de drones. Depuis l’automne 2022, les États-Unis auraient apporté un soutien stratégique à l’Ukraine pour développer son industrie des drones, une initiative jusqu’ici tenue secrète. Selon le New York Times, citant des documents déclassifiés et des responsables américains anonymes, Washington a investi des ressources importantes, notamment une tranche de 1,5 milliard de dollars allouée en septembre 2024, pour stimuler la production de drones en Ukraine.
Outre le financement, les États-Unis ont également envoyé des officiers de renseignement sur place pour aider Kiev à mettre en place un programme avancé de production de drones.
Selon Jake Sullivan, cité par le quotidien US, ces initiatives ont permis de tirer des « leçons inestimables » applicables à l’industrie de la défense américaine. Il a souligné que les drones joueraient un rôle crucial dans les guerres futures et a affirmé que ce soutien avait eu un « impact stratégique réel » sur la guerre en Ukraine. L’effort américain a pris de l’ampleur après l’échec des contre-offensives ukrainiennes en 2022 et 2023, lorsque les limites des capacités conventionnelles de l’armée ukrainienne sont devenues évidentes. Ces revers ont poussé Washington à renforcer son assistance technique et financière, ainsi qu’à établir des connexions entre les entreprises technologiques américaines et les fabricants ukrainiens de drones. Selon le journal, 800 millions de dollars avaient déjà été affectés à ce programme avant la tranche de 1,5 milliard annoncée en septembre dernier.
Dans un communiqué publié par le New York Times, William Burns, directeur de la CIA, a également évoqué le rôle clé des drones dans le conflit. Il a déclaré que l’échange de renseignements entre les États-Unis et l’Ukraine avait soutenu les systèmes de drones « qui se sont révélés très efficaces ». Par ailleurs, W. Burns a indirectement reconnu l’implication de son agence dans le programme. Les résultats de cette assistance US se sont manifestés, selon les responsables américains, par une augmentation significative des capacités de l’Ukraine à contrer les forces russes. Cependant, le New York Times met également en lumière les lacunes de cette stratégie. Lors de la contre-offensive de 2023, les drones russes ont neutralisé une partie des chars et véhicules blindés fournis à Kiev par l’Occident, soulignant les limites des innovations ukrainiennes face aux avancées russes en matière de drones.
Du côté russe, Moscou a vivement critiqué ces révélations. Selon des déclarations rapportées par RIA Novosti, les autorités russes considèrent les instructeurs et agents occidentaux présents en Ukraine comme des cibles légitimes. Les responsables russes ont également affirmé que ce type d’assistance ne ferait que prolonger le conflit sans changer son issue. Pour l’instant, l’administration Biden se défend en affirmant que son soutien a permis d’innover dans les capacités militaires de Kiev et de poser les bases d’une industrie de défense modernisée. Selon les responsables cités par le New York Times, cet investissement aurait non seulement bénéficié à l’Ukraine, mais également renforcé le complexe militaro-industriel des États-Unis, un point également mentionné par des experts dans un article du Financial Times.