Au moins 24 Palestiniens ont été tués dans les attaques israéliennes contre la Bande de Gaza, au cours des dernières 24 heures, portant le bilan des victimes depuis l’année dernière à 43 736 martyrs, a annoncé le ministère de la Santé de l’enclave, jeudi. Et d’ajouter que quelque 103 370 autres personnes ont été blessées dans les attaques en cours. « L’occupation israélienne a commis trois massacres de familles au cours des dernières 24 heures, faisant 24 morts et 112 blessés », a déclaré le ministère. Qui précise que « de nombreuses personnes sont toujours piégées sous les décombres et sur les routes, les équipes de secours étant dans l’impossibilité de les atteindre ». depuis l’enclave, on assure que 5 martyrs ont succombé au violent bombardement israélien contre le camp d’Al-Maghazi et la zone d’Al-Mawasi. Au moins 20 nouveaux martyrs ont été comptabilisés dans les raids israéliens meurtriers sur la bande de Gaza depuis ce matin.
Dans la journée de jeudi, Human Rights Watch (HRW) a estimé dans un rapport que les ordres d’évacuation à répétition de l’armée israélienne dans la bande de Gaza mènent à des déplacements forcés de population, ce qui relève du « crime de guerre ». L’ONG évoque également un « nettoyage ethnique », en se basant sur un ensemble de témoignages de gazaouis, d’images satellites et de données publiques. « Human Rights Watch a rassemblé des preuves selon lesquelles des responsables israéliens […] commettent le crime de guerre de transfert forcé » de civils, indique le rapport publié ce jeudi. Selon HRW, les « actions d’Israël semblent également correspondre à la définition du nettoyage ethnique », dans les zones où l’armée a sommé les Palestiniens de partir et où ils ne pourront pas revenir.
De leur côté, les autorités israéliennes affirment appeler les habitants de pans entiers du territoire à évacuer en raison d’impératifs militaires et disent ainsi participer à la protection des civils.
« Israël devrait démontrer dans chaque cas que le déplacement de civils est la seule option possible pour se conformer au droit international humanitaire, note Nadia Hardman, chercheuse à HRW. Israël ne peut pas simplement s’appuyer sur la présence de groupes armés pour justifier le déplacement de civils », poursuit-elle. « Bien sûr, l’armée israélienne prétend qu’elle évacue tous ces gens pour leur bien et pour leur sécurité, et qu’elle le fait d’une manière légale et avec des justifications juridiquement acceptables, rappelle Ahmed Benchemsi, porte-parole de HRW pour le Moyen-Orient. Sauf qu’Israël a fait quatre choses. Premièrement, Israël a mis en place un système d’évacuation des civils incohérent […]. Deuxièmement, Israël a dit aux civils déplacés d’emprunter des voies d’évacuation soi-disant sûres pour se rendre dans des zones soi-disant sûres. Et puis, ils ont bombardé les deux. Troisièmement, Israël non seulement n’a pas fourni de nourriture, d’eau et d’abris aux civils palestiniens déplacés, mais Israël a même bloqué les aides humanitaires et a instrumentalisé la famine comme arme de guerre. Et enfin quatre, Israël a systématiquement détruit des parties de Gaza pour les rendre inhabitables dans le cadre d’une politique délibérée visant à empêcher le retour des Palestiniens. »
Autant d’entorses au droit de la guerre qui, assure HRW, sont constitutifs du « nettoyage ethnique en cours »
En octobre, l’ONU a chiffré à 1,9 million les Gazaouis déplacés par la guerre. La population totale était estimé à quelque 2,4 millions d’habitants au début de la guerre. Selon HRW, les autorités israéliennes orchestrent les déplacements et s’assurent que certaines zones touchées « restent en permanence vidées ».
Dans son rapport, l’ONG insiste sur deux zones que les Israéliens appellent les corridors de Neztarim et Philadelphie. Elles ont été, selon HRW, « rasées, étendues et nettoyées » par l’armée pour créer des zones tampons pour raisons sécuritaires. La première, qui coupe la bande de Gaza d’est en ouest, s’étend désormais entre la ville de Gaza et le Wadi Gaza sur 4 km de large, selon le rapport. Presque tout le bâti a été démoli, a précisé N. Hardman lors d’une présentation à la presse. La seconde longe la frontière entre Gaza et l’Égypte, et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a martelé que l’armée doit continuer à la contrôler.
Les accusations de l’ONG sont lourdes, mais complètement assumées. « Un point clé de notre nouveau rapport est de rappeler au public que crime contre l’humanité, ce n’est pas juste une expression qu’on jette comme ça sous le coup de l’émotion, appuie son porte-parole C’est une appellation juridique […]. Autrement dit, avant de qualifier des actes militaires de crime contre l’humanité, il faut faire des enquêtes et une analyse juridique pointue. Il se trouve que tout ça, nous l’avons fait. […] Notre enquête dément les justifications israéliennes point par point et conclut au crime contre l’humanité. »
Le rapport s’appuie sur des entretiens avec des Gazaouis, des images-satellite et des données publiques, le tout rassemblé jusqu’à août 2024. Il ne tient donc même pas compte de l’offensive israélienne en cours dans le nord de la bande de Gaza depuis plus d’un mois, qui a forcé au moins 100 000 personnes à quitter les localités les plus au Nord pour la ville de Gaza et ses environs, selon Louise Wateridge, porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
Un témoignage déchirant !
Un chirurgien britannique à la retraite, récemment revenu d’un hôpital de Gaza, a décrit des scènes déchirantes avec des enfants en sang, affirmant que le régime israélien ciblait délibérément les Palestiniens. Lors d’un témoignage poignant devant des députés britanniques, mardi 12 novembre, Dr Nizam Mamode a raconté comment il avait dû faire face à un afflux quotidien de victimes de bombardements et de fusillades pendant qu’il travaillait bénévolement à l’hôpital Nasser dans le territoire palestinien assiégé.
Le chirurgien de 62 ans, qui s’est effondré à trois reprises au cours de ses témoignages, a indiqué que lui et d’autres collègues expérimentés n’avaient jamais rien vu d’aussi grande ampleur. « Des drones descendraient et tueraient des civils et des enfants. »
Selon ses déclarations, au moins une ou deux fois par jour, il y avait des « incidents faisant de nombreuses victimes », ce qui signifie que 10 à 20 personnes ont été tuées et jusqu’à 40 autres grièvement blessées. « Il ne s’agit pas des frappes occasionnelles. On opérait jour après jour des enfants qui disaient : J’étais allongé par terre alors qu’une bombe est tombée, et ce quadricoptère est descendu, a plané au-dessus de moi et m’a tiré dessus ». Le médecin estime qu’au moins 60 % des personnes hospitalisées à ces moments-là étaient des femmes et des enfants. Il a fourni des récits détaillés de ses patients, notamment d’une fillette de 8 ans qui s’est vidée de son sang pendant une opération un samedi soir. « J’ai demandé un prélèvement et ils m’ont dit : Plus de prélèvements », a-t-il déclaré, laissant entendre que l’enfant a succombé à ses blessures avant même qu’elle ne reçoive des traitements.
Selon l’Observatoire Euro-Med des Droits de l’Homme, les militaires israéliens tuent des enfants palestiniens à un rythme sans précédent dans l’histoire des guerres modernes, soulignant que le régime de Tel-Aviv a tué plus de 17 000 enfants depuis le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023.
Ces derniers mois, plusieurs chirurgiens bénévoles exerçant aux hôpitaux de la bande de Gaza ont affirmé avoir été hantés par les scènes atroces dont ils ont été témoins dans ce territoire palestinien assiégé.
Ailleurs dans ses propos, le médecin a noté que les militaires israéliens attaquaient fréquemment les convois humanitaires pour décourager les travailleurs humanitaires de se rendre dans le territoire assiégé. Il a attribué le même objectif aux attaques israéliennes contre des convois de l’ONU, dont une alors qu’il se trouvait à Gaza.
En outre, il a déclaré qu’il était obligé de passer tout le mois à l’hôpital en partie parce qu’il n’était pas sûr de se déplacer et qu’il avait dû choisir entre dormir dans une chambre chaude à l’intérieur de l’hôpital ou à l’extérieur dans les escaliers où il faisait plus frais, mais où les drones pourraient le repérer. « Ma plus grande peur pendant que j’étais là-bas était d’être tué par les Israéliens », explique Dr N.Mamode. « Toutes ces maisons d’hôtes sont enregistrées dans les ordinateurs de l’armée israélienne et sont désignées comme des maisons sûres, donc je suppose qu’il s’agit d’une attaque délibérée et que le but derrière est de décourager les travailleurs humanitaires d’y venir », a-t-il encore souligné.