Keir Starmer a déclaré lundi devant la Chambre des communes que le Royaume-Uni était prêt à envoyer des troupes en Ukraine et à déployer des avions de combat pour sécuriser son espace aérien. « Le Royaume-Uni jouera un rôle de premier plan si nécessaire », a-t-il affirmé. Londres s’engage également à fournir 5 000 missiles à Kiev, pour un montant de 1,6 milliard de livres sterling, financé par les dépenses publiques.
Cette annonce confirme l’implication britannique progressive dans le conflit, avec un soutien militaire de plus en plus direct. K. Starmer a souligné que cette aide visait à « garantir la paix », bien que la livraison massive d’armes et l’envoi potentiel de troupes risquent d’aggraver la situation.
Moscou a déjà dénoncé ces initiatives comme une provocation supplémentaire, accusant Londres d’alimenter les hostilités au lieu de favoriser une solution diplomatique.
Si Londres affiche une posture offensive, K. Starmer a reconnu que ces actions ne pouvaient aboutir sans un soutien fort des États-Unis. Lors du sommet du 2 mars à Londres, il a insisté sur le rôle de l’Europe dans la sécurité de l’Ukraine, tout en admettant que l’implication US restait essentielle. Cependant, les relations entre l’Ukraine et Washington sont fragilisées par une altercation survenue à la Maison Blanche le 28 février entre V. Zelensky et D. Trump.
Selon The Times, des responsables britanniques pressent V. Zelensky de « respecter les règles » et de faire preuve de plus de considération envers le président américain. Le vice-président américain J.D. Vance a même critiqué le manque de reconnaissance du président ukrainien pour l’aide apportée par Washington.
Face à ces tensions, K. Starmer a tenté d’apporter son soutien à V. Zelensky, tout en cherchant une position plus équilibrée avec les États-Unis. Il travaillerait avec Emmanuel Macron sur un plan de cessez-le-feu à soumettre à Washington, bien que les résultats de ces discussions restent incertains. Peter Mandelson, ambassadeur du Royaume-Uni aux États-Unis, a proposé une approche plus radicale, suggérant que l’Ukraine prenne l’initiative d’un cessez-le-feu unilatéral. Dans une interview à ABC le 2 mars, il a déclaré : « Nous avons besoin d’une réinitialisation radicale. L’Ukraine devrait être la première à s’engager en faveur d’un cessez-le-feu et à défier les Russes de l’imiter ». Cette approche, qui vise à pousser l’Ukraine vers la voie diplomatique, a cependant peu de chances d’être suivie par Kiev. Selon les médias occidentaux, mis sous pression par ses alliés, V. Zelensky, semble déterminé à poursuivre le conflit en misant sur un soutien occidental renforcé, malgré les divisions qui émergent au sein du bloc pro-ukrainien.
L’Iralande suit
Sur ces entrefaits, le gouvernement irlandais affiche son intention de modifier ses règles relatives à l’envoi de troupes de maintien de la paix à l’étranger afin de contourner le processus d’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU, a rapporté Simon Harris, le 2 mars le vice-ministre irlandais des Affaires étrangères et de la Défense, à la radio RTE. « On ne peut pas laisser s’installer une situation dans laquelle un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie ou qui que ce soit d’autre, peut opposer son veto à cette décision », a-t-il souligné.
Le responsable irlandais a indiqué que cela permettrait au Cabinet et au Parlement de décider seuls des missions de maintien de la paix, c’est-à-dire sans l’intervention des organisations internationales. « Nous ne rejoignons aucune alliance militaire. Mais cela implique vraiment que nous ayons la possibilité de travailler, surtout avec d’autres pays européens, à des missions de maintien de la paix », a noté S. Harris.
Avec l’adoption de ce projet de loi, qui modifie un mécanisme en trois étapes pour l’envoi de forces de maintien de la paix irlandaises à l’étranger, nécessitant une résolution des Nations Unies, la signature du gouvernement et l’approbation du Parlement, l’Irlande pourrait participer à des missions de maintien de la paix autorisées par l’Union européenne. En outre, S. Harris a également déclaré qu’il proposerait de fournir une aide financière de 100 millions d’euros pour un soutien militaire non létal à l’Ukraine.
L’Irlande conserve une neutralité militaire depuis la formation de son État il y a plus d’un siècle. L’engagement en faveur de l’idéal de la paix et de la coopération amicale entre les nations est ancré dans la psyché nationale. Néanmoins, ces dernières semaines, l’Irlande s’est de plus en plus éloignée de sa neutralité. Ainsi, le 26 février, Pascal Donohoe, ministre irlandais des Finances, a déclaré à Bloomberg que les autorités irlandaises prévoyaient d’augmenter les investissements dans le secteur de la défense au cours des prochaines années, en dépit de leur position de neutralité. Début février, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a indiqué lors d’une conférence de presse en Lituanie qu’il était temps que l’UE prenne en main sa sécurité et sa défense. Selon elle, malgré la présence de l’OTAN, l’Europe a besoin de sa propre défense.