Alors que des sanctions sur l’énergie russe en représailles à l’offensive en Ukraine sont discutées par les Etats-Unis et l’Union européenne (UE), «l’approvisionnement de l’Europe en énergie pour la production de chaleur, la mobilité, l’électricité et l’industrie ne peut pas être assuré autrement pour le moment», selon une déclaration écrite du chancelier.
Les propos du dirigeant allemand s’inscrivent dans un contexte marqué par la crainte d’un embargo occidental sur les hydrocarbures russes. Une éventualité qui a de nouveau fait flamber les prix de l’or noir le 7 mars.
C’est «délibérément», rappelle O. Scholz, que l’Europe a exclu les livraisons d’énergie de la Russie des premières salves de sanctions contre Moscou car la mesure déstabiliserait les marchés et aurait un trop fort impact sur les économies européennes. L’Allemagne fait partie des pays de l’UE particulièrement dépendants des importations de gaz, pétrole et charbon russes et le gouvernement «travaille d’arrache-pied avec ses partenaires au sein de l’Union européenne, et au-delà, pour développer des alternatives à l’énergie russe», observe le chancelier. «Mais cela ne peut pas se faire du jour au lendemain», souligne-t-il.
L’UE importe 40% de son gaz de Russie et de nombreux pays ne sont pas favorables à un embargo, dont l’intérêt serait de priver Moscou de revenus essentiels – à supposer que ces derniers ne soient pas compensés par la Chine, grande consommatrice d’énergie.
Plusieurs ministres du gouvernement allemand s’étaient déjà prononcés contre des mesures visant le gaz russe. «Il faut pouvoir tenir [les sanctions] sur la durée», avait expliqué dimanche Annalena Baerbock, chef de la diplomatie allemande, à la chaîne ARD. «Ça ne sert à rien si dans trois semaines on découvre que nous n’avons plus que quelques jours d’électricité en Allemagne et qu’il faut donc revenir sur ces sanctions», avait-elle relevé.
Selon un sondage publié le 7 mars par le quotidien Handelsblatt, la majorité des Allemands soutiennent cependant cette sanction drastique : 54% des personnes interrogées s’y déclarent favorables, d’après ce sondage de l’institut Yougov, avec 30% «tout à fait» favorables et 24% «plutôt» favorables.
Veronika Grimm, économiste réputée, a estimé dans le quotidien Bild qu’un arrêt des importations de gaz russe «serait un défi, mais pas une catastrophe». Les réservoirs de gaz sont actuellement remplis à près de 30%, a-t-elle rappelé. «C’est suffisant pour les mois à venir. Mais pour l’hiver prochain, nous devrions prendre des dispositions immédiates, ce qui pourrait être organisé», selon l’économiste.
La Russie a mis en garde contre les « conséquences catastrophiques » pour le marché mondial que pourrait engendrer la mise en place d’un embargo occidental sur le pétrole russe. « Il est tout à fait évident que le refus d’acheter le pétrole russe va aboutir à des conséquences catastrophiques pour le marché mondial, a déclaré Alexandre Novak, vice-Premier ministre russe, chargé de l’Énergie, cité par les agences de presse de son pays. La flambée des prix risque d’être imprévisible et d’atteindre plus de 300 dollars pour un baril ».
A signaler aussi que le président des Etats-Unis « n’a pas pris de décision à ce stade » sur un éventuel embargo sur le gaz et le pétrole russes, a de son côté déclaré Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche. Elle a indiqué que le sujet avait été abordé lundi lors d’une conversation du président américain avec les dirigeants allemand, français et britannique, en soulignant : « Nous avons des capacités et des possibilités différentes. »
Joe Biden, Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Boris Johnson sont « déterminés à continuer d’augmenter le coût » infligé à la Russie en réponse à l’invasion de l’Ukraine, selon un communiqué publié lundi par la Maison Blanche après une vidéoconférence entre les quatre hommes. Le front très uni jusqu’ici des Occidentaux en matière de sanctions économiques semble toutefois se fissurer lundi sur la question d’un embargo sur les ventes de gaz et de pétrole russe, une option que rejette l’Allemagne en particulier. O. Scholz a ainsi affirmé que les importations d’énergie fossile en provenance de Russie étaient « essentielles » pour la « vie quotidienne des citoyens » en Europe, et a assuré que l’approvisionnement du continent ne pouvait être assuré autrement à ce stade.
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