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Livraison d’armes à Israël : L’Occident divisé…

La pression s’est accrue mercredi sur le gouvernement britannique pour qu’il réexamine les ventes d’armes à Israël après la mort à Gaza de sept travailleurs humanitaires, dont trois Britanniques, qui a provoqué la colère de Londres.
Livraison d’armes à Israël : L’Occident divisé…

Les partis d’opposition SNP (indépendantistes écossais) et Lib-Dem (centristes), ainsi que plusieurs députés du parti conservateur au pouvoir, ont réclamé une suspension immédiate de ces exportations après la frappe non intentionnelle de lundi à Deir al-Balah, qui a tué sept membres de l’ONG World Central Kitchen, basée aux États-Unis. Parmi eux figuraient les Britanniques John Chapman, 57 ans, James Henderson, 33 ans, et James Kirby, 47 ans. « Penser que des armes britanniques puissent servir pour des frappes comme celles-là est complètement inacceptable », a tempêté le leader libéral-démocrate, Ed Davey.

Selon les règles en vigueur, le Royaume-Uni ne doit pas exporter d’armes lorsqu’il y a un risque clair qu’elles puissent être utilisées en violation du droit international. En tout cas, un rapport d’organisations humanitaires établissait en janvier déjà un constat sans équivoque : une grande partie des armes utilisées par Israël à Gaza dans sa guerre contre le Hamas contiennent des pièces venues du Royaume-Uni.

Le Parti travailliste, favori pour les prochaines législatives, a réitéré son appel au gouvernement à publier son évaluation légale sur de possibles violations du droit international à Gaza. Si elle « conclut à un risque manifeste que les armes britanniques soient utilisées dans le cadre d’une violation grave du droit humanitaire international, il est temps de suspendre leur vente », a estimé David Lammy, responsable des questions internationales au Labour.

Rishi Sunak, Premier ministre, a assuré auprès du quotidien The Sun que ces exportations suivaient « un processus très prudent » avec « une série de règles et procédures que (le pays comptait) toujours respecter ». Il a réclamé mardi soir à son homologue israélien une enquête indépendante et déploré la mort d’humanitaires et civils à Gaza. « La situation devient de plus en plus intolérable », a-t-il averti, selon ses services.

Sur la BBC, Peter Ricketts, conseiller à la sécurité nationale de 2010 à 2012, a estimé qu’il existait désormais « des preuves abondantes » qu’Israël ne protégeait pas assez les civils. Une suspension des exportations d’armements, selon lui, « ne changerait pas le cours de la guerre mais enverrait un message politique puissant ».

L’association Campaign against arms trade (CAAT) a accusé le gouvernement d’être « complice » de la mort des humanitaires, affirmant que les drones Hermes utilisées par Israël étaient équipés de moteurs assemblés au Royaume-Uni. L’organisation estime que le pays a fourni pour plus de 500 millions d’euros d’armements à Israël depuis 2015, sans compter certains contrats comme ceux portant sur les composants britanniques des avions américains F16.

Cette levée de boucliers se déroule alors que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU va examiner vendredi un projet de résolution appelant à un embargo sur les armes pour Israël, évoquant « le risque plausible d’un génocide à Gaza ». Le texte condamne « le recours par Israël à des armes explosives à large rayon d’action » dans des zones peuplées de la bande de Gaza, et demande à Israël de « respecter sa responsabilité légale de prévenir un génocide ».

Si le projet de résolution est adopté, il s’agira de la première prise de position de l’organe des Nations unies pour les droits de l’Homme dans le conflit à Gaza. Le texte a été présenté par le Pakistan, au nom de 55 des 56 pays membres de l’ONU faisant partie de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), l’exception étant l’Albanie. Il est également soutenu par la Bolivie, Cuba, outre l’Autorité palestinienne (AP). Mais il faut croire que Berlin cherche par tous les moyens à bloquer toute condamnation de l’entité sioniste. Telles sont les conclusions tirées par nombre d’observateurs en marge de la réunion-célébration de l’Alliance atlantique qui s’est déroulée à Bruxelles. L’Allemagne s’enfonce davantage dans son soutien à l’Etat hébreu qui s’adonne à un véritable génocide à Gaza.

La séance de vendredi sera la dernière de la session en cours du Conseil des droits de l’Homme. Le document de huit pages demande qu’Israël mette fin à son « occupation des Territoires palestiniens » et cesse immédiatement son « blocus illégal » de la bande de Gaza, ainsi que toute autre forme de « punition collective ». Il appelle à cesser tout transfert d’armes, munitions et autres équipements militaires, et souligne les effets des armes explosives sur les hôpitaux, les écoles, les abris et l’alimentation en eau et électricité à Gaza, dénonçant « l’usage des privations sur les civils comme une méthode de guerre ».

Le texte appelle à un cessez-le-feu immédiat et condamne « les actes d’Israël pouvant être assimilés à une épuration ethnique », intimant à tous les pays concernés d’empêcher le déplacement forcé de Palestiniens au sein de la bande de Gaza.

La Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la semaine dernière à New York une résolution non contraignante appelant à un cessez-le-feu, un vote permis par l’abstention des Etats-Unis, principal soutien d’Israël. Le projet de résolution présenté au Conseil des droits de l’Homme appelle les pays membres à s’assurer que l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) bénéficie de suffisamment de financements. Il demande qu’Israël cesse d’étendre ses implantations dans les Territoires palestiniens.

Enfin, il « réaffirme que la critique de violations du droit international par Israël ne doit pas être confondue avec de l’antisémitisme ».

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