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L’establishment français divisé sur l’Algérie : Un ancien ambassadeur français jette un pavé dans la mare

Une partie de la France seulement rejette l’idée de cautionner le maintien d’Abdelmadjid Tebboune à la tête de l’Algérie. Xavier Briencourt, ambassadeur de France en Algérie pendant deux mandats, a brisé le mur du silence pour alerter sur un scénario catastrophe.
L’establishment français divisé sur l’Algérie

« Croire à Paris qu’en allant en Algérie en cédant aux Algériens sur les dossiers qui leur sont chers (mémoire et visa) nous les gagnerons à notre cause et nous les amèneront à plus de coopération, est un leurre », a déclaré l’ancien ambassadeur de France à Alger.

Pour bien comprendre le cri d’alerte motivé par l’amitié et la sympathie du diplomate français pour le peuple algérien et pour le pays, il faut remonter à 2019, l’année de l’investiture du président A. Tebboune. Le septuagénaire a été placé de force au sommet de l’Etat algérien par les militaires, avec à leur tête, l’omniprésent Ahmed Gaid Salah en 2019 (mort quelques mois plus tard dans des circonstances mystérieuses) pour mettre un terme au soulèvement populaire antisystème inédit, le Hirak.

Le peuple qui s’était insurgé contre un 5è mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, très diminué après son AVC en 2014, créant ainsi ce mouvement populaire qui s’est ensuite soulevé contre tout le système algérien, notamment le fait que le pays soit dirigé par des militaires. Contraints, ces derniers ont opéré une purge au sein des potentiels candidats populaires qui pourraient succéder au président. Oligarques, politiciens, journalistes, personne n’a été épargné pour ne laisser la voie qu’à un seul candidat, celui que les galonnés adoubent.

Après une présidentielle boycottée par le peuple, les militaires ont forcé une deuxième élection qui aura eu le même résultat. Mais malgré le boycott général, le candidat A. Tebboune a été propulsé à la tête de l’Etat. Mal élu à cause du hold up électoral, mais « légitimé » par le soutien de la France qui préférait encore un président non élu démocratiquement qu’un pays plongé dans l’incertitude pendant plusieurs mois encore…

C’est en ayant travaillé en tant d’ambassadeur de France en Algérie de 2008 et 2012, puis entre 2017 et 2020 que Xavier Driencourt, a pu observer en étant aux premières loges tous les changements négatifs en Algérie depuis l’arrivée au pouvoir d’A. Tebboune.

Dans une analyse publiée dans Le Figaro, le diplomate a noté « la répression qui s’est abattue sur le pays, répression élaborée et mise en œuvre par une armée qui ne cesse de glorifier les combats contre la France, ennemi éternel », en ajoutant qu’elle « a fini par avoir raison des espoirs mis un temps dans le Hirak pour une démocratisation du pays ».

En France, a-t-il reconnu, « nous faisons mine que le régime algérien est légitime à défaut d’être démocratique ».

« Cela fait maintenant trois ans qu’en Algérie Abdelmadjid Tebboune a été élu président de la République. Trois ans et, à Alger, on pose la question d’un deuxième mandat. (…) Mon amitié pour l’Algérie comme mon respect pour le peuple algérien m’obligent à rappeler quelques évidences sur la réalité politique, les illusions françaises et les conséquences de celles-ci », a écrit l »ancien ambassadeur.

Le diplomate a ajouté, dans un constat amer, que « s’il fallait résumer brièvement et brutalement la situation, je dirais que l’+Algérie nouvelle+, selon la formule en vogue à Alger, est en train de s’effondrer sous nos yeux ».

X. Driencourt a également annoncé qu’en 2023, une visite officielle du président Tebboune en France aurait lieu pour préparer sa réélection. « 2023 sera après les voyages officiels de l’année dernière, le temps de l’euphorie avec à la clé une visite d’Etat du président algérien mais soyons sans illusions. A l’aube d’une élection présidentielle algérienne, 2024 verra inéluctablement une nouvelle crise tant le discours anti français est le levain d’une campagne électorale réussie », a-t-il écrit.

Le journaliste algérien, Abdou Semmar, exilé en France et condamné à la peine capitale dans son pays pour avoir entre autres, critiqué les décisions du président algérien, a réagi à cet article du diplomate français en le qualifiant d’ « analyse très audacieuse ».

« Il appelle tout simplement la France à adopter un langage de fermeté, une ligne de conduite très ferme contre le régime algérien et il appelle Emmanuel Macron et l’ensemble de dirigeants français à ne plus être naïfs et complaisants à l’égard du régime algérien », a-t-il résumé dans un commentaire sur sa chaine Youtube, soulignant la dégradation de l’Algérie à cause du mode de gestion « totalitaire » et « autoritaire » du président A. Tebboune et de ses alliés.

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