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L’Espagne revoit sa politique saharienne : Et consacre l’initiative marocaine d’autonomie

La tension qui prévalait entre Rabat et Madrid depuis plus d’un an est en voie de dissipation. Elle avait atteint son point d’orgue avec l’épisode Brahim Ghali, leader des séparatistes du Polisario, accueilli en Espagne pour des soins, sans pour autant que les autorités ibériques n’aient pris la peine d’en aviser la partie marocaine. Mais c’est sur la question de l’intégrité territoriale du Maroc que tout avait calé depuis que les USA avaient décidé, sous la présidence de D. Trump, de reconnaitre la souveraineté marocaine sur son Sahara. Le message adressé par le chef de l’Exécutif espagnol au Souverain témoigne d’un changement de cap. En attendant sa visite au Maroc, c’est le chef de la diplomatie ibérique qui est attendu à Rabat dans les prochains jours. Rien d’étonnant si l’accélération des événement donne de l’urticaire aux séparatistes.

Dans un message adressé au Roi Mohammed VI, le Président du Gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a souligné qu’il « reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc ». A ce titre, « l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ». Il a, également, souligné « les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations Unies pour trouver une solution mutuellement acceptable ».

Dans son message au Souverain, le Président du Gouvernement espagnol a, en outre, mis en exergue que les « deux pays sont unis inextricablement par des affections, une histoire, une géographie, des intérêts et une amitié partagée ». P. Sánchez s’est dit « convaincu que les destins des deux peuples le sont aussi » et que « la prospérité du Maroc est liée à celle de l’Espagne, et inversement ».

« Notre objectif est de construire une nouvelle relation, basée sur la transparence et la communication permanente, le respect mutuel et les accords signés par les deux parties et l’abstention de toute action unilatérale, à la hauteur de l’importance de tout ce que nous partageons », a affirmé le Président du Gouvernement espagnol.

Dans ce contexte, « l’Espagne agira avec la transparence absolue qui correspond à un grand ami et allié ». « Je vous assure que l’Espagne tiendra toujours ses engagements et sa parole », a ajouté P. Sánchez. Tout en réitérant sa « détermination à relever ensemble les défis communs, notamment la coopération pour la gestion des flux migratoires dans la Méditerranée et l’Atlantique, en agissant toujours dans un esprit de pleine coopération ».

« Toutes ces actions seront entreprises dans le but de garantir la stabilité et l’intégrité territoriale des deux pays », a conclu le Président du Gouvernement d’Espagne, P. Sánchez, dans son message au Souverain.

Au ministère des Affaires Étrangères, à Rabat, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le département que pilote Nasser Bourita a estimé, vendredi, que les « termes » du message « permettent d’envisager une feuille de route claire et ambitieuse » dans la nouvelle relation entre le Maroc et l’Espagne. « Le Royaume du Maroc apprécie hautement les positions positives et les engagements constructifs de l’Espagne au sujet de la question du Sahara marocain », a indiqué le MAEC en faisant référence au message adressé au Roi Mohammed VI.

La diplomatie marocaine relève que les « termes de ce message permettent d’envisager une feuille de route claire et ambitieuse afin d’inscrire, durablement, le partenariat bilatéral dans le cadre des bases et des paramètres nouveaux, soulignés dans le Discours Royal du 20 aout dernier ».

Le ministère annonce par ailleurs une prochaine visite à Rabat avant le mois de Ramadan, du chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares et du président du gouvernement espagnol qui « sera, également, programmée ultérieurement ».

Les séparatistes perdent contenance

En réaction à la volonté de rapprochement entre Rabat et Madrid, le Front Polisario a accusé, vendredi, l’Espagne de «succomber au chantage et à la politique de la peur utilisée par le Maroc». Dans une première réaction à la lettre du chef de l’exécutif espagnol, au roi Mohammed VI et la réaction du gouvernement espagnole, relayée par la presse ibérique, le mouvement séparatiste a également critiqué le fait que la nouvelle position espagnole «ne correspond pas à la responsabilité politique et juridique de l’Espagne et qu’elle conditionnera son rôle dans la résolution du conflit».

«La position exprimée par le gouvernement espagnol contredit absolument la légitimité internationale. Les Nations Unies, l’Union Africaine, l’Union Européenne, la Cour Internationale de Justice, la Cour de justice de l’UE et toutes les organisations régionales et continentales ne reconnaissent, toutes, aucune souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental», indique le Front dans son communiqué relayé par son agence de presse.

Pour le mouvement de B. Ghali, la nouvelle position espagnole «contient des éléments très dangereux, tels que la référence à la proposition marocaine comme « la plus sérieuse, réaliste et objective », en soutien clair à l’approche unilatérale, en contradiction avec la légitimité, le droit international et le libre exercice démocratique du peuple sahraoui son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance». Et de préciser que cela «affecte tout rôle éventuel de l’Espagne dans le règlement du différend sur la décolonisation au Sahara Occidental, et les efforts actuels pour relancer et revitaliser le processus de paix par les Nations Unies».

Le Front a enfin appelé «les forces politiques espagnoles et à tous les peuples d’Espagne, à faire pression » sur le gouvernement espagnol afin qu’il corrige cette « grave erreur » et oblige Madrid à assumer ses responsabilités.

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