Washington a annoncé que les forces américaines avaient mené, dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 mars, des « frappes aériennes de précision » dans l’est de la Syrie après une attaque de drone qui a tué un Américain et en a blessé six autres. Les services de renseignement américains considèrent que le drone est « d’origine iranienne », selon le Pentagone. « Des frappes américaines ont ciblé un dépôt d’armes dans la ville de Deir Ezzor, tuant six combattants pro-iraniens », a indiqué de son côté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé au Royaume-Uni, mais qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie. « Cinq autres combattants ont été tués par des frappes sur des positions de groupes iraniens près de Mayadine et sur une autre près d’al-Boukamal », a ajouté cette ONG.
Les groupes iraniens et leurs alliés, qui combattent aux côtés du régime de Damas, sont fortement implantés dans ces régions proches de la frontière avec l’Irak, qui constituent un important point de passage des armes à destination de la Syrie. L’attaque de drone a eu lieu jeudi matin contre une installation de maintenance d’une base près de Hassaké, a indiqué le Pentagone dans un communiqué. La personne décédée est un sous-traitant américain, et les blessés sont cinq soldats et un autre sous-traitant également américains, selon la même source.
Des sources syriennes ont indiqué que des militaires américains accompagnés de miliciens kurdes ont procédé à l’arrestation de plusieurs personnes autour de la base attaquée, suspectées de collaboration avec les assaillants. L’Observatoire syrien des droits de l’homme a affirmé que les miliciens pro-iraniens, qui sont de nationalité irakienne, libanaise ou afghane, ont procédé à un redéploiement dans l’est de la Syrie de peur de nouvelles frappes US.
« J’ai autorisé les forces du Commandement central des États-Unis à mener des frappes aériennes de précision ce soir dans l’est de la Syrie contre des installations utilisées par des groupes affiliés au corps des Gardiens de la Révolution » iraniens, a déclaré le ministre américain de la Défense Lloyd Austin, cité dans le communiqué. Ces frappes aériennes ont été menées « en réponse à l’attaque d’aujourd’hui ainsi qu’à une série d’attaques récentes contre les forces de la coalition en Syrie par des groupes affiliés au corps des Gardiens de la Révolution », a encore précisé L. Austin.
Plusieurs centaines de soldats américains se trouvent en Syrie au sein d’une coalition luttant contre les restes du groupe État islamique (EI). Ils sont fréquemment pris pour cible lors d’attaques menées par des milices. Les troupes US soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS), l’armée de facto des Kurdes dans la région, qui a mené la bataille ayant délogé l’EI des derniers territoires qu’il contrôlait en Syrie en 2019.
Deux des soldats blessés jeudi ont été soignés sur les lieux de l’attaque, tandis que les trois autres soldats et un sous-traitant américain ont bénéficié d’une évacuation médicale vers l’Irak, a indiqué le Pentagone. « Comme le président Biden l’a clairement indiqué, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour défendre nos concitoyens et riposterons toujours au moment et à l’endroit de notre choix », a déclaré Lloyd Austin.
La chaine de télévision iranienne anglophone PressTV, a démenti les allégations US, affirmant qu’aucun Iranien n’a été tué dans cette agression. Une source militaire en Syrie lui a déclaré que les groupes de résistance se réservent le droit de répondre à l’attaque américaine et prendront des mesures réciproques.
Le correspondant de la télévision libanaise AlMayadeen en Syrie a rapporté que les raids aériens US ont visé le centre de développement rural ainsi que le centre céréalier près de l’aéroport militaire de Deir Ez-Zor. Il a fait état de plusieurs victimes civiles, précisant que des ambulances se sont précipitées vers la zone ciblée par les raids US.
Il convient de rappeler que les membres de la Chambre des représentants US ont rejeté, le 9 mars, le retrait des forces US de la Syrie, et ce lors d’un vote sur un projet de résolution présenté par le représentant républicain Matt Goetz. Ce dernier a révélé que le nombre de forces américaines en Syrie, dont la présence a été dénoncée à plusieurs reprises par Damas, mais aussi par Téhéran et Moscou, a atteint 900 soldats, en février dernier.