« Les positions convergent sur les points secondaires. Mais sur les principales (questions) politiques, nous faisons du surplace », a déclaré Vladimir Medinski, cité par les agences de presse russes. Il a ajouté que Moscou insistait sur la signature d’un « traité exhaustif » prenant en compte ses exigences de neutralité, démilitarisation et « dénazification » de l’Ukraine, ainsi que la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée et de l’indépendance des deux « républiques » séparatistes prorusses du Donbass.
Selon V. Medinski, Kiev « s’inquiète principalement d’obtenir des garanties de sécurité de la part de puissances tierces au cas où l’Ukraine ne pourrait pas intégrer l’Otan », une position « totalement compréhensible ».
Après avoir débuté par des rencontres physiques entre délégations, les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine se font désormais en visioconférence à un rythme quasi-quotidien. Les deux camps ont un temps exprimé leur optimisme quant à une issue positive de ces discussions, avant de faire le constat de leurs divergences ces derniers jours.
Le chef de la diplomatie russe a estimé, vendredi 25 mars, que les dirigeants européens tenaient un discours aux relents « hitlériens » contre la Russie, visée par de lourdes sanctions en raison de son offensive en Ukraine.
« On nous a déclaré une véritable guerre hybride totale. Ce terme (de guerre totale, ndlr) qu’utilisait l’Allemagne hitlérienne est désormais prononcé par beaucoup de politiciens européens lorsqu’ils expliquent ce qu’ils veulent faire de la Russie », a dit Sergueï Lavrov, lors d’une réunion avec des représentants d’une fondation diplomatique russe. « Ils ne cachent pas leurs objectifs: détruire, casser, anéantir, étouffer l’économie et la Russie dans son ensemble », a ajouté le diplomate, cité par l’AFP.
La Russie, depuis qu’elle a lancé son offensive en Ukraine, est visé par des sanctions occidentales d’une ampleur sans précédent. Moscou considère, elle, être en lutte en Ukraine contre des « néo-nazis ». Le rôle central de l’URSS pour vaincre l’Allemagne d’Hitler en 1945 est au cœur de l’identité nationale russe et du discours patriotique de Vladimir Poutine. Le président russe avait déjà utilisé des termes rappelant les nazis en parlant des Occidentaux, dénonçant leur « blitzkrieg » économique.
A signaler aussi qu’un haut responsable de l’armée russe a fait un état des lieux depuis le lancement de l’offensive en Ukraine le 24 février. Ainsi, «1 351 militaires [russes] sont morts, 3 825 ont été blessés», a déclaré Sergueï Roudskoï, adjoint au chef de l’état-major russe, lors d’un point de presse tenu vendredi. Le précédent bilan des autorités russes, datant du 2 mars, faisait état de 498 de ses soldats tués et 1 597 blessés en Ukraine. Kiev, de son côté, assure que les pertes dans les rangs de l’armée russe sont beaucoup plus lourdes, selon l’AFP.
S. Roudskoï a également qualifié de «grosse erreur» la livraison d’armes à Kiev par les pays occidentaux. «Cela prolonge le conflit, augmente le nombre de victimes et n’aura aucune influence sur l’issue de l’opération», a-t-il fait valoir. Il a également déclaré que la Russie «répondrait en conséquence» si l’OTAN mettait en place une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine, ce que Kiev réclame depuis plusieurs semaines. Mikhaïl Mizintsev, directeur du Centre national russe de gestion de la défense, a de son côté fait savoir le même jour que la Russie avait accueilli 419 736 réfugiés originaires de l’est de l’Ukraine depuis le début de l’opération. Enfin, Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, a déclaré ce même jour que l’armée russe allait «continuer de mener cette opération militaire spéciale jusqu’à ce que tous les objectifs soient atteints».