Le vrai objectif des officiels américains dont Samantha Power, cheffe de l’Agence pour le développement international (USAID), arrivés le 25 septembre en Arménie consiste à « minimiser » le niveau des relations entre l’Arménie et la Russie dans un contexte de tensions au Haut-Karabakh, une enclave à majorité arménienne se trouvant sur le territoire azerbaïdjanais, ont expliqué plusieurs experts.
La délégation qui comprend en outre Yuri Kim, secrétaire d’État adjoint par intérim pour l’Europe et les Affaires eurasiennes, s’est rendue à Erevan alors que les manifestations ont cours dans la capitale arménienne depuis le 19 septembre. Les protestataires exigent la démission du Premier ministre.
Selon l’ambassade US citée par les réseaux sociaux, le but de la mission est « d’affirmer le soutien des États-Unis à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à la démocratie de l’Arménie, et répondre aux besoins humanitaires découlant des récentes violences au Haut-Karabakh« . Mais cette visite survient au moment où les États-Unis cherchent à créer une mission internationale pour le Haut-Karabakh.
« Il est important pour les États-Unis de prendre l’initiative dans les relations avec l’Arménie, de générer autant de visibilité que possible et obtenir des résultats pour minimiser le niveau des relations entre l’Arménie et la Russie, tant dans le domaine de la défense que dans d’autres domaines », a affirmé au micro de Sputnik Stanislav Pritchine, chercheur du Centre d’études post-soviétiques de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie des sciences russe.
Évoquant les manifestations qui ont envahi Erevan appelant à la démission de Nikol Pachinian suite à sa reddition du Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan, l’analyste a souligné que le Premier ministre est désormais « le plus bénéfique pour les États-Unis » pour la simple raison que « sous M.Pachinian les relations arméno-russes en fait en train de connaître un très sérieux déclin ». « M.Pachinian est le partenaire le plus pratique pour l’Occident », a ajouté S. Pritchine.
L’USAID est une grande organisation qui distribue des ressources financières pour « soutenir la démocratie » dans les pays dont les États-Unis ont besoin, dans lesquels ils cherchent à semer le chaos ou à contrecarrer les intérêts de la Russie, a souligné Evgeni Mikhaïlov, politologue, directeur du Centre d’études stratégiques du Caucase du Sud. Pour lui, le Premier ministre arménien suit l’exemple du Président ukrainien, soulignant des « parallèles évidents ». « Au début, après son arrivée au pouvoir, Zelensky avait déclaré qu’il était nécessaire de résoudre les conflits avec la Russie. M. Pachinian a également déclaré que nous avions besoin de paix, d’amitié, etc. Mais les tentatives ultérieures d’adhésion à l’Otan ont conduit à des hostilités en Ukraine. Pachinian suit le même chemin. C’est juste que le pays [l’Arménie] est plus petit et semble assez faible. Mais pour les États-Unis, peu importe qui utiliser pour lutter contre la Russie », a-t-il relevé.
L’expert a souligné qu’on peut s’attendre à ce que beaucoup d’argent soit alloué pour « soutenir la démocratie » et toutes sortes d’organisations Soros et d’autres organisations non gouvernementales (ONG) engagées dans des activités antirusses en Arménie.
De nombreux efforts de ce type étaient en cours avant l’arrivée de Pachinian, a-t-il ajouté, mais après que ce dernier soit devenu Premier ministre arménien, ils ont reçu un élan supplémentaire. L’argent est en fait alloué à la formation de l’opinion publique, qui d’ailleurs n’est actuellement « pas très alignée sur les souhaits de l’USAID », selon l’analyste. « Nous assistons à des rassemblements à Erevan pour la démission de Pachinian, des appels à l’amélioration des relations avec la Russie. Et dans ce contexte, en conséquence, les visites de responsables américains », a-t-il enfin souligné.