Les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené des frappes contre des cibles liées aux Houthis au Yémen. Les cibles des frappes américano-britanniques comprennent des centres logistiques, des systèmes de défense aérienne et des dépôts d’armes, selon des responsables US. Des avions américains et britanniques ont lancé à l’aube de ce vendredi des raids sur la capitale yéménite Sanaa et les villes côtières de Saada, Dhamar et Hodeidah sur la mer Rouge.
Des sources yéménites ont rapporté que l’agression a visé la base aérienne d’al-Daylami au nord de la capitale Sanaa, les environs de l’aéroport de Hodeidah et des zones de la direction de Zabid, ainsi que le camp de Kahlan à l’est de la ville de Saada. L’agression a également visé l’aéroport de la Direction de l’Aaba dans le gouvernorat de Hajjah. Elles ont ajouté que l’agression américano-britannique a lancé des raids sur le mont al-Samaa, à l’ouest de la ville de Saada, et sur la région de Takhiya dans le district de Majz. À Taaz, l’agression britannique a visé son aéroport et le camp de la 22e Brigade du district d’al-Taaziyah.
Des sources yéménites ont rapporté que 5 explosions violentes ont eu lieu dans la ville de Hodeidah et d’autres explosions à Sanaa. Des sources médiatiques ont rapporté que les défenses aériennes yéménites ont riposté à l’agression.
Citant un responsable américain, le Wall Street Journal a indiqué que la coalition dirigée par les États-Unis a lancé plus de 12 raids sur des cibles au Yémen. La BBC a déclaré que 4 avions britanniques Typhon ont participé à l’agression contre le Yémen depuis Chypre.
Selon la NBC, les armées américaine et britannique « ont dirigé des frappes contre des cibles à plusieurs endroits au Yémen, avec des avions de combat et des missiles de croisière Tomahawk, lancés à partir des navires de la marine ».
Un responsable américain a souligné à CNN qu’Antony Blinken, secrétaire d’état US, a déclaré aux dirigeants régionaux lors de sa tournée que la frappe contre les forces yéménites est une action défensive et non une escalade.
Les médias américains, citant des responsables sionistes, ont déclaré que l’entité sioniste avait été informée à l’avance des frappes au Yémen et que l’armée israélienne est en état d’alerte en prévision de toute riposte yéménite.
Des responsables américains ont déclaré au New York Times qu’il est à craindre que les frappes contre le Yémen ne dégénèrent en frappes mutuelles. Un responsable militaire US a déclaré aux médias que les forces américaines au Moyen-Orient sont en état alerte, révélant que l’agression contre le Yémen a impliqué des navires, des avions de guerre et des sous-marins.
Le Conseil de Sécurité des Nations unies avait adopté jeudi une résolution exigeant l’arrêt « immédiat » des attaques des Houthis en Mer Rouge. Cette résolution, préparée par les États-Unis et le Japon, a obtenu 11 voix pour, et seulement 4 abstentions de la part de la Russie, la Chine, l’Algérie et le Mozambique. Résolution qui, aux yeux de Moscou, n’autorise guères Washington et Londres à mener des opérations militaires contre le Yémen.
Fébrilité à Washington et Londres
Rishi Sunak, Premier ministre britannique, avait réuni son cabinet jeudi soir, ont rapporté les médias de son pays, qui précisent notamment que la mer Rouge et la possibilité de frappes militaires imminentes contre les rebelles yéménites houthis étaient au centre des discussions. Contacté par l’AFP, Downing Street n’a ni confirmé ni démenti ces informations. Alors que le gouvernement et la presse britanniques émettent des signes laissant penser qu’une opération du côté du Yémen pourrait avoir lieu dès cette nuit, le Premier ministre écossais Humza Yousaf a demandé le rappel de Westminster afin que les députés puissent être « informés et autorisés à débattre et à examiner toute décision de poursuivre une action militaire ». Même son de cloche du côté de Stephen Flynn, leader du Parti national d’Écosse (SNP) à Westminster, qui qualifie la situation en mer Rouge de « complexe et grave », selon The Guardian. Enfin, Layla Moran, porte-parole des Libéraux-démocrates, juge « vital » qu’un vote ait lieu au Parlement.
Mais R. Sunak est passé outre. « La Grande-Bretagne devrait se joindre aux États-Unis pour mener des frappes aériennes sur les positions militaires des Houthis au Yémen ce soir. Rishi Sunak a informé le cabinet de l’intervention militaire imminente ce soir. Sir Keir Starmer, leader travailliste, et Sir Lindsay Hoyle, président de la Chambre des communes, ont également été informés », ajoute notre confrère, qui précise par ailleurs que le Premier ministre britannique compterait se passer de vote au Parlement.
Jeudi après-midi, avant de discuter des attaques sur la mer Rouge avec son cabinet, R. Sunak s’est entretenu avec Abdel Fattah al-Sissi, Président égyptien, par téléphone jeudi après-midi, rapporte The Guardian. Les deux dirigeants ont discuté de « l’augmentation inquiétante des attaques des Houthis contre des navires commerciaux dans la mer Rouge et de l’impact perturbateur sur le transport maritime mondial, y compris via le canal de Suez », selon un porte-parole de Downing Street. R. Sunak a dit à son interlocuteur que le Royaume-Uni continuerait à « prendre des mesures pour défendre la liberté de navigation et protéger les vies en mer », et a remercié le président égyptien pour son soutien continu aux efforts humanitaires et diplomatiques à Gaza (Sic !).
Toujours selon The Guardian, des sources occidentales de défense indiquent que les préparatifs s’intensifiaient jeudi en réponse à l’attaque des Houthis de mardi, et après le vote d’une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU mercredi. Interrogé sur d’éventuelles frappes américaines contre les Houthis au Yémen, John Kirby, porte-parole de la sécurité nationale, a pour sa part déclaré : « Je ne vais pas télégraphier nos coups d’une manière ou d’une autre ici. Nous allons faire ce que nous devons faire pour contrer et vaincre ces menaces que les Houthis continuent de faire peser sur la navigation commerciale dans la mer Rouge. »
En tout cas, une bronca semble se dessiner à Washington où des démocrates, mais aussi des républicains, reprochent au Président Joe Biden d’avoir décidé des frappes contre le Yémen en violant le premier article de la Constitution. Toute déclaration de guerre devrait être discuté par le Congrès. Mais le chef de la Maison Blanche a choisi de passer outre le Congrès en annonçant avoir donné le feu vert au Pentagone pour opérer contre le Yémen. Lloyd Austin, ministre de la Défense US qui a disparu des radars pour des raisons de santé est sorti de son silence pour appuyer la décision du locataire du Bureau ovale. Et menacer Sanaa d’autres frappes si jamais la flotte US était attaquée. A Washington, on brandit le droit des Américains à l’autodéfense. Rhétorique développée aussi à Londres.
Abdul-Malik al-Houthi, chef des Houthis, a réagi à ces attaques en déclarant que si son pays était frappé, il riposterait. Promettant des opérations encore « plus importantes » que celle revendiquée mercredi en cas d’attaque des États-Unis. « Toute attaque américaine ne restera pas sans réponse. Et (la réponse) ne sera pas de l’ordre de l’opération menée récemment avec plus de 24 drones et plusieurs missiles, mais plus importante que cela », a déclaré le responsable dans un discours diffusé par la télévision Al-Massirah. Les forces américaines et britanniques disent avoir abattu mardi soir 18 drones et trois missiles tirés par les Houthis, dans une attaque décrite comme d’une ampleur sans précédent dans la zone.
Le chef du mouvement de résistance yéménite Ansarullah a affirmé que le Yémen continuera d’empêcher les navires israéliens de passer par la mer Rouge, le golfe d’Aden et la mer d’Oman. « Nous n’hésiterons pas à atteindre un niveau supérieur », avait-il prévenu.
Réaffirmant jeudi que le Yémen n’hésitera pas à faire « tout ce qu’il peut pour soutenir la Palestine », il a aussi martelé faire « face à l’agression américaine, et toute agression américaine ne restera pas sans riposte. En cas de confrontation directe, nous serons prêts à faire tout ce qu’il faut et nous combattrons avec audace. »
Le numéro un d’Ansarullah a expliqué que « la position yéménite consistant à empêcher le passage des navires se dirigeant vers la Palestine occupée est « une position efficace et a infligé de grandes pertes à l’économie de l’ennemi », rassurant les navires traversant la mer Rouge en disant : « Il n’y a aucun problème pour ces navires, car ceux qui sont visés sont les navires exclusivement associés à Israël ». Il a en outre espéré « la non implication des pays arabes et islamiques et de laisser les américains et les britanniques s’impliquer tous seuls ».
Il a souligné que la position de l’Occident sur ce qui se passe à Gaza est « honteuse et constitue un nouveau scandale (…) mais la faible mémoire arabe a toujours besoin de nouveaux événements ».
Il convient de noter que le discours du chef d’Ansarullah intervient quelques heures avant l’offensive américano-britannique contre le Yémen.
Les forces yéménites ont produit un communiqué quelques heures après l’agression assurant que « dans le cadre de son soutien à la poursuite du crime israélien à Gaza, l’ennemi américano-britannique a lancé une agression brutale contre la République du Yémen en menant 73 raids contre la capitale Sanaa et les gouvernorats de Hodeidah, Taez, Hajjah et Saada. Ces raids ont entraîné le martyre de 5 des membres de nos forces armées et la blessure de six autres. »
Le communiqué ajoute que « les ennemis américains et britanniques portent l’entière responsabilité de leur agression criminelle contre notre peuple yéménite, et celle-ci ne restera pas sans réponse ni impunie. » et assure, enfin, que « cette agression brutale ne dissuadera pas le Yémen de sa position de soutien et d’assistance au peuple palestinien opprimé, et les forces armées yéménites affirment qu’elles continuent d’empêcher les navires israéliens ou ceux se dirigeant vers les ports de la Palestine occupée de naviguer dans les mers Arabe et Rouge ».