Le magazine britannique a ajouté que « la décision de Trump de parler avec son homologue russe, Vladimir Poutine, et son désir de réhabiliter le Kremlin », selon ses termes, « ont choqué la classe politique à Kiev ». Mais « jusqu’à présent, peu de gens ont été véritablement surpris », a poursuivi la publication.
Un membre éminent du parlement ukrainien, issu du parti de V. Zelensky, lui a déclaré que « notre état d’esprit n’était pas bon le jour où nous avons appris la nouvelle, mais nous nous y attendions ». Un député de l’opposition ukrainienne a évoqué « un sentiment de pessimisme au parlement », alors que « les députés se préparent à la possibilité de devoir voter sur un accord de cessez-le-feu humiliant », tandis que « les représentants de Kiev se sont retrouvés à huis clos à Washington, ce qui n’était pas un secret », poursuit The Economist.
Pendant ce temps, « de nombreuses élites ukrainiennes craignent que le langage de l’équipe Trump ne fasse écho à un piège russe », notamment « des appels à un cessez-le-feu, sans garanties de sécurité, et à des élections immédiates qui briseraient l’unité ukrainienne ».
En parlant des élections, le magazine a confirmé que « de nombreux Ukrainiens se sentent frustrés par Zelensky », notant que les sondages d’opinion montrent « qu’ il perdra une future élection par 30% à 65%, face à Valery Zaluzhny, son ancien général en chef, qui n’est pas encore entré en politique ».
En janvier, un sondage d’opinion a montré que la confiance en Zelensky « était tombée à 52 %, le niveau le plus bas pendant la guerre, et bien en dessous des 90 % qui avaient initialement exprimé leur confiance en lui ».
Dans ce contexte, citant un ancien diplomate, le magazine a rapporté que « Trump veut apparemment se débarrasser de Zelensky », considérant que la question « n’est pas les élections, mais se débarrasser de Zelensky ». La même source ajoute ceux qui connaissent le dossier « craignent que Zelensky ne se soit replié sur un cercle plus étroit que jamais, à un moment où il a besoin du soutien le plus large possible ».« Personne n’est prêt à lui dire non, et il fait des erreurs », se plaint un initié, selon le magazine.
L’Europe étant exclue des accords de Trump, « beaucoup dépendent désormais de Zelensky et de sa volonté de se battre », a déclaré le magazine. Bien « qu’il ait de bonnes raisons de répondre aux demandes américaines sévères, puisque son poste et sa position en dépendent, s’opposer à un dirigeant américain (comme Trump) serait dangereux et difficile ». Malgré toutes ces turbulences, « rien qui ressemble à un accord n’a encore été trouvé », mais « beaucoup de choses évoluent selon le pire scénario en Ukraine, jusqu’à présent », selon The Economist.
En théorie, « l’Ukraine pourrait continuer à se battre au mépris de l’accord de Trump. Dans la pratique, cependant, les choses risquent d’empirer avec le temps. Alors que la Russie et l’Ukraine souffrent toutes deux des conséquences de la guerre, celle-ci sont plus négatives pour Kiev », affirme le magazine. Dans ce contexte, et en ce qui concerne l’armée ukrainienne, le magazine a indiqué qu’elle « souffre de graves problèmes au niveau opérationnel, et d’une absence notable de planification stratégique. Les brigades sur les lignes de front souffrent également d’un manque de soldats, car le nombre de soldats dans certaines d’entre elles a diminué à moins d’un tiers de leur quantité habituelle »
En revanche, D. Trump dispose de « nombreux leviers qu’il pourrait utiliser pour imposer une solution », selon le magazine. « Le président américain pourrait, et le fera très probablement, réduire ou suspendre l’aide militaire à l’Ukraine ». Il pourrait également « lever unilatéralement les sanctions contre la Russie et couper d’autres soutiens vitaux comme Starlink, l’épine dorsale des communications sur le champ de bataille en Ukraine ».
Mais « si tout cela paraît dangereux (pour l’Ukraine), ce n’est pas le pire des scénarios, car le véritable cauchemar ukrainien viendra de l’imposition par Trump du plan du Kremlin dans son intégralité ». Selon The Economist, ce plan prévoit « un cessez-le-feu, sans garanties de sécurité efficaces, des élections qui conduisent à la paralysie politique, une présidence faible, un parlement divisé, puis la démobilisation des forces, des migrations massives et le début de la désintégration interne ».
Face à cela, « l’unité montrée par les Ukrainiens dans les premiers jours de la guerre ne sera plus qu’un lointain souvenir », a conclu le magazine.
La joute verbale entre V. Zelensky et D. Trump a franchi un nouveau palier, mercredi 19 février. En réponse aux mots du président ukrainien qui estime que le conservateur américain « vit dans un espace de désinformation russe », le locataire de la Maison Blanche a qualifié son homologue de « dictateur sans élections » et l’a attaqué sur sa popularité et de prétendus détournements de fonds. Le président américain a ajouté que le 19 février aux journalistes que Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor, « a été traité de manière plutôt impolie » lors de sa visite à Kiev le 12 février. Selon lui, « Zelensky dormait et n’était pas disponible pour le rencontrer ». S. Bessent « a voyagé de nombreuses heures en train, ce qui est un voyage dangereux», pour signer des documents sur les métaux de terres rares, mais «quand il est arrivé, il est revenu sans rien », a indiqué D. Trump. Le président américain a également souligné que son administration avait l’intention de réexaminer l’accord. Dans le même temps, lors du sommet FII PRIORITY à Miami le 19 février, il a déclaré que les États-Unis « avaient un accord sur les métaux des terres rares et d’autres choses, mais ils (les Ukrainiens) l’ont rompu il y a deux jours ». « Nous avions un accord parce que nous dépensons 350 milliards de dollars. L’Europe récupère son argent sous la forme d’un prêt mais pas nous », a-t-il noté.
Au début du mois de février, D. Trump a déclaré que Washington était intéressé par l’obtention de métaux de terres rares en provenance d’Ukraine. V. Zelensky, à son tour, a indiqué qu’il était prêt à conclure un accord et a suggéré que le résultat des négociations sur cette question pourrait être fixé lors de la Conférence sur la sécurité à Munich du 14 au 16 février. Toutefois, le 14 février à Munich, V. Zelensky a rejeté le projet de l’administration US de fournir une aide à l’Ukraine en échange de l’octroi à Washington de 50 % des terres rares ukrainiennes, soulignant que l’accord proposé ne comportait aucune garantie de sécurité.