« Le recours généralisé à la mésinformation et à la désinformation, et les outils permettant de les diffuser, peuvent miner la légitimité de gouvernements nouvellement élus », selon le « Global Risks Report » (rapport sur les risques mondiaux) publié mercredi.
« Les troubles qui en résulteraient pourraient aller de manifestations violentes et crimes haineux à des affrontements civils et au terrorisme », poursuit ce document, dévoilé à quelques jours du Forum économique mondial, qui se tient à Davos, en Suisse, du 15 au 19 janvier.
Les électeurs doivent choisir de nouveaux dirigeants dans des économies majeures, notamment au Bangladesh, en Inde, en Indonésie, au Mexique, au Pakistan, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, au cours des deux prochaines années, rappelle le Forum. Les cinq principales inquiétudes sont différentes pour chaque pays, a toutefois souligné Saadia Zahidi, directrice générale du FEM, lors d’une conférence de presse à Londres, précisant que si les risques de fausses informations « n’apparaissent pas du tout dans le top cinq » pour les Etats-Unis, « pour l’Inde, c’est le risque numéro un ».
Au-delà des risques de mésinformation – une information fausse mais diffusée involontairement – et de désinformation – information fausse diffusée volontairement – « induites par l’IA » mais aussi de « polarisation sociétale » s’ajoutent cette année « les inquiétudes concernant une crise persistante du coût de la vie », note un communiqué dudit Forum. Et alors que plusieurs guerres sont en cours, les conflits armés interétatiques figurent parmi les cinq principales préoccupations des deux prochaines années.
A plus long terme, les conditions météorologiques extrêmes et les changements critiques dans les systèmes environnementaux de la terre deviennent la plus grande préoccupation.
Le rapport, produit en partenariat avec l’assureur suisse Zurich Insurance et le cabinet Marsh McLennan, s’appuie sur les points de vue de plus de 1.400 experts mondiaux des risques, décideurs politiques et dirigeants d’entreprises interrogés en septembre 2023. Parmi eux, les deux tiers s’attendent à ce qu’un ordre multipolaire ou fragmenté prenne forme au cours de la prochaine décennie.
Le rapport est « très différent de l’année dernière, où à plus long terme, il y avait encore de l’optimisme alors que cette année, à plus long terme, c’est du pessimisme », a relevé S. Zahidi. Ce rapport « est une projection. Oui, les perspectives sont très sombres. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une prédiction définitive de l’avenir (qui) est en grande partie entre nos mains » et entre les mains « des décideurs », a-t-elle affirmé.
« Les dirigeants du monde doivent s’unir pour faire face aux crises à court terme et jeter les bases d’un avenir plus résilient, durable et inclusif », avait appelé un peu plus tôt le communiqué du Forum.