Le département de la Défense américain travaille actuellement à élaborer le retrait de l’ensemble des troupes américaines de Syrie, dans la ligne des récentes déclarations de D. Trump. En janvier, l’ancien président a minimisé l’implication des États-Unis, affirmant que « la Syrie est son propre désastre. Ils ont déjà assez de désastres là-bas. Ils n’ont pas besoin que nous soyons impliqués dans chacun d’eux ».
Pourtant, ce probable retrait intervient à un moment critique : les attaques de l’État islamique (EI) en Syrie ont triplé en un an, gagnant en sophistication et en portée géographique.
Pendant son premier mandat, D. Trump avait pourtant été salué pour son action contre l’EI, notamment l’élimination de son chef, Abu Bakr al-Baghdadi, et la reconquête de son dernier bastion en Syrie à Baghouz en mars 2019. Une opération dans laquelle Ahmed al-Charra, alias Mohamed al-Joulani, était impliqué. Cependant, l’organisation a su rebondir et profite désormais de l’instabilité régionale pour se renforcer.
En Syrie, l’EI trouve un terreau fertile à son expansion. La chute du gouvernement de Bachar el-Assad et l’arrivée au pouvoir d’Ahmed el-Chareh, ancien chef de Hayat Tahrir el-Cham, compliquent la consolidation de l’autorité étatique. Des combattants étrangers, venus du Caucase, des Balkans et d’Asie centrale, pourraient rejoindre Daech plutôt que de s’intégrer au nouvel ordre politique. Par ailleurs, les prisons et camps de détention administrés par les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont sous pression, d’autant plus que les affrontements avec l’Armée nationale syrienne, soutenue par la Turquie, s’intensifient. Un éventuel soulèvement dans des centres comme Al-Hol, où sont détenus 39 000 membres de l’EI et leurs familles, pourrait redonner une impulsion considérable à l’organisation.