La famille de D. Lynch a annoncé son décès dans un message publié sur Facebook jeudi 16 janvier. « Nous apprécierions un peu d’intimité en ce moment. Il y a un grand vide dans le monde maintenant qu’il n’est plus parmi nous. Mais, comme il le disait : « Gardez un œil sur le donut et non sur le trou » », peut-on lire dans le message. « C’est une belle journée avec un soleil doré et un ciel bleu tout le long. » Le cinéaste américain avait indiqué en août dernier souffrir d’emphysème, une maladie pulmonaire lié au tabagisme.
Né en 1946 dans le Montana (nord-ouest), D. Lynch est considéré comme un maître du cinéma qui a révolutionné l’image et marqué cet art avec l’ambiance inquiétante et obsédante de ses films. Il grandit dans une famille presbytérienne (protestante) de cinq enfants. Son père, scientifique au ministère de l’Agriculture et sa mère, professeure d’anglais, déménagent régulièrement au gré des affectations paternelles. David, mauvais à l’école, est un enfant sociable qui ramasse des morceaux de bois putréfiés dans les forêts où son père travaille. Après des études en dents de scie, il trouve son bonheur aux Beaux-Arts de Pennsylvanie à Philadelphie. La ville, en plein déclin industriel, va imprégner son imaginaire. Il reproduit dans ses toiles l’ambiance « coupe-gorge » de son quartier misérable, peuplé de personnages égarés. Des nains, des clowns, une femme à la bûche : ses films seront tous ponctués par ces folles apparitions.
D. Lynch a percé dans les années 1970 dans le monde du cinéma avec le film expérimental Eraserhead. Financé par des petits boulots sur cinq ans, il y raconte l’histoire d’un zombie, d’une jeune fille bizarre et de leur enfant, une créature repoussante agitée par des cris insoutenables, le tout filmé en noir et blanc dans un décor de ruines industrielles.
Le réalisateur a rarement manqué de surprendre et d’inspirer le public et ses pairs dans les décennies suivantes. Parmi ses films notables, Mulholland Drive, qui lui a valu en France le César du meilleur film étranger, ou encore Blue Velvet. Sa filmographie l’a installé comme un cinéaste du rêve. Il a également marqué les esprits avec Elephant Man, film émouvant sur une créature difforme de l’Angleterre victorienne, interprété par l’acteur britannique John Hurt. Le chef-d’œuvre reçoit huit nominations aux Oscars et remporte le César du meilleur film étranger en 1982.
En 1984, on lui confie la réalisation de la grosse production Dune, inspiré du célèbre roman de science-fiction de Frank Herbert. Le résultat fait un flop à 40 millions de dollars. En 1990, il remporte la Palme d’or au Festival de Cannes pour Sailor et Lula. La même année sort sa mythique série Twin Peaks qui révolutionne le genre et transforme en détectives des millions de téléspectateurs hantés par les mystères qu’il trousse sur deux saisons. Un quart de siècle plus tard, il récidive avec Twin Peaks: The Return (2017).
Nommé plusieurs fois aux Oscars, il avait reçu une statuette d’honneur en 2019 pour l’ensemble de sa filmographie.