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Le chef de la diplomatie israélienne à Khartoum : Une normalisation au forceps

Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de facto du Soudan depuis le putsch de 2021, a reçu jeudi à Khartoum Eli Cohen pour la première visite officielle d’un chef de la diplomatie israélienne dans le pays. Le processus de normalisation, avalisé par la junte, est toujours dénoncé par l’opposition soudanaise.
Le chef de la diplomatie israélienne à Khartoum

Le ministère israélien des Affaires étrangères a évoqué un « voyage politique historique ». E. Cohen a déclaré s’être « mis d’accord » avec le Soudan « pour signer un traité de paix », à son retour en Israël.

« Je suis heureux de vous annoncer que dans le cadre de la visite, nous nous sommes mis d’accord pour signer un traité de paix entre le Soudan et Israël », a déclaré E. Cohen à la presse à l’aéroport international Ben Gurion. 

Selon le Conseil souverain soudanais, que le général Burhane préside, les deux hommes ont discuté des « moyens d’établir des relations fructueuses » et des « projets possibles de coopération » dans des domaines aussi variés que la sécurité, l’agriculture, l’énergie, la santé, l’eau et l’éducation.

En janvier 2021, alors que civils et militaires se partageaient le pouvoir au Soudan, Khartoum avait annoncé son adhésion aux accords d’Abraham – par lesquels trois autres Etats arabes ont reconnu Israël. Le Soudan rompait ainsi avec la position inflexible du dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019, grand ennemi de l’Etat hébreu et longtemps proche du mouvement palestinien Hamas.

Mais en signant les Accords d’Abraham, le Soudan, au ban de la communauté internationale durant un long embargo sous O. Béchir, avait obtenu une aide financière des Etats-Unis, quelques semaines après son retrait de la liste américaine des Etats accusés de financer le terrorisme.

Depuis, la communauté internationale a interrompu au lendemain du coup d’Etat son aide équivalant à deux milliards de dollars annuels. Une manne précieuse pour le pays, l’un des plus pauvres au monde.

Régulièrement, la presse israélienne se fait l’écho de visites « secrètes » de responsables israéliens au Soudan, sans que les deux Etats n’infirment ou ne confirment ces rencontres.

Lors du putsch du 25 octobre 2021, le général Burhane a limogé les civils et suspendu la transition vers la démocratie. Mais dès son tout premier discours, quelques heures après son coup d’Etat, il a assuré que son pays resterait lié par les accords internationaux qu’il avait signés. En novembre, il a envoyé un message de félicitations au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui venait de remporter les législatives israéliennes avec ses alliés d’extrême droite et ultra-orthodoxes.

Les Emirats arabes unis, Bahreïn, et le Maroc ont normalisé leurs relations avec l’Etat hébreu sous l’égide de Washington dans le cadre des accords d’Abraham. Ces accords de normalisation, qui ont brisé le consensus arabe selon lequel aucune entente n’est possible avec l’Etat hébreu sans résolution du conflit israélo-palestinien, ont été dénoncés comme une « trahison » par les Palestiniens.

Contrairement aux Emirats arabes unis, à Bahreïn et au Maroc, le Soudan n’a pas fait suivre l’accord de mesures concrètes pour approfondir les liens. Et la ratification formelle par des institutions élues n’a toujours pas eu lieu, le pays nageant en plein marasme politique avant même le putsch. Pour l’heure, ce processus de normalisation est loin de faire l’unanimité. En effet, l’opposition soudanaise condamne l’initiative impopulaire de la junte au pouvoir et réaffirme son rejet de toute normalisation avec l’entité sioniste.

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