« La 98e division » s’est retirée de la zone de Khan Younès dans la nuit de lundi, a annoncé mardi l’armée d’occupation israélienne, ajoutant que « les équipes de combat des brigades 7, des parachutistes et des commandos ont opéré dans la région pendant environ une semaine ». Selon la Défense civile à Gaza, les forces d’occupation ont empêché ses équipes de secours de « récupérer les blessés », « provoquant leur mort et la décomposition de leurs corps ». « Nous œuvrons mardi pour récupérer le reste des martyrs après la destruction de 90 % des infrastructures à l’est de Khan Younès », a-t-elle souligné.
Des sources médicales locales ont indiqué qu’ « environ vingt corps ont été découverts mardi sous les décombres de bâtiments à Rafah et dans les régions orientales de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza ». « Les équipes médicales ont récupéré les corps d’environ 20 martyrs à Rafah et dans les localités d’al-Qarara et de Bani Suhaila, à l’est de Khan Younès, après le retrait de l’armée d’occupation israélienne de la zone », ont-elles précisé. L’un d’entre eux est un citoyen handicapé, Iyad al-Najjar, qui a été a été découvert dans sa maison à l’est de Khan Younès, ont rapporté ces sources.
A Rafah, ville frontalière avec l’Egypte, l’explosion d’un réservoir d’eau filmée, puis publiée sur les réseaux sociaux par un des soldats israéliens, avec une légende : « Cette destruction du réservoir d’eau de Tel Sultan est en l’honneur du Shabbat », a mis en émoi les Gazaouis, mais aussi les observateurs.
En plus d’être une provocation supplémentaire de l’armée israélienne, la destruction de cette réserve d’eau à Rafah est un véritable drame pour les nombreux déplacés de Gaza. Ceux-ci ont déjà très peu accès à ces ressources essentielles que sont l’eau, la nourriture, l’électricité et le carburant.
La municipalité de Rafah a condamné le bombardement et parle « d’un crime contre l’humanité, qui perpétue dans le même temps une politique de punition collective ». Car depuis que ce réservoir principal en eau a été détruit, l’inquiétude ne cesse de grandir quant à l’accès à l’eau pour les habitants restés dans cette partie de l’enclave.
Dans la journée du lundi 29 juillet, l’armée sioniste reconnu que ses soldats étaient responsables du bombardement mais, selon le quotidien israélien Haaretz, l’ordre de faire exploser l’installation aurait été pris sans l’approbation des officiers supérieurs. Une enquête sur l’incident a été ouverte.
Lundi, le Hamas a accusé Benjamin Netanyahu de s’être opposé au cessez-le-feu à Gaza en ajoutant de nouvelles conditions et exigences à la proposition de trêve validée par les États-Unis, au terme des ultimes pourparlers tenus par les médiateurs. L’organisation a dit avoir reçu la dernière réponse d’Israël, suite aux pourparlers à Rome avec Israël, les États-Unis, l’Égypte et le Qatar.
Le bureau de Benyamin Netanyahu a refusé de commenter cette nouvelle accusation du Hamas. Israël dit que c’est le « groupe terroriste » qui fait obstacle à la conclusion d’un accord. Les manifestants israéliens, qui descendent toutes les semaines dans la rue, parfois par dizaines de milliers, pour exiger un accord sur la libération des otages, ont également accusé le Premier ministre de prolonger la guerre à des fins politiques. Nombre de familles d’otages l’en ont également accusé.
« Selon ce que les médiateurs nous ont dit, il est clair que Netanyahu est revenu à sa première stratégie – la procrastination –, en se dérobant aux règles établies et en faisant en sorte de ne pas parvenir à un accord en imposant de nouvelles conditions et exigences », a indiqué un communiqué du Hamas. Lequel reproche à B. Netanyahu de s’être dérobé face à une précédente proposition des médiateurs, selon elle inspirée d’un « projet israélien ».
Des sources anonymes du Hamas ont indiqué au journal Asharq Al-Awsat, basé à Londres, que l’une des nouvelles conditions de Netanyahu était son refus de libérer 100 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité en échange des otages israéliens retenus par le Hamas. Selon le quotidien, B. Netanyahu aurait également refusé de libérer 15 prisonniers palestiniens purgeant de « longues peines de prison » et aurait insisté pour que certains des prisonniers qui pourraient être libérés dans le cadre de l’accord soient exilés et ne soient pas autorisés à retourner dans les territoires palestiniens.
Washington, qui parraine les pourparlers, a affirmé à plusieurs reprises qu’un accord était proche ; les derniers pourparlers portent sur une proposition présentée en mai par le Président Joe Biden.
Après les accusations du Hamas, le bureau du Premier ministre a réagi en rejetant la responsabilité de l’échec sur la partie palestinienne. « Les dirigeants du Hamas empêchent la conclusion d’un accord », a déclaré le cabinet du Premier ministre dans un communiqué. « Israël n’a pas modifié la proposition et n’y a pas ajouté de conditions », poursuit le texte. « Au contraire, jusqu’à présent, c’est le Hamas qui a exigé 29 changements et n’a pas répondu à la proposition initiale. » Le cabinet du Premier ministre souligne que Tel-Aviv continue de respecter les conditions posées par B. Netanyahu au début du mois, à savoir « maximiser le nombre d’otages vivants [libérés], assurer le contrôle israélien de la route Philadelphie et empêcher les terroristes et les armes de se rendre dans le nord de la bande de Gaza ».
Le Hamas souhaite un accord de cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre à Gaza, mais B. Netanyahu continue d’insister sur le fait que le conflit ne prendra pas fin tant que le Hamas ne sera pas vaincu. Il existe également des désaccords sur la manière dont l’accord devrait être mis en œuvre. Les médiateurs, le Qatar et l’Égypte, soutenus par les États-Unis, ont déclaré à plusieurs reprises que les portes de nouvelles négociations restaient ouvertes, Israël et le Hamas se montrant tous deux disposés à les poursuivre.