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La Syrie retrouve la Ligue arabe : L’administration US contre une décision arabe quasi-unanime

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La réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe, processus contré par l’administration américaine, est aussi un succès diplomatique important pour l'Arabie saoudite qui accueillera le prochain sommet de l’organisation la semaine prochaine. C'est elle qui est le principal artisan de ce revirement régional.
L’administration US contre une décision arabe quasi-unanime

Les États-Unis ont dénoncé lundi la décision de la Ligue arabe de réintégrer la Syrie, plus de onze ans après son exclusion en raison de la répression d’un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre. « Nous ne pensons pas que la Syrie mérite d’être réadmise dans la Ligue arabe à ce stade », a déclaré à la presse Vedant Patel, porte-parole adjoint du département d’État.

En dépit de cela, Riyad a maintenu son ouverture sur Damas et a agi comme véritable force d’émulsion pour les autres capitales arabes. Pourtant, il y a quelques mois de cela, le Royaume saoudien était contre le come-back de la Syrie dans le giron arabe. Tous les observateurs se souviendront du sommet arabe d’Alger de novembre 2022 au cours duquel Riyad s’est opposé à la volonté d’Alger d’étendre l’invitation à Bachar el-Assad.

Le revirement de Riyad sur le dossier syrien s’est donc opéré ces derniers mois, motivé tout d’abord par un constat politique. Après douze ans de conflit, Bachar el-Assad est toujours à la tête de la Syrie. Il a repris le contrôle d’une grande partie du territoire et l’opposition syrienne n’est plus en mesure de proposer une quelconque alternative. Pour les pays arabes, l’équation était donc de renouer avec Damas ou de poursuivre, pour une durée incertaine, un boycott de la Syrie.

Le régime syrien était exclu de la Ligue depuis un peu plus de 11 ans en raison de la répression du mouvement de contestation qui avait commencé dans le pays. Après l’annonce de sa réintégration, Damas a affirmé vouloir « renforcer la coopération » au Moyen-Orient. Son retour est donc aussi une victoire pour B. el-Assad.

Autre facteur déterminant dans cette volte-face arabe, la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran au mois de mars. Téhéran n’étant plus l’ennemi, Riyad pouvait reprendre les discussions avec un de ses alliés. Le ministre saoudien des Affaires étrangères s’est d’ailleurs rendu à Damas et l’Arabie saoudite a organisé plusieurs réunions avec les pays de la région pour lever les dernières réticences à cette réintégration.

Des efforts consacrés pour une victoire : le sommet de Jeddah la semaine prochaine sera celui de la réconciliation des pays arabes. Et le Prince héritier, Mohamed ben Salman, s’offrira une photo des dirigeants régionaux, tous réunis autour de lui : une image refusée au président algérien Abdelmajjid Tebboune, il y a six mois encore.

A signaler que la décision de la Ligue arabe, ne modifie pas pour autant la donne en Syrie, selon l’Union européenne. La diplomatie de l’UE affirme qu’il y aura des consultations entre les 27, ainsi qu’entre le chef de la diplomatie Josep Borrell et des ministres des Affaires étrangères de pays de la ligue arabe, mais pour l’instant les sanctions européennes restent en place. Bruxelles estime que la décision de réintégrer la Syrie dans la Ligue arabe ne change rien. Pour les Européens, il n’y a aucune raison de modifier les sanctions envers la Syrie et de reprendre des relations avec le régime tant qu’il n’y a pas d’évolution politique. « La position de l’Union européenne n’est pas dogmatique, elle est consensuelle : sans concession du régime Assad, tant que le régime n’arrête pas l’oppression et la persécution des Syriens, tant que le régime Assad n’avance pas sur le processus de paix dans le cadre fixé par l’ONU, la position de l’UE sur la Syrie ne change pas. Cela signifie : pas de normalisation des relations, pas de reconstruction sans normalisation, pas de levée des sanctions tant qu’il n’y a pas de solution politique respectant les résolutions des Nations unies », selon Peter Stano, porte-parole de J. Borrell, chef de la diplomatie européenne.

Les Européens restent donc sur leur position tant que la résolution 2254 de l’ONU n’est pas appliquée ; ils soulignent qu’ils n’abandonnent pas pour autant la population syrienne et qu’ils restent les premiers donateurs d’aide humanitaire en Syrie.

A rappeler aussi que Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, a rencontré dimanche à Riyad le prince héritier Mohammed ben Salmane, avec qui il a notamment évoqué les efforts de paix au Yémen, a annoncé Washington. Cette rencontre intervient dans un contexte de tensions entre Ryad et Washington, qui accuse la riche monarchie pétrolière du Golfe, un proche partenaire, de violations des droits humains et de connivence avec la Russie sur les prix du brut.

Sullivan et « MBS », dirigeant de facto du royaume, ont abordé « les progrès significatifs réalisés dans les pourparlers visant à consolider la trêve au Yémen » et à « mettre fin à la guerre », a indiqué un communiqué de la Maison Blanche.

L’Arabie saoudite dirige depuis 2015 une coalition militaire au Yémen voisin pour appuyer les forces pro-Hadi contre celles de Sanaa, soutenues par le mouvement houthi Ansarullah, soutenu par l’Iran. Le Yémen connaît une période d’accalmie depuis une trêve négociée par l’ONU en avril 2022, toujours globalement respectée sur le terrain malgré son expiration officielle en octobre.
Des négociations ont repris le mois dernier entre Saoudiens et Houthis à Sanaa, capitale du Yémen prise par les rebelles en 2014.

Ces nouveaux pourparlers, qui n’ont pas abouti à des décisions concrètes, ont eu lieu en plein réchauffement diplomatique entre les Saoudiens et le pouvoir iranien, bête noire de Washington.

La visite du conseiller US intervient également au moment où l’Arabie saoudite accueille des négociations préliminaires sur une trêve au Soudan, après plus de trois semaines de combats violents entre militaires et paramilitaires.
Ces discussions n’ont pas permis de « progrès majeurs » pour l’instant, a affirmé lundi à l’AFP un diplomate saoudien.

Outre les dirigeants saoudiens, le haut responsable US a rencontré les conseillers à la sécurité nationale de deux autres partenaires stratégiques, les Emirats arabes unis et l’Inde, « pour faire avancer leur vision commune » sur le Moyen-Orient. Selon le site américain Axios, la visite de J. Sullivan doit aussi porter sur la possibilité de « normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël » ainsi que sur un projet d’interconnexion ferroviaire entre pays arabes facilitant le commerce avec l’Inde.

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