La Russie « est prête à travailler sur le règlement du conflit en Ukraine avec l’Europe », mais les pays européens essaient de duper la Russie, a déclaré Vladimir Poutine. « Ils se comportent de manière incohérente et essayent de nous mener par le bout du nez. Ce n’est pas grave, nous y sommes déjà habitués. J’espère que nous ne commettrons aucune erreur fondée sur une confiance excessive en nos prétendus partenaires », a ajouté le président. Il a également déclaré que la Russie était favorable à la résolution de tous les conflits, y compris du conflit ukrainien, par des moyens pacifiques, mais « pas aux dépens » de la Russie.
Le maitre du Kremlin a réaffirmé que, puisqu’il n’y a pas eu d’élection présidentielle en Ukraine l’an dernier, les autorités civiles du pays n’ont plus de légitimité. Cela pourrait conduire à ce que des « formations néo-nazies » prennent les commandes du pays. « Des formations néonazies, comme le bataillon Azov, par exemple, et d’autres, commencent à diriger le pays. La question est de savoir ce que nous devons faire. Comment négocier avec eux ? » V. Poutine a rappelé que les Nations unies avaient déjà fait l’expérience de l’introduction d’une « gouvernance externe », par exemple au Timor oriental en 1999, dans certaines parties de l’ex-Yougoslavie et en Nouvelle-Guinée. Le président a proposé de suivre une voie similaire en Ukraine. « Donc, une telle pratique existe et en principe il serait possible sous les auspices des Nations unies, avec les États-Unis, même avec les pays européens, et bien sûr, avec nos partenaires et amis, de discuter de la possibilité d’une administration temporaire en Ukraine », a ajouté le chef du Kremlin. Cette mesure, selon le président, permettra d’organiser des élections en Ukraine et de « porter au pouvoir un gouvernement capable et jouissant de la confiance du peuple » afin de pouvoir ensuite dialoguer avec lui sur un traité de paix.
Le président a souligné qu’il ne s’agissait que d’une des options possibles et que la Russie était « favorable à la résolution de tout conflit, y compris celui-ci, par des moyens pacifiques ».
V. Poutine a également fait part aux marins des succès de l’armée russe sur le front. « La République populaire de Lougansk a été libérée à 99 %, les régions de Donetsk, Kherson et Zaporojié à plus de 70 %. Nos troupes, nos soldats avancent et libèrent chaque jour un territoire après l’autre, une localité après l’autre », a déclaré le président. Il a également ajouté que l’armée russe allait « achever » les forces ukrainiennes, d’autant que « sur toute la ligne de front, notre armée a l’initiative stratégique. Et il y a toutes les raisons de croire que nous les achèverons ». A ses yeux, l’armée russe gagnait du terrain bien que les parrains européens de Kiev aient exhorté les Ukrainiens à se battre jusqu’au dernier. « Les parrains européens, en particulier britanniques, comme l’ancien Premier ministre Johnson, ont convaincu les autorités ukrainiennes qu’il fallait se battre jusqu’au bout », a encore précisé V. Poutine.
Rome résiste
A signaler que Giorgia Meloni, Première ministre italienne, refuse toute implication militaire de l’Italie en Ukraine et propose de trouver une alternative aux projets franco-britanniques. Elle insiste sur l’importance d’inclure les États-Unis dans les discussions de paix.
Le 27 mars, lors d’un sommet européen organisé à Paris en présence de Volodymyr Zelensky, G. Meloni a confirmé que l’Italie ne participerait pas à une éventuelle force militaire en Ukraine. « Aucune participation nationale à une force militaire sur le terrain n’est prévue » par Rome, a-t-elle déclaré. Alors que la France et le Royaume-Uni proposent la mise en place d’une « force de réassurance » pour garantir un futur cessez-le-feu, l’Italie prend ses distances. La dirigeante italienne a exprimé son souhait de voir « une délégation américaine présente à la prochaine réunion de coordination des alliés européens de l’Ukraine ».
Dans une interview exclusive au Financial Times publiée le 22 mars, G. Meloni a dénoncé comme « puéril » le débat imposant à l’Italie de choisir entre les États-Unis et l’Union européenne. Elle a rappelé que son pays « défend ses intérêts nationaux » et qu’elle-même se considérait comme un pont possible entre les deux rives de l’Atlantique. « Je suis conservatrice. Trump est un dirigeant républicain. Je suis sans doute plus proche de lui que de beaucoup d’autres », a-t-elle confié. Plutôt que d’envoyer des soldats européens à proximité du front, G. Meloni propose d’étendre à l’Ukraine la clause de défense mutuelle de l’OTAN (article 5), sans pour autant intégrer Kiev à l’Alliance. D’après elle, cela serait « plus facile et plus efficace que les autres idées sur la table ». Cette proposition, qu’elle juge moins provocatrice à l’égard de Moscou, viserait à offrir des garanties de sécurité en cas de nouvelle agression, sans installer de bases militaires sur le sol ukrainien.
Les réactions à ce plan sont partagées. Certains responsables européens doutent de sa faisabilité. Mais G. Meloni maintient que cette approche serait plus équilibrée et moins risquée qu’un déploiement militaire occidental. Elle a également salué, lors du sommet de Paris, l’idée d’impliquer l’ONU pour surveiller un éventuel cessez-le-feu et protéger les infrastructures civiles, comme les hôpitaux et les écoles.
L’Italie, comme la Croatie, s’oppose donc clairement aux ambitions militaires portées par la France et le Royaume-Uni. Le président croate Zoran Milanovic a indiqué que Zagreb « ne sera pas impliqué en Ukraine sous quelque forme que ce soit », invoquant l’absence d’un véritable accord de paix et le refus de la Russie. En misant sur un alignement avec Washington plutôt que sur une initiative européenne isolée, G. Meloni cherche à repositionner l’Italie comme un acteur modérateur et réaliste dans le conflit ukrainien.