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La junte soudanaise lâche du lest : Une vague de détenus relaxés

Le régime de Khartoum est aux abois. Il lâche du lest pour chercher une issue à la crise politico-institutionnelle qui perdure et gérer au mieux la question du Darfour où mort d’hommes il y a eu.

Deux figures de proue de l’opposition soudanaise ont été libérées après deux mois de prison. Il s’agit de Khaled Omar Youssef,ancien ministre du gouvernement civil et d’un ancien membre du Conseil souverain, qui avaient été arrêtés début février par les autorités militaires lors d’une importante vague d’interpellations. Ils étaient détenus à la prison de Kober à Khartoum.

L’élargissement mardi 26 mars de ex-ministre faisant partie de la principale alliance politique civil du pays, les Forces de la liberté et du changement (FLC), a été suivie, dans la foulée, par celle de Mohammed al-Fekki Suleiman, ancien membre du Conseil souverain. Il était également président du comité chargé de récupérer les biens spoliés par l’ancien régime d’Omar El Béchir. Le comité a depuis été dissous par la junte. Le lendemain de ce geste fait par la junte, Azhari al-Haj, avocat qui avait plus tôt annoncé la libération de son client Mohammed al-Fekki, a assuré à l’AFP que « tous les dirigeants du FLC qui étaient détenus ces dernières semaines ont été libérées ». Taha Othman, Wagdi Saleh et Abibakr Faisal, tous membres des FLC ont aussi été relaxés.

Début avril, les autorités militaires avaient promis de libérer des détenus politiques pour ouvrir la voie à un dialogue inter-soudanais. Mais pour l’opposition, la junte a été forcée de le faire. Six mois après le coup d’État du général al-Burhan, le pays n’a toujours pas de gouvernement civil. Et pour espérer débloquer l’aide étrangère, les militaires ont dû céder à la pression internationale. La situation économique s’est aussi dégradée et les manifestations contre le putsch ne se sont pas essoufflées.

Selon l’ONU, depuis le putsch militaire, un millier de personnes ont été détenues dont 148 enfants, 94 autres ont été tués et 13 cas de viols de femmes ont été recensés. Le représentant spécial de l’ONU pour le Soudan, Volker Perthes, s’est félicité sur Twitter des libérations qui « font suite à la décision du juge responsable selon laquelle il n’y a pas de motif pour leur détention ».

Human Rights Watch a indiqué jeudi dans un rapport que les forces de sécurité soudanaises détiennent, depuis décembre, des centaines de manifestants qui sont frappés et maltraités. Selon l’organisation, des enfants détenus ont été entièrement dénudés et des femmes ont été menacées de violence sexuelle. HRW appelle les partenaires du Soudan à imposer des sanctions individuelles envers les responsables de ses exactions.

Massacres au Darfour

Au-delà de la crise politico-institutionnel qui plonge le pays dans l’incertain, force est de souligner que ce qui se passe au Darfour n’est pas moins inquiétant. En effet, au moins 213 personnes ont été tuées au Darfour-Ouest depuis une semaine, selon les autorités de la région. Des heurts condamnés par l’ONU qui a réclamé mercredi 27 avril une enquête rapide et indépendante.

Les violences ont débuté vendredi dernier dans la ville de Kreinik, majoritairement habitée par la tribu des Massalit. Elles se sont propagées vers El-Geneina, la capitale du Darfour-Ouest, à environ 80 km. Depuis lundi, Geneina est une ville morte : tous les centres de santé sont fermés ainsi que le marché principal et l’aéroport. Et la situation est toujours tendue, en dépit du déploiement de forces armées soudanaises dans le centre-ville et sur les avenues principales.  Les combats ont opposé les Forces de soutien rapide du général Hemetti, numéro 2 de la junte soudanaise, à un mouvement rebelle signataire des accords de paix de Juba.

Pour Adam Rojal, coordinateur des camps de déplacés dans la région, c’est la preuve que le conflit est politique. « Les gens décrivent ce qui se passe ici comme des affrontements tribaux. C’est une erreur ! On est en présence de milices qui attaquent avec des armes financées par l’État et le soutien des Forces de soutien rapide. Ils veulent continuer le génocide au Darfour. » Dans le village de Kreinik, théâtre de massacres dimanche dernier, les habitants se disent encerclés par des milices armées. Impossible de sortir, impossible de recevoir de l’aide.

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