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La Cédéao au chevet du Niger : Rattrapage difficile…

Une délégation mandatée par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est attendue à Niamey dans le cadre de la crise nigérienne consécutive à un coup d’État. Le sultan de Sokoto, l’un des chefs religieux les plus influents du nord du Nigeria, frontalier du Niger, en fait partie.
La Cédéao au chevet du Niger : Rattrapage difficile…

Mercredi, les chefs d’état-major des pays membres de la Cédéao se réunissent à Abuja pour discuter d’une éventuelle intervention militaire. En attendant, place à la diplomatie. Ainsi, une première délégation de la Cédéao est attendue août 2023 à Niamey, avec à sa tête le général Abdulsalami Abubakar, ancien président nigérian.Selon une source au sein de la Cédéao, le sultan de Sokoto au Nigeria, Muhammadu Sa’adu Abubakar, fera également partie de cette délégation, comme l’annonçait le site Africa Intelligence. Une délégation qui s’entretiendra donc avec les militaires putschistes qui ont pris le pouvoir le 26 juillet dernier.

Ce sera la première médiation menée par l’organisation régionale au Niger depuis le coup d’État. Avant cela, Mahamat Déby Itno, chef de l’Etat tchadien,  s’était rendu le 30 juillet à Niamey pour tenter une première médiation. C’était là une initiative uniquement tchadienne. Le président de la transition du Tchad s’était alors entretenu avec le président Mohamed Bazoum, avec le général Abdourahmane Tchiani, chef de la junte, ainsi qu’avec l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou.

La délégation de la Cédéao a pris le chemin de Niamey trois jours après la réunion des chefs d’État de la Cédéao. Ces derniers ont décidé dimanche de taper du poing sur la table en sanctionnant durement le Niger et en fixant un ultimatum d’une semaine pour un retour à l’ordre constitutionnel.

L’option de l’intervention militaire de la Cédéao est plus que d’actualité. Les chefs d’état-major devraient en décider à Abuja au Nigeria, pays qui a décidé de suspendre l’alimentation en électricité du Niger. Les chefs d’état-major des pays de la Cédéao ont une feuille de route bien précise : élaborer le plan d’intervention au Niger, sa stratégie, ses aspects logistiques et son calendrier, laisse-t-on entendre.

Patrice Talon et Bola Tinubu, président en exercice de la Cédéao arrivé à Cotonou mardi pour la fête de l’indépendance du Bénin, ont évoqué la situation au Niger. Plusieurs chefs d’État membres et même non-membres de la Cédéao sont mobilisés et très engagés dans le dossier nigérien et prônent le retour à l’ordre constitutionnel.

Sur ces entrefaites, la France a commencé à évacuer ses ressortissants du Niger, selon un message adressé hier par l’ambassade de France à Niamey aux ressortissants français. Un premier avion s’est posé à Niamey vers 14h30, heure locale, le second, deux heures plus tard, et un troisième est attendu dans la soirée. Tous ces appareils sont partis d’une base de sud de la France mardi.

En tout, sur les 1 200 Français vivant au Niger, 600 ont demandé à quitter le pays. En plus, des ressortissants européens doivent être évacués par Paris. Côté Français, on espère pouvoir achever l’opération dans les 24 prochaines heures À noter que seuls les civils sont concernés par cette opération. L’évacuation des militaires français n’est en revanche pas « à l’ordre du jour » prévient l’état-major des armées.

L’Allemagne a recommandé « à tous ses ressortissants à Niamey d’accepter l’offre » de la France de les évacuer à bord des avions qu’elle a affrétés. De son côté, l’Italie a annoncé mardi se tenir prête à rapatrier par avion ses ressortissants qui le souhaiteraient.

Le 31 juillet 2023, les putschistes du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie ont accusé la France de vouloir « intervenir militairement », ce qu’a démenti la cheffe de la diplomatie française. « C’est faux », a déclaré Catherine Colonna sur BFMTV. « Il faut démonter les intox et ne pas tomber dans le panneau », a-t-elle également ajouté au sujet de slogans anti-français lancés lors d’une manifestation devant l’ambassade de France à Niamey, le 30 juillet.

L’Algérie a réagi mardi aux décisions prises lors du sommet de la Cédéao dimanche. Dans un communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères juge l’implication militaire envisagée par la Cédéao comme une option « malheureuse ». Sans jamais citer l’organisation ouest-africaine, la diplomatie « met en garde et appelle à la prudence et à la retenue face aux intentions d’interventions militaires étrangères (…), qui ne sont que des facteurs de complication et d’aggravation de la crise actuelle ».

Le gouvernement algérien estime que « le retour à l’ordre constitutionnel doit impérativement s’accomplir par des moyens pacifiques », afin d’éviter au Niger et à l’ensemble de la région « un surcroit d’insécurité et d’instabilité ».

L’Algérie fait partie des états ayant condamné le coup d’État dès ses premières heures. Elle profite de ce nouveau communiqué pour « réaffirmer son soutien au président légitime du Niger », M. Bazoum.

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