La réouverture du poste de douane de Melilla, fermé par le Maroc en 2018, ainsi que celui de Sebta, seront au cœur des négociations entre les chefs de diplomatie des deux pays. Selon les médias espagnols, des sources bien informées ont confirmé que « le voyage du ministre, sa première visite officielle dans cette législature, aura lieu à l’invitation du Maroc et durera 24 heures, ce qui souligne son importance ».
Ainsi, J.M. Albares accomplira le geste traditionnel des présidents de gouvernement qui effectuaient leur premier voyage en dehors de l’Europe au Maroc. « Dans son cas, Pedro Sánchez ne l’a pas fait. Son premier voyage à l’étranger a été pour visiter Israël, la Palestine et l’Égypte, en plein conflit au Moyen-Orient », citent les journaux espagnols.
Juan José Imbroda, président de Melilla, s’est montré quant à lui « très sceptique » quant au voyage du ministre des Affaires étrangères espagnol prévu mercredi au Maroc. En réponse aux questions des journalistes, il a déclaré que « c’est bien que les deux côtés discutent », mais il pense qu’il est préférable qu’ils ne le fassent pas « si c’est pour rien ». Faisant ainsi référence à la situation actuelle à la frontière de Melilla, où le bureau de douane commercial est fermé depuis 2018.
Côté marocains, les habitants de Nador ont accueilli cette nouvelle avec espoir. Ils aspirent à retrouver, comme par le passé, la possibilité d’entrer sans visa dans le préside occupé de Melilla.
Bien que les tensions diplomatiques entre Rabat et Madrid se soient apaisées, le point de passage commercial de Beni Enssar (Nador) reste inactif. En 2018, le Maroc avait suspendu les échanges douaniers avec l’Espagne à Melilla en raison des effets néfastes de la contrebande espagnole sur les économies des régions marocaines avoisinantes. La reprise du trafic commercial, tant attendue par les habitants de Nador, est essentielle pour la revitalisation économique de l’enclave espagnole. Melilla a subi d’importantes pertes économiques depuis la fermeture du bureau de douane. En 2017, avant la suspension, la Confédération des entrepreneurs de Melilla (CEME-CEOOE) avait enregistré un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros dans les transactions commerciales, mais ces statistiques ont chuté drastiquement après la fermeture, étant donné que 70 % des marchandises entrantes à Melilla avant la fermeture étaient destinées au Maroc.
Malgré plusieurs tentatives pour rouvrir la douane commerciale, aucune n’a abouti. Le parti politique Coalition pour Melilla (Cpm), une quinzaine d’associations de quartier, l’Église évangélique, la Commission islamique de Melilla, ainsi que plusieurs associations de commerçants ont organisé une manifestation le 14 avril dernier, marchant jusqu’à la frontière pour exiger la signature d’un nouveau traité de bon voisinage avec le Maroc. Nul besoin de rappeler, à ce sujet, que la question dépasse le seul cadre du commerce. Rabat manœuvre pour remettre au goût du jour ses revendications territoriales historiques sur les Présides et les iles qui s’y rattachent.