« Avec Joe Biden, écrit-il, nous partageons 40 ans d’amitié, et notre alliance avec les États-Unis est inébranlable. Mais toute pression étrangère, y compris de pays amis, est inacceptable. » Cette réaction du Premier ministre israélien intervient à la suite d’une déclaration à la presse du président américain. J. Biden se dit « profondément préoccupé par la situation en Israël, et souligne la nécessité d’un compromis ». Cette inquiétude, affichée désormais au sommet de l’État à Washington, est réitérée depuis des mois par différents responsables américains, et notamment par Tom Nides, ambassadeur en poste en Israël.
Mais à chaque fois, les craintes US au sujet de la réforme de la justice suscitent des réactions épidermiques du gouvernement israélien. « Mêlez-vous de vos propres affaires », a ainsi lancé un ministre israélien, il y a quelques semaines.
Face à cette situation, Washington qui a toujours soutenu son allié israélien contre vents et marées, se retrouve dans une position délicate. Pas question d’aller au-delà de la pression verbale. Le soutien militaire, financier et diplomatique de l’État hébreu, n’est pas remis en cause. Mais B. Netanyahu n’est plus le bienvenu à Washington. « Aucune invitation à court terme n’est prévue », indique J.Biden.
Après des semaines de vive tension au terme desquelles Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense a été démis par B. Netanyahu, ce dernier a annoncé la suspension de son projet controversé. Pour les opposants à cette réforme judiciaire, c’est la séparation des pouvoirs et donc l’avenir de la démocratie israélienne qui est en jeu. Mais pour les organisations palestiniennes et israéliennes anti-occupation, la nature démocratique du régime israélien ne dépend pas que de ce projet de réforme. Elle passe aussi par une solution au conflit israélo-palestinien.
Trois organisations de défense des droits des Palestiniens, dont une israélienne, sont venus en France pour évoquer, avec des responsables politiques, l’évolution de la situation sur le terrain. L’organisation Yesh Din veut notamment alerter sur les pouvoirs attribués à Bezalel Smotrich, ministre des Finances, et chef de file de l’extrême droite, concernant les territoires occupés.
« Pratiquement tous les pouvoirs concernant la vie civile en Cisjordanie ont été confiés à un ministre israélien civil qui agira uniquement dans l’intérêt d’Israël et qui ne prendra pas du tout en compte les droits et les besoins des Palestiniens, estime Chanah Dulin, directrice des relations internationales de Yesh Din. Ses aspirations à légaliser toutes les colonies sauvages et étendre les autres sont très claires. Et il a reçu un budget très conséquent pour mettre en œuvre ses plans. »
En droit international, ces prérogatives sont pourtant celles de l’armée occupante. Le transfert à une autorité civile constitue donc, pour Yesh Din, une annexion de facto de la Cisjordanie. Elle entérine l’existence d’un double système : un pour les Palestiniens, un pour les Israéliens. Une dualité qui définit la nature du régime israélien, estime Rami Saleh, directeur de l’organisation palestinienne Jerusalem Legal Aid Center. « Nous savons que ce n’est pas un État démocratique. C’est une illusion que les Israéliens veulent faire passer aux Européens et aux Américains, mais ce n’est pas une démocratie. C’est un vrai État apartheid, et l’apartheid est contraire à la démocratie », tranche-t-il.
Vivement combattu par Israël, ce terme d’apartheid est désormais repris par un certain nombre d’organisations internationales. Et pour cette délégation, les politiques du gouvernement Netanyahu permettent de mettre en lumière les inégalités de traitement entre Israéliens et Palestiniens.