Pretoria a saisi en urgence la plus haute juridiction des Nations unies, qui siège à La Haye, pour qu’elle enjoigne à Israël de « suspendre immédiatement ses opérations militaires » dans la bande de Gaza. Selon l’Afrique du Sud, Israël rompt ses engagements pris en vertu de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l’Holocauste.
En tant que cosignataire du traité, Pretoria peut poursuivre Israël devant la CIJ, qui statue sur les différends entre Etats.
Dans sa requête de 84 pages, l’Afrique du Sud reconnaît le « poids particulier de la responsabilité » de l’accusation de génocide contre Israël et condamne « sans équivoque » l’attaque du Hamas du 7 octobre. Mais les actions israéliennes à Gaza sont destinées « à provoquer la destruction d’une partie substantielle du groupe national, racial et ethnique palestinien », accuse-t-elle.
Pas de quoi réjouir Israël. « Il n’y a rien de plus atroce et absurde que cette affirmation », a réagi Isaac Herzog, président israélien. « Nous serons devant la Cour internationale de Justice et nous présenterons fièrement notre cas de légitime défense (…) en vertu du droit international humanitaire », a-t-il ajouté.
Des représentants des deux pays s’exprimeront lors d’audiences jeudi et vendredi. S’agissant d’une procédure d’urgence, la CIJ pourrait se prononcer dans quelques semaines. Ses décisions sont sans appel et juridiquement contraignantes, mais elle n’a aucun pouvoir pour les faire appliquer.
En mars 2022, la CIJ avait ordonné à la Russie de « suspendre immédiatement » son invasion de l’Ukraine, une injonction complètement ignorée par Moscou.
A rappeler que la Tunisie a signalé vouloir présenter des revendications verbales sur Israël à La Haye, mais ne participera pas officiellement à l’affaire, car cela pourrait impliquer indirectement la reconnaissance d’Israël, a déclaré la diplomatie tunisienne. Dans un communiqué, elle assure ne pas participer au déroulé de l’affaire contre Israël à la CIJ, car cela pourrait être considéré comme une « reconnaissance indirecte » d’Israël. Le communiqué indique qu’une demande a été faite le 14 décembre pour inclure la Tunisie dans la liste des pays présentant des revendications verbales à la CIJ.
Pour rappel, l’Afrique du Sud a intenté une action en justice le 29 décembre dernier, affirmant qu’Israël avait violé la Convention des Nations unies de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide par ses actions à Gaza depuis le 7 octobre, et demandant une injonction.
La Turquie, la Bolivie et la Malaisie ont déjà manifesté leur soutien à cette affaire. Au même titre que l’Irak. L’Organisation de la coopération islamique (OCI), le deuxième bloc multinational le plus important au monde, a également salué l’action en justice intentée par l’Afrique du Sud.
L’assaut israélien a laissé Gaza en ruines : 60% des infrastructures de l’enclave ont été endommagées ou détruites et près de 2 millions d’habitants ont été déplacés en raison de graves pénuries de nourriture, d’eau potable et de médicaments. Cela sans parler des boucheries à ciel ouvert menées par l’armée sioniste. Au moins 10 enfants perdent leurs jambes chaque jour dans la Bande de Gaza, en raison de la guerre que mène Israël contre les Palestiniens depuis le 7 octobre dernier, d’après l’organisation humanitaire Save the children.
Citant l’agence des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’organisation humanitaire britannique a rapporté dimanche que « 1000 enfants à Gaza ont perdu une jambe ou les deux depuis le début du conflit ». La plupart des chirurgies pratiquées sur les enfants ont été réalisées sans anesthésie, souligne encore Save the children qui déplore le manque de personnel médical et d’équipement médical dans la région.
« La souffrance des enfants dans ce conflit est inimaginable », a déclaré Jason Lee, coordinateur de l’OMS en Palestine.