L’article, publié vendredi sous le titre « Welcome to Dearborn, America’s Jihad Capital » (« Bienvenue à Dearborn, capitale américaine du djihad »), laissait entendre que les habitants de la ville, dont des chefs religieux et des hommes politiques, soutenaient le Hamas palestinien, déclaré terroriste aux USA, et l’extrémisme.
L’article a suscité l’indignation d’Abdullah Hammoud, maire de Dearborn, ainsi que de plusieurs législateurs américains et défenseurs des droits du Council on American-Islamic Relations (CAIR) et de l’Arab American Anti-Discrimination Committee (AADC). Samedi, il a décidé de renforcer la présence policière dans les lieux de culte et autres lieux publics après « une augmentation alarmante de la rhétorique sectaire et islamophobe en ligne visant la ville de Dearborn ».
Dimanche après-midi, aucune agitation n’avait été signalée à Dearborn, une banlieue d’environ 110 000 habitants qui jouxte Détroit.
J. Biden, sans se référer directement au Wall Street Journal ou à l’auteur de l’article d’opinion, a déclaré sur X qu’il était erroné de blâmer « un groupe de personnes sur la base des paroles d’un petit nombre de personnes ». « C’est exactement ce qui peut conduire à l’islamophobie et à la haine anti-arabe, et cela ne devrait pas arriver aux habitants de Dearborn – ni d’aucune autre ville américaine », a-t-il encore affirmé sur le réseau social.
La ville compte l’un des pourcentages les plus élevés d’Américains d’origine arabe parmi les villes américaines, les chiffres du recensement montrant qu’elle compte environ 54 % d’Américains d’origine arabe.
« Imprudent. Sectaire. Islamophobe », a déclaré A. Hammoud samedi à propos de l’article du Wall Street Journal rédigé par Steven Stalinsky, directeur exécutif de l’Institut de recherche sur les médias du Moyen-Orient (MEMRI).
J. Biden, qui est candidat à sa réélection, a lui-même fait l’objet de critiques et de protestations de la part de Dearborn et de voix anti-guerre dans tout le pays pour le soutien de son administration à Israël dans ses opérations à Gaza.
S. Stalinsky a déclaré qu’il maintenait son article et a ajouté que des vidéos compilées par son institut montraient que « des sermons et des marches choquants anti-américains et pro-jihad » avaient eu lieu dans la ville. Reuters n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante le lieu où la date à laquelle les vidéos ont été filmées.
Les défenseurs des droits de l’Homme ont constaté une montée de l’islamophobie, des préjugés anti-palestiniens et de l’antisémitisme aux États-Unis depuis l’éclatement de la guerre au Moyen-Orient en octobre. Parmi les incidents anti-palestiniens qui ont suscité l’inquiétude, on peut citer la fusillade contre trois étudiants d’origine palestinienne dans le Vermont en novembre et l’assassinat à l’arme blanche d’un Américain d’origine palestinienne âgé de 6 ans à peine dans l’Illinois en octobre.
Certains membres démocrates du Congrès US, dont les représentants Pramila Jayapal et Ro Khanna et les sénateurs Gary Peters et Debbie Stabenow, ont également condamné l’article d’opinion du Wall Street Journal, P. Jayapal exigeant des excuses de la part du quotidien. Une organisation civile américaine a annoncé que les plaintes liées à l’hostilité envers les musulmans, notamment les Palestiniens, aux États-Unis ont augmenté de 178 % depuis l’opération Déluge d’Al-Aqsa, le 7 octobre.
Le Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR), la plus grande organisation de défense des droits civiques des musulmans aux États-Unis, a publié des chiffres sur les cas de haine et de discrimination qui se sont multipliés ces derniers mois dans le pays. Le Conseil a indiqué qu’au cours des trois derniers mois de 2023, il a reçu 3 578 plaintes liées à des incidents d’hostilité envers les musulmans, en particulier les Palestiniens, et à des incidents liés à l’islamophobie, ce qui représente une augmentation de 178% par rapport à la même période en 2022.
Parmi ces plaintes, les trois premières plus fréquentes étaient la discrimination sur le lieu de travail avec 662 cas, les crimes et incidents de haine avec 472 cas, et la discrimination dans le domaine de l’éducation avec 448 cas, selon le conseil, cité par l’agence turque Anadolu. Le Conseil a noté que « la vague de haine antimusulmane et anti-palestinienne se poursuit ».