Ce 1er novembre à l’aube, le ministère de la Défense a déclaré sur sa chaîne Telegram que 83 drones ukrainiens avaient été interceptés au-dessus des régions russes au cours de la nuit. Un peu plus tôt, Alexeï Smirnov, gouverneur de la région de Koursk, a annoncé que 61 drones ukrainiens avaient été abattus dans sa région. À Briansk, un drone a attaqué un immeuble d’habitation, blessant une personne, a écrit vers 2 heures du matin le gouverneur Alexandre Bogomaz.
Le 29 octobre, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a signalé qu’un drone avait frappé un bâtiment vide de l’université des forces spéciales russes à Goudermes. L’incendie provoqué par l’impact a été maîtrisé et il n’y a pas eu de victimes. Il s’agit de la première attaque de ce type sur le territoire de la Tchétchénie. Fondé en 2013, à l’initiative de R. Kadyrov, cet établissement privé est le seul en Russie dédié à la formation professionnelle des forces spéciales. La Défense russe annonce quotidiennement la destruction de drones ukrainiens au-dessus du territoire de la Russie depuis le début de l’opération militaire spéciale.
Médiation turque condamnée
Dans un entretien au quotidien turc Hürriyet, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a attiré l’attention sur le conflit en Ukraine, déclarant que la paix n’était « pas dans les plans » de Kiev et de ses soutiens occidentaux, ce qui, à ses yeux, ne laissait « aucune chance » à une médiation de la Turquie. «Pour l’instant, la paix n’est pas dans les plans de nos adversaires », a-t-il ajouté. Relevant que « la réponse de l’Ukraine à l’initiative de paix lancée par le président Vladimir Poutine en juin de cette année a été l’invasion de la région de Koursk par l’armée ukrainienne ».
« Washington et ses alliés soutiennent pleinement Kiev et discutent de la possibilité d’utiliser des missiles occidentaux à longue portée pour frapper la Russie en profondeur. Dans un tel contexte, les efforts de médiation de n’importe quel pays, la Turquie y compris, n’ont pratiquement aucune chance d’aboutir », a poursuivi le chef de la diplomatie russe. Lequel a relevé que la Russie « apprécie hautement les efforts de la Turquie pour résoudre la crise ukrainienne », tout en notant qu’Ankara poursuivait sa coopération militaro-technique avec Kiev, ce qui rend Moscou « perplexe » quant aux déclarations des autorités turques sur leur volonté de contribuer à la résolution de la crise ukrainienne.
« La Russie est ouverte à un règlement politique. Il ne devrait pas s’agir d’un cessez-le-feu temporaire, mais de mettre fin au conflit en éliminant ses causes profondes. Il s’agit notamment de l’expansion de l’OTAN vers l’Est, de la création de menaces pour les intérêts vitaux de la Russie en matière de sécurité et des infractions par le régime de Kiev aux droits des Russes et des résidents russophones de l’Ukraine », a résumé le diplomate.
Début juillet, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, avait déclaré qu’étant donné que Kiev rejetait tout dialogue avec Moscou, personne ne pouvait devenir médiateur entre la Russie et l’Ukraine pour résoudre le conflit. « Pour l’instant, il est vrai que [Erdogan] ne peut pas [être médiateur], car l’Ukraine rejette tout dialogue avec la Russie – avec ou sans médiateur. L’Ukraine a résolument rejeté le plan de paix de Poutine », avait-t-il expliqué. « Par conséquent, pour l’instant, ni Erdogan ni personne d’autre ne peut jouer le rôle de médiateur », avait insisté D. Peskov. Parallèlement, selon les déclarations de V. Poutine lors d’un discours au ministère russe des Affaires étrangères en juin, « de nombreux hommes politiques occidentaux ont proposé leur médiation » en vue de parvenir à une résolution politique du conflit en Ukraine.
Pas de gel du conflit
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, le 31 octobre, sur les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine, Vassili Nebenzia, représentant de la Russie auprès de l’ONU, a déclaré que Moscou ne permettrait pas un « gel du conflit » en Ukraine afin que « le régime de Zelensky puisse panser ses plaies ».
« Nous voulons avertir d’emblée qu’il n’y aura pas de répétition du scénario des accords de Minsk, pas de gel du front pour que le régime de Zelensky puisse “panser ses plaies” », a déclaré l’ambassadeur russe. Ce dernier a également réitéré que la Russie ne permettrait pas à l’Ukraine de rejoindre l’OTAN.
V. Nebenzia a assuré aux membres de l’ONU que les objectifs de la Russie dans le cadre de l’opération militaire spéciale, notamment la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine, demeuraient inchangés. « Mais ce qui change, et rapidement, c’est la taille du territoire qui reste sous le contrôle du régime de Kiev. Je conseille à tous ceux qui encouragent leurs complices ukrainiens de ne pas l’oublier », a également déclaré le diplomate russe. Celui-ci a exhorté les représentants des pays occidentaux à « penser non pas à la clique de Zelensky, mais au peuple ukrainien », dont les intérêts à long terme, selon lui, résident dans la paix et le « bon voisinage avec la Russie ».
Le 29 octobre, les autorités ukrainiennes ont annoncé la mobilisation de 160 000 hommes supplémentaires. Une levée, sur trois mois, qui viserait à regarnir à 85% les rangs de l’armée kiévienne avait déclaré Oleksandr Lytvynenko, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, lors d’une réunion de la Rada ukrainienne, le 29 octobre. La veille de cette annonce, le Wall Street Journal avait rapporté que les autorités ukrainiennes considéraient l’extension de la mobilisation comme une mesure efficace uniquement si elle était soutenue par les pays occidentaux, qui fourniraient armes et équipements supplémentaires. Selon cette publication, l’Ukraine a été en mesure d’équiper pleinement moins de quatre des 14 brigades nécessaires pour changer le cours du conflit.