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Instabilité au Soudan : Les combats ont déjà fait plus de 400 morts

L’armée soudanaise s’oppose toujours, en ce jour de fête qui marque la fin du ramadan aux paramilitaires vendredi à Khartoum alors qu’un cessez-le-feu a été décrété la veille. Ces affrontements, qui ont éclaté à la mi-avril au Soudan, ont déjà fait plus de 400 morts et plus de 3 500 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Un humanitaire travaillant pour l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a été tué au sud d'El Obeid.
Instabilité au Soudan

Sanglant est l’Aïd el-Fitr au Soudan, les combats n’ont pas cessé malgré l’annonce d’un énième cessez-le-feu le 20 avril 2023. Les rues sont désertes. Seuls des soldats sont visibles, déployés aux intersections, aux angles des habitations. Les muezzin n’ont même pas pu appeler les fidèles à la prière. L’aviation de l’armée régulière poursuit ses raids contre les positions des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dans le centre-ville. Ces dernières répondent dispersées dans les quartiers résidentiels.

La veille, le général Hemedti, chef des FSR, s’est montré ouvert à un cessez-le-feu. Mais le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée régulière, apparu à la télévision, semble avoir refusé.

Les dirigeants des Nations unies, de l’Union africaine, de la Ligue arabe et de l’organisation sous-régionale Igad, se sont réunis virtuellement jeudi pour réclamer à nouveau un cessez-le-feu. Mais rien n’y fait, même si Antonio Guterres avait fait d’un cessez-le-feu de trois jours une « priorité immédiate » pour « permettre aux civils piégés dans les zones de combat de fuir et de chercher de l’aide médicale, de la nourriture et d’autres provisions essentielles ».  Pour le secrétaire général des Nations unies, l’accalmie réclamée, après une réunion virtuelle notamment avec des responsables de l’Union africaine, de la Ligue arabe et de l’Union européenne, « doit être la première étape pour permettre un répit dans les combats et ouvrir la voie à un cessez-le-feu permanent ». Interrogé sur l’échec des appels à parvenir à une trêve jusqu’à présent, A. Guterres a insisté sur le fait que « toutes les parties au conflit sont musulmanes » et sur ce « moment important du calendrier musulman ». « Je pense que c’est le bon moment pour qu’un cessez-le-feu puisse tenir », a-t-il estimé.

« Nous sommes en contact avec les parties, nous pensons que c’est possible, mais tout le monde doit être uni pour mettre la pression pour que ce cessez-le-feu puisse avoir lieu », a ajouté le patron de l’ONU, jugeant cette trêve « absolument cruciale », des centaines de personnes ayant été tuées et blessées. « La cessation des hostilités doit être suivie par un dialogue sérieux pour permettre le succès d’une transition, à commencer par la nomination d’un gouvernement civil », a-t-il plaidé.

A. Guterres mise donc sur la réussite de cette nouvelle demande de trêve, alors que les tentatives de médiations des organisations internationales et régionales sont très difficiles depuis le début du conflit. L’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) avait annoncé une visite de trois dirigeants de l’organisation sous-régionale à Khartoum : Ie Djiboutien Ismail Omar Guelleh, le Sud-Soudanais Salva Kiir et le Kényan William Rutto. Ils devaient amorcer une médiation, mais l’aéroport de la capitale soudanaise, encore bombardé hier, demeure fermé. Impossible pour eux, comme pour le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, de faire le déplacement. « Nous avons besoin de toute urgence d’une trêve humanitaire. Le nombre de personnes tuées est élevé et les opérations humanitaires sont sérieusement entravées. Les combats, les attaques contre les aéroports, et les autres infrastructures indispensables aux opérations humanitaires ont rendu les opérations pratiquement impossibles. Les véhicules, les entrepôts sont attaqués, pillés, dévalisés. Des cas de harcèlement et de violences sexuelles nous ont aussi été rapportés et cela nous préoccupe. Avant ces violences déjà, les besoins étaient très élevés… 15 millions de personnes environ ont besoin d’aide humanitaire au Soudan. Il faut que les gens aient accès à l’essence, à la nourriture, et aux autres bien de première nécessité pour eux et leur famille. Il faut que l’aide humanitaire puisse atteindre les millions de personnes qui en ont besoin », a révélé Abdou Dieng, coordonnateur de l’ONU au Soudan.

Les États-Unis dépêchent par ailleurs des militaires dans la région du Soudan pour faciliter une éventuelle évacuation du personnel de leur ambassade, dans le contexte des combats entre l’armée soudanaise et les paramilitaires à Khartoum, a annoncé jeudi le Pentagone.  « Nous envoyons des forces supplémentaires dans la région pour sécuriser et faciliter l’éventuel départ du Soudan du personnel américain de l’ambassade, au cas où les circonstances l’imposeraient », a indiqué un communiqué du Pentagone, qui ne précise pas le pays ni le nombre de soldats impliqués.

Entre 10 000 à 20 000 personnes ont fui les combats en cours au Soudan pour trouver refuge au Tchad voisin, selon les équipes du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) présentes à la frontière.

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