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Instabilité au Pérou : Le Président P. Castillo destitué…

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Alors que le Parlement monocaméral péruvien allait se réunir pour débattre d'une motion pour le destituer, Pedro Castillo a ordonné, mercredi, la dissolution du Congrès et l'établissement d'un « gouvernement d'exception ». En vain, car le Congrès s'est quand même réuni pour voter la vacance de la présidence et sa remise entre les mains de la vice-présidente. Lâché de tous, P. Castillo a été arrêté.
Le Président P. Castillo destitué…

« Couvre-feu national à partir d’aujourd’hui », entre 22 heures et 4 heures, a cru décréter le président péruvien mercredi. Les personnes « en possession d’armes illégales » ont désormais 72 heures pour les rendre, ajoutait-il. Système judiciaire, pouvoir judiciaire, ministère public, Conseil national de la justice, Cour constitutionnelle ont été déclarés, dans la foulée, en réorganisation.

Peu avant que le Congrès de la République du Pérou ne se réunisse à Lima pour débattre d’une motion visant à destituer le président, ce dernier a ainsi tenté de prendre les devants dans un message à la nation. Il a proclaméla dissolution « temporaire » dudit Congrès, l’établissement d’un « gouvernement d’urgence exceptionnel », et enfin l’établissement « dans les plus brefs délais » d’un Congrès constituant. Dans l’esprit du chef de l’État, d’ici à la rédaction d’une nouvelle Constitution par ladite Constituante, donc, « dans un délai ne dépassant pas neuf mois », précisait-il, « le gouvernement sera régi par un décret-loi ». Et P. Castillo de garantir que la police nationale allait consacrer « tous ses efforts à la lutte réelle et efficace contre le crime, la corruption et le trafic de drogue, ce pour quoi elle sera dotée des ressources nécessaires ». Il a appelé les institutions de la société civile « à soutenir ces décisions qui nous permettront de mettre notre pays sur la voie du développement ».

Peine perdue.  Dominé par la droite, le Parlement en a décidé autrement. Il a purement et simplement destitué P. Castillo, président d’une gauche péruvienne laminée par l’histoire nationale, par le règne d’Alberto Fujimori à l’époque encore douloureuse du Sentier lumineux.

La destitution de P. Castillo a ainsi été approuvée par 101 congressistes sur 130. Le vote a eu lieu peu après la déclaration de ce dernier à la nation, au siège du Congrès, retransmise par la télévision nationale.

Dina Boluarte, vice-présidente de la République, avait au préalable fait fi des désidératas de P. Castillo. Elle a dénoncé « un coup d’État qui aggrave la crise politique et institutionnelle que la société péruvienne ». La nation péruvienne devra « surmonter » cette épreuve « en respectant strictement la loi », a-t-elle plaidé, sur Twitter. Selon les interprétations, P. Castillo pourrait être accusé d’avoir violé l’article 117 de la Constitution.

En attendant, c’est bien elle, D. Boluarte, 60 ans, qui reprend en main les institutions. Élue à ses côtés l’an dernier, elle a été investie à la tête du pays, peu après la destitution par le Parlement du président. « J’assume (le pouvoir) conformément à la Constitution du Pérou, à partir de ce moment et jusqu’au 26 juillet 2026 », a déclaré devant le Parlement D. Boluarte. Elle devient ainsi la première femme à diriger le Pérou.

« C’est un coup d’État voué à l’échec, le Pérou veut vivre en démocratie », a lui-même attaqué Francisco Morales, président de la Cour constitutionnelle, à la radio. « Personne ne doit obéissance à un gouvernement usurpateur. »

P. Castillo, issu du Pérou pauvre et rural, instituteur de métier, est accusé depuis un moment, par ses détracteurs, d’être intervenu dans une affaire de corruption présumée opérée par son entourage. Le syndicaliste s’est de surcroît dit ouvert à la tenue d’un référendum pour offrir à la Bolivie, enclavée par les guerres du passé, un accès tant espéré à l’océan Pacifique. De quoi lui attirer des accusations de trahison. Lui sont également reprochées les crises ministérielles à répétition de son mandat, avec la formation de quatre gouvernements en huit mois, situation inédite dans un Pérou pourtant en crise politique chronique.

Mercredi, c’est la sixième fois qu’une motion de destitution du président en exercice est votée au Congrès, toujours pour le même motif, depuis 2017, après Pedro Pablo Kuczynski en 2018 et Martín Vizcarra en 2020. En 2020, des manifestations violemment réprimées avaient eu lieu (deux morts et une centaine de blessés). Lima avait connu trois présidents en cinq jours. Puis P. Castillo a battu de peu Keiko Fujimori, fille d’Alberto, en 2021.

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