La grande majorité des pays n’ont réalisé aucun progrès ou ont reculé, au cours de la dernière décennie. Seuls 28 des 180 pays ont amélioré leur niveau de corruption au cours des douze dernières années. Dans 34 pays, le fléau s’est considérablement aggravés. Par ailleurs, 23 autres ont atteint leurs scores les plus bas cette année, fait savoir l’ONG.
Ce constat s’explique par une « tendance mondiale à l’affaiblissement des systèmes judiciaires » depuis 2016, ce qui « réduit la responsabilité des agents publics », favorisant ainsi le développement de pratiques de la corruption par l’impunité. « Les actes de corruption tels que les pots-de-vin et les abus de pouvoir infiltrent également de nombreux tribunaux et autres institutions judiciaires à travers le monde », relève le rapport.
Dans le cas du Maroc, classé à la 97e place mondiale, le score se maintient à 38 sur 100, comme en 2022. Dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, le royaume est devancé notamment par les Emirats arabes unis (26e), le Qatar (40e), la Jordanie (63e) ou encore la Tunisie (87). Cependant, il fait mieux que l’Algérie (104), l’Egypte (108) et la Mauritanie (130). Analysant la situation nationale, Transparency souligne que 53% des citoyens marocains estiment que la corruption a augmenté en un an. 31% déclarent avoir eu recours à des usages de corruption pour accéder aux services publics.
Dans le classement global, le Danemark arrive en tête, suivi de la Finlande et de la Nouvelle-Zélande, puis de la Norvège, de Singapour, de la Suède, de la Suisse, des Pays-Bas et de l’Allemagne. Il est clôturé par le Soudan du Sud, la Syrie, le Venezuela et la Somalie.
Déconstruisant une certaine perception idéalisée des pays les mieux classés, Transparency International note toutefois que même ces Etats-là « ont leurs propres problèmes d’impunité », bien que cela ne se reflète pas dans leurs scores. « De nombreuses affaires de corruption transfrontalière impliquent des entreprises des pays les plus performants qui recourent à la corruption lorsqu’elles font des affaires à l’étranger (…) Les pays les mieux classés ne parviennent souvent pas à s’en prendre aux auteurs de corruption transnationale et à leurs complices », explique l’ONG. Dans ce sens, « la montée de l’autoritarisme dans certains pays contribue à cette tendance, et même dans des contextes démocratiques, les mécanismes qui maintiennent les gouvernements sous contrôle se sont affaiblis », note-t-elle.
François Valérian, président de Transparency International, estime ainsi que « la corruption continuera de prospérer, jusqu’à ce que les systèmes judiciaires soient en mesure de punir les actes répréhensibles et de contrôler les gouvernements». « Lorsque la justice est achetée ou politiquement entravée, ce sont les gens qui en souffrent. Les dirigeants doivent pleinement garantir l’indépendance des institutions qui font respecter la loi et lutter contre la corruption », a-t-il plaidé en assurant qu’« il est temps de mettre fin à l’impunité pour la corruption ».
Pour l’ONG, « la justice et un Etat de droit efficace sont essentiels pour prévenir et mettre un terme à la corruption aux niveaux national et international ». Ce deux composantes sont « les pierres angulaires de la démocratie et incarnent les notions d’équité et de responsabilité », souligne enfin l’ONG.