Les témoins ont rapporté que des tanks israéliens ont pénétré plus profondément dans la ville, tirant intensément dans une zone déjà dévastée par la guerre en cours. Des avions de combat ont aussi bombardé un immeuble résidentiel sur la rue Al-Sinaa, dans le quartier Tel al-Hawa, au sud-ouest de la ville de Gaza. Cependant, aucun bilan n’a été communiqué pour l’instant.
Depuis mardi, plus de 700 Palestiniens ont été tués et plus de 900 blessés dans une campagne aérienne surprise menée par Israël sur Gaza, brisant ainsi un accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers en vigueur depuis janvier. Depuis octobre 2023, près de 50 000 Palestiniens, en grande majorité des femmes et des enfants, ont été tués, et plus de 112 000 blessés dans une offensive militaire israélienne brutale sur Gaza.
En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza. Israël fait également face à un dossier pour génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour sa guerre contre l’enclave. Il faut dire qu’avec le blanc-seing de Washington, les sionistes ne s’embarrassent pas de scrupules pour aller de l’avant dans leur projet qui consiste à gommer le fait national palestinien. Israel Katz, ministre israélien de la guerre, a annoncé vendredi avoir ordonné à l’armée de « saisir davantage de territoire à Gaza » qui pourra selon lui être « annexé » à l’entité sioniste. « J’ai donné l’ordre à Tsahal de prendre davantage de territoire à Gaza […].», a-t-il déclaré dans un communiqué, menaçant également d’une « occupation permanente » de « zones de sécurité » à l’intérieur de la bande de Gaza.
Les « zones de sécurité » dont parle le ministre sont une allusion à l’établissement d’une « bande de sécurité », envisagée par certains responsables de sécurité notamment dans le nord du territoire palestinien, pour créer une zone tampon entre la bande de Gaza et les colonies israéliennes limitrophes.
« Si le Hamas continue de refuser de libérer les otages, j’ai donné l’ordre à Tsahal de prendre davantage de territoires […] en assurant une occupation permanente du territoire par Israël », a encore menacé I. Katz. « Nous intensifierons la lutte avec des frappes aériennes, maritimes et terrestres, ainsi qu’en élargissant l’opération terrestre jusqu’à la libération des otages et la défaite du Hamas, en utilisant tous les moyens de pression militaires et civils, y compris l’évacuation de la population de Gaza vers le sud et la mise en œuvre du plan de déplacement du président américain [Donald] Trump pour les habitants de Gaza », a-t-il ajouté.
Rappelons que c’est Israël qui s’est désengagé de l’accord du cessez-le-feu et non pas le Hamas. L’accord de trêve entré en vigueur le 19 janvier 2025 est composé de 3 étapes. A la fin de la 1ère étape Israël, soutenu par les USA, a refusé de passer à la seconde étape.
La veille jeudi, la Palestine a annoncé qu’Israël avait violé plus de mille fois l’accord de cessez-le-feu à Gaza, dans le cadre de l’escalade génocidaire qu’Israël mène contre les Palestiniens depuis plus de 16 mois. Cette déclaration a été faite par Riyad Mansour, représentant permanent de la Palestine auprès des Nations Unies (ONU), dans trois lettres identiques envoyées au Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, à la Présidente du Conseil de sécurité, l’ambassadrice du Danemark, Christina Markus Lassen, et au Président de l’Assemblée générale de l’ONU, Volkan Bozkır, comme l’a rapporté Wafa, agence de presse palestinienne. Les lettres abordaient la décision d’Israël de saboter complètement l’accord de cessez-le-feu et de reprendre ses opérations militaires à Gaza, rétablissant ainsi son contrôle sur le principal corridor reliant le nord au sud de Gaza. Elles mentionnaient également les demandes des forces d’occupation exigeant que les civils évacuent plusieurs zones, exploitant ces ordres militaires pour poursuivre les expulsions forcées du peuple palestinien.
R. Mansour a indiqué dans sa lettre qu’Israël avait commis plus de mille violations de l’accord de cessez-le-feu et continuait d’imposer un blocus total sur Gaza. Il a également évoqué les appels des responsables israéliens à la purification ethnique et au génocide du peuple palestinien.
Autant dire que Benyamin Netanyahu, qui bénéficie du soutien inconditionnel de l’administration US, ne compte pas se limiter à ce seul stade. D’après leYediot Aharonot, un plan visant à démanteler la Cisjordanie et le pouvoir de l’Autorité palestinienne est à l’étude dans le but de transformer chaque zone de Cisjordanie en une région séparée dirigée par des personnalités locales. La ville d’Al-Khalil Hébron constituera la première pièce du nouveau puzzle sioniste.
Pression sur l’Egypte
Dans sa livraison de vendredi, le journal libanais Al-Akhbar, a signalé que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi aurait récemment déclaré lors de sommets arabes que l’Égypte serait disposée à accueillir temporairement environ un demi-million de Palestiniens de Gaza dans une ville spécialement dédiée dans le nord du Sinaï. Ce chiffre représenterait approximativement un quart de la population totale du territoire palestinien.
Cette information, qui n’a pas été confirmée par d’autres sources, suggère que l’Égypte pourrait ouvrir sa frontière aux résidents gazaouis que le président américain veut les transférer vers la Jordanie et l’Egypte ou le Soudan et la Somalie.
L’analyse d’Al-Akhbar assure que cette position égyptienne aurait suscité l’inquiétude de la Jordanie, qui a précisé être prête à accueillir uniquement les familles de blessés et ce, pour une durée limitée. Cet accord égyptien présumé serait le fruit des pressions exercées par Donald Trump sur Le Caire pour qu’il accepte d’accueillir des Palestiniens transférés de Gaza.
Bien que Washington ait dit que les pressions exercées sur l’Egypte n’iraient pas jusqu’à remettre en cause le soutien financier américain au pays arabe, certaines informations font état d’une prochaine baisse du budget de défense consenti par les Etats-Unis à ce dernier, ont rapporté les médias israéliens.
En riposte au plan Trump sur le transfert des Gazaouis, l’Egypte a élaboré une alternative présentée il y a trois semaines à la Ligue arabe tablant sur une reconstruction de Gaza estimée à 53 milliards de dollars et sans évacuation de population. Ce projet prévoit la création de sept zones destinées à fournir des logements temporaires à 1,5 million de Palestiniens, ainsi que la mise en place d’un « comité de technocrates » pour administrer Gaza pendant six mois avant un éventuel retour de l’Autorité palestinienne.
Bien que la Ligue arabe ait adopté ce plan de reconstruction, Washington l’avait rapidement rejeté, estimant qu’il « ne répondait pas à la réalité actuelle » d’un territoire « inhabitable ».
Sanaa résiste
Face aux régimes arabes qui se couchent face à la Pax Americana, seul le Yémen fait preuve de résistance en apportant un soutien militaire à la lutte légitime du peuple palestinien. Ainsi, Sanaa a annoncé que ses forces armées ont frappé avec succès, tôt vendredi, une cible militaire en Israël à l’aide d’un missile balistique hypersonique.
Dans une déclaration télévisée, le général Yahya Saree, porte-parole, a indiqué que les forces armées yéménites ont mené une « opération militaire qualitative » visant un site militaire israélien dans le sud de Jaffa, une ville du centre d’Israël, à l’aide d’un missile balistique hypersonique nommé Palestine 2. « Cette opération a atteint son objectif avec succès », a affirmé Y. Saree, précisant qu’il s’agissait de la deuxième attaque en l’espace de 24 heures.
Il a par ailleurs souligné que les opérations militaires menées par les Houthis en soutien à Gaza « ne cesseront pas, malgré la poursuite de l’agression américaine ». « Ces opérations, ainsi que le blocus du transport maritime israélien, continueront tant que l’agression contre Gaza ne prendra pas fin et que le siège ne sera pas levé », a-t-il ajouté.
Les Houthis ont déjà lancé plusieurs attaques de missiles et de drones contre Israël, qu’ils présentent comme des représailles au conflit en cours à Gaza. Comme ils ont aussi ciblé au cours de ces derniers jours, et à plusieurs reprises, le groupe naval de l’USS Harry Truman qui croise dans la mer Rouge. L’armada US a déjà réalisé plusieurs frappes sur diverses régions yéménites.
Tension à Tel-Aviv
Le gouvernement israélien a officiellement entériné la destitution de Ronen Bar de son poste de directeur du Shin Bet à l’issue d’un vote à l’unanimité, lors d’une réunion ministérielle tendue qui s’est prolongée tard dans la nuit de jeudi, ont rapporté les médias israéliens. Selon un communiqué du bureau du Premier ministre, « Ronen Bar quittera ses fonctions le 10 avril, ou lorsqu’un nouveau directeur permanent sera nommé, selon la première éventualité. »
Dans un geste révélateur des tensions sous-jacentes, R. Bar a choisi de ne pas participer à cette réunion cruciale, préférant adresser aux ministres une lettre virulente dans laquelle il dénonce avec force les accusations portées contre lui. « Les allégations me concernant sont fondamentalement infondées et servent de façade à des motivations complètement différentes, étrangères et profondément erronées, » a-t-il déclaré dans son courrier. Il a également souligné que cette procédure contrevenait aux dispositions légales et réglementaires en vigueur. Le chef des services secrets intérieurs évoque également dans sa missive l’affaire du « Qatargate » et son éviction de l’équipe négociant la libération des captifs israéliens. Et qualifie l’ensemble du processus ayant mené à son renvoi de « manifestement prémédité » et dénonce des « allégations sans fondement » qui ne seraient qu’un prétexte pour « entraver la capacité du Shin Bet à remplir sa mission institutionnelle conformément à la loi ».
L’opposition a déposé une requête auprès de la Cour suprême contre le limogeage du chef du Shin Bet. Pour l’heure, le processus de destitution a été bloqué.
Parallèlement, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le bureau du Premier ministre à Al-Qods occupée pour protester contre le possible limogeage de R. Bar. Yair Golan, président du parti démocrate, s’est adressé à la foule malgré la pluie intermittente, appelant à de nouvelles élections pour remplacer B. Netanyahu. « Nous jetterons ce gouvernement dans la poubelle de l’histoire, » a-t-il déclaré.
Plus tôt dans la journée, le politicien avait été bousculé et jeté à terre lors d’une manifestation devant la résidence du Premier ministre.
Carmi Gilon, ancien chef du Shin Bet, a également pris la parole pour dénoncer les tentatives de B. Netanyahu de limoger son successeur ainsi que la procureure générale Gali Baharav-Miara, l’accusant de « sacrifier le Shin Bet ». Non sans inquiétude, il a relevé qu’il se pourrait bien que « nous assistions aujourd’hui à l’une des dernières manifestations démocratiques à avoir lieu en Israël. »