Vusi Madonsela, ambassadeur d’Afrique du Sud aux Pays-Bas, a remis le document juridique, connu sous le nom de mémoire, au siège de la CIJ dans la ville néerlandaise. Selon le règlement de la Cour, le contenu du mémoire ne peut être rendu public pour le moment. Selon un communiqué du bureau du président sud-africain Cyril Ramaphosa, le mémoire est une « présentation complète des preuves accablantes du génocide à Gaza ».
Le bureau de la présidence a déclaré que le document « contient des preuves qui montrent comment le gouvernement israélien a violé la Convention sur le génocide en encourageant la destruction des Palestiniens vivant à Gaza, en les tuant physiquement avec un assortiment d’armes destructrices, en les privant d’accès à l’aide humanitaire, en provoquant des conditions de vie qui visent leur destruction physique, en ignorant et en défiant plusieurs mesures provisoires de la Cour Internationale de Justice, et en utilisant la famine comme arme de guerre et pour favoriser les objectifs d’Israël de dépeupler Gaza par des morts massives et le déplacement forcé des Palestiniens ».
« Les preuves montreront que les actes génocidaires d’Israël sont motivés par l’intention particulière de commettre un génocide, par l’incapacité d’Israël à empêcher l’incitation au génocide, à empêcher le génocide lui-même et à punir ceux qui incitent et commettent des actes de génocide », a ajouté le bureau de la présidence sud-africaine.
La plainte déposée par l’Afrique du Sud intervient alors que l’offensive israélienne contre Gaza dure depuis 398 jours et a fait, selon les agences palestiniennes et internationales, au moins 43 020 morts, en majorité des femmes et des enfants. Au moins 101 110 autres ont été blessés et plus de 10 000 Gazaouis sont portés disparus ou présumés morts et enterrés sous les décombres de centaines de milliers de maisons et autres structures bombardées. Des millions d’autres Palestiniens ont été déplacés de force, affamés ou malades à cause de l’invasion israélienne et du « siège total » de Gaza. Ce dépôt intervient également une semaine après que des membres de haut rang du cabinet d’extrême droite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et des parlementaires se soient exprimés lors d’une conférence prônant le nettoyage ethnique et la recolonisation de Gaza.
Le bureau de C. Ramaphosa a déploré qu’« Israël bénéficie d’une impunité sans précédent pour violer le droit et les normes internationales depuis que la Charte des Nations unies existe ».
« Le mépris constant d’Israël pour le droit international met en péril les institutions de gouvernance mondiale qui ont été créées pour demander des comptes à tous les États », a affirmé la présidence dans son communiqué. « Le génocide flagrant à Gaza est visible pour tous ceux qui ne sont pas aveuglés par les préjugés ». La déclaration de C. Ramaphosa poursuit que « la lutte palestinienne contre l’impérialisme, l’apartheid israélien et le colonialisme de peuplement est la réalité quotidienne du peuple palestinien. Depuis 1948, il est confronté à diverses formes de colonisation, souvent soutenues par des puissances coloniales historiques et, plus récemment, par des États déterminés à façonner un ordre mondial dans leur intérêt. La lutte mondiale contre le colonialisme de peuplement se poursuit dans certaines parties du monde, notamment en Palestine occupée, à Gaza et en Cisjordanie. La communauté internationale ne peut rester les bras croisés alors que des civils innocents – notamment des femmes, des enfants, des travailleurs hospitaliers, des travailleurs humanitaires et des journalistes – sont tués simplement parce qu’ils existent. C’est un monde que nous ne pouvons pas accepter ».
« Nous réitérons notre appel à un cessez-le-feu immédiat en Palestine, au Liban et dans toute la région, et au début d’un processus politique pour assurer une paix juste et durable », a ajouté le bureau de C. Ramaphosa.
L’Afrique du Sud a également remercié les plus de 30 pays et blocs régionaux, dont l’Union Africaine et la Ligue arabe, qui soutiennent sa démarche.