Le sujet de la conversation téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine a préoccupé pendant plusieurs jours les milieux politiques et médiatiques. Le 18 mars les présidents russe et américain se sont entretenus au téléphone pendant plus de deux heures. La presse a qualifié cet échange de « plus long entretien téléphonique de l’histoire entre un président russe et un président américain ».
Les présidents ont abordé un large éventail de questions, y compris une trêve de 30 jours, un échange de prisonniers, la sécurité maritime en mer Noire et la perspective d’une coopération économique et énergétique mutuellement avantageuse. Des communiqués de presse russe et américain ont été publiés peu après la fin de la conversation.
A l’issue des pourparlers avec Kiev du 11 mars à Djeddah, en Arabie saoudite, la partie américaine avait proposé une trêve de 30 jours à la Russie. Aujourd’hui, Moscou a souligné « un certain nombre de points essentiels » quant à l’organisation du contrôle effectif d’une éventuelle trêve sur toute l’étendue de la ligne de contact, et « la nécessité de mettre fin à la mobilisation forcée en Ukraine ainsi qu’aux livraisons d’armement à l’armée ukrainienne », selon le communiqué du Kremlin. La Russie a également noté que « l’inaptitude aux négociations du régime de Kiev, qui a saboté et violé à plusieurs reprises les engagements pris, faisaient courir de sérieux risques ». Moscou a aussi attiré l’attention américaine sur les crimes barbares de nature terroriste commis par les Ukrainiens contre la population civile de la région de Koursk.
« Lors de l’échange, Donald Trump a proposé que les parties au conflit renoncent mutuellement aux frappes sur les infrastructures énergétiques pendant 30 jours. Vladimir Poutine a répondu positivement à cette initiative et a immédiatement donné à l’armée russe l’ordre correspondant », a précisé le Kremlin.
À la lumière du récent appel de D. Trump à épargner les militaires ukrainiens encerclés dans la région de Koursk, V. Poutine a confirmé que « la partie russe était prête à se laisser guider par des considérations de nature humanitaire » et « à garantir aux militaires des forces armées ukrainiennes, au cas où ils se rendraient, la vie et un traitement digne conformément à la législation russe et au droit international ». Le patron du Kremlin a informé qu’un échange de 175 prisonniers de guerre ukrainiens contre 175 prisonniers de guerre russes aurait lieu le 19 mars. « En outre, 23 militaires ukrainiens grièvement blessés, pris en charge dans les établissements médicaux russes, seront remis à titre de geste de bonne volonté ».
Le président de la Russie a réagi « de manière constructive » à l’idée de D. Trump de mettre en œuvre l’initiative concernant la sécurité de navigation dans la mer Noire. « Les deux dirigeants ont convenu d’entamer des négociations pour discuter des détails spécifiques de cet accord ». Selon le Kremlin, les deux dirigeants ont réitéré leur intention de poursuivre les efforts visant à régler le conflit en Ukraine en format bilatéral, « notamment compte tenu des propositions du président des États-Unis susmentionnées ». Des groupes d’experts russe et américain sont créés à ces fins. La Maison Blanche a également souligné la nécessité du dialogue.
« Ce conflit n’aurait jamais dû commencer et aurait dû se terminer il y a longtemps avec des efforts de paix sincères et de bonne volonté. Les dirigeants ont convenu que la voie vers la paix commencerait par un cessez-le-feu concernant l’énergie et les infrastructures, ainsi qu’avec des négociations techniques sur la mise en œuvre d’un cessez-le-feu maritime dans la mer Noire, d’un cessez-le-feu complet et d’une paix permanente. Ces négociations commenceront immédiatement au Moyen-Orient », lit-on dans le communiqué américain.
Les deux Présidents ont également évoqué d’autres questions de l’agenda international, notamment la situation au Proche-Orient et en mer Rouge. « Des efforts conjoints seront déployés afin de stabiliser la situation dans les zones de crise et d’améliorer la coopération en matière de non-prolifération nucléaire et de sécurité mondiale. Cela contribuera, à son tour, à l’amélioration du climat dans les relations russo-américaines. Le vote solidaire à l’ONU sur une résolution concernant le conflit ukrainien en est un exemple positif », selon le Kremlin.
Après Koursk, Belgorod
Quelques heures avant l’entretien téléphonique entre V. Poutine et D. Trump, la Défense russe a signalé plusieurs tentatives de l’armée ukrainienne de pénétrer dans la région russe de Belgorod. Cette tentative a été entreprise « afin de créer un contexte négatif autour de l’entretien téléphonique entre les Présidents russe et américain qui a eu lieu ce soir », réprouve le ministère.
Tôt dans la matinée, vers 05h50, les troupes ukrainiennes ont essayé de percer vers les localités de Demidovka et de Prilessié, dans la partie occidentale de la région. Au total, l’ennemi a mené cinq attaques au cours de la journée, dont la dernière a eu lieu de 17h30 à 18h45. Jusqu’à 200 combattants ukrainiens et 29 unités d’équipement militaire ont été impliqués.
Le groupement russe Nord a repoussé toutes les attaques, empêchant la violation de la frontière. L’armée de Kiev a perdu 60 soldats, un char, 7 véhicules blindés de combat, 3 chars de déminage et un véhicule. Les autres assaillants ont été dispersés et l’ennemi a renoncé à de nouvelles attaques.
Djeddah accueillera dans les prochains jours des discussions sur les détails des accords conclus entre les présidents russe et américain à l’issue de leur conversation téléphonique du 18 mars. C’est ce qu’a déclaré Steve Witkoff, envoyé spécial du dirigeant américain sur Fox News. « Bien sûr, nous devons encore régler certains détails, mais cela commencera dimanche à Djeddah. Après cela, nous nous dirigerons vers un cessez-le-feu complet. Aujourd’hui, nous avons eu une très bonne conversation sur les éléments nécessaires pour y parvenir. En général, les résultats sont très positifs », a-t-il déclaré. Il a également salué le rôle joué par le président russe au cours des discussions. « Je voudrais saluer Vladimir Poutine pour tout ce qu’il a fait aujourd’hui lors de cet appel pour rapprocher son pays d’un accord de paix définitif. Je ne saurais trop insister sur le fait qu’il a été très convaincant lors de cet appel. C’est un leader naturel et il en a fait la preuve aujourd’hui », a déclaré l’envoyé spécial.
En conclusion, S. Witkoff s’est dit d’accord avec le présentateur, selon lequel les relations entre les États-Unis et la Russie évoluaient positivement. D’après l’envoyé spécial, les choses évoluent vers « une paix et une prospérité à long terme ». « Je ne pourrais être plus heureux d’avoir participé à cet événement d’une manière ou d’une autre », a conclu le représentant US.