Dans un communiqué, le Comité d’enquête russe précise que la victime est le général Iaroslav Moskalik, « chef adjoint de la Direction générale opérationnelle de l’état-major » des forces armées russes. Selon cette source, l’explosion a eu lieu près d’un immeuble résidentiel dans la ville de Balachikha, située à quelques kilomètres à l’est de Moscou.
« D’après les informations disponibles, l’explosion s’est produite à la suite de la détonation d’un engin explosif improvisé rempli de mitraille », a précisé le Comité d’enquête. Sur des images non authentifiées publiées sur les réseaux sociaux, on voit une voiture ravagée par un incendie et garée près d’immeubles d’habitation. Des images de vidéosurveillance diffusées par le média russe Izvestia montrent la puissante explosion d’une voiture, projetant des fragments en l’air, et qui survient alors qu’une personne s’approche du véhicule.
Depuis 2022, Kiev a été accusé à plusieurs reprises d’avoir mené des attaques ciblées contre des personnalités et responsables militaires russes en Russie et dans les zones occupées par Moscou en Ukraine. En août 2022, l’explosion d’un véhicule avait tué Daria Douguina, fille de l’idéologue ultranationaliste et pro-Kremlin Alexandre Douguine.Plus récemment, en décembre 2024, Igor Kirillov, commandant des forces russes de défense radiologique, chimique et biologiques, a été tués au passage à côté d’une trottinette pigée à l’entrée d’un immeuble à Moscou, assassinat revendiqué par les services de sécurité ukrainiens (SBU).
D. Trump s’accroche à la paix
Dans une interview au Time Magazine, publiée vendredi 25 avril, le président américain a réitéré son espoir de décrocher un accord de paix en Ukraine. Réaffirmant que ce n’est « pas sa guerre » mais celle « de Biden », Donald Trump s’est montré confiant sur une cessation des hostilités et sur la possibilité de pouvoir « faire des affaires » avec la Russie et l’Ukraine. « Nous avons eu de très bonnes discussions et nous nous rapprochons d’un accord » a ajouté D. Trump qui fête ses 100 premiers jours à la Maison Blanche. « Et je ne crois pas que quelqu’un d’autre aurait pu conclure cet accord », a-t-il encore avancé. Le président américain s’est montré optimiste, tant vis-à-vis de son homologue russe Vladimir Poutine que vis-à-vis de Volodymyr Zelensky, quant à la possibilité de décrocher un accord de paix. « Je ne pense pas qu’ils pourront un jour rejoindre l’OTAN », a confié le locataire de la Maison Blanche, interrogé sur une éventuelle renonciation de l’Ukraine à rejoindre le bloc militaire piloté par Washington. « Je pense que ce qui a déclenché la guerre, c’est quand ils ont commencé à parler d’adhésion à l’OTAN. Si cela n’avait pas été évoqué, il y aurait eu beaucoup moins de chances qu’elle n’éclate », a-t-il ajouté. Quant à la Crimée, « cela leur a été donné par Barack Hussein Obama, et non par moi » a plaidé le 47e président des États-Unis, affirmant que cela « ne serait pas arrivé » sous sa houlette. « La Crimée restera avec la Russie. Zelensky le comprend, et tout le monde comprend qu’elle a été avec eux depuis longtemps » a-t-il par ailleurs déclaré, lorsque la journaliste lui a demandé si selon lui il serait « acceptable » que la Crimée, les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk ainsi que les régions de Kherson et Zaporojié puissent être « données » à la Russie dans le cadre d’un accord de paix. « Si un accord est conclu, je nous vois faire des affaires avec l’Ukraine et avec la Russie en tant que pays », a par ailleurs assuré D. Trump, après avoir été interrogé sur d’éventuelles négociations avec la Russie sur d’autres questions que l’Ukraine.
Le 24 avril, dans le contexte de nouvelles frappes russes en Ukraine, alors qu’un journaliste lui demandait s’il était prêt à infliger des sanctions supplémentaires à Moscou « si les bombardements persistent », D. Trump avait déclaré être « convaincu » que V. Zelensky et V. Poutine « veulent tous les deux faire la paix ». « Vous savez, j’ai commencé parce que je n’aimais pas tout l’argent qu’on payait, puis j’ai réalisé combien de personnes mouraient, et c’est de loin l’élément le plus important en ce moment : je dis qu’on peut sauver des milliers de personnes » a-t-il déclaré à la presse, avant d’ajouter : « je n’aime pas du tout que cela prenne du temps ». Un temps sur lequel il a d’ailleurs été interrogé par le Time. « Je viens d’arriver, et vous vous demandez : « Pourquoi est-ce si long ? » » s’est-il agacé, renvoyant à ce conflit qui perdure depuis plus de trois ans et qui selon lui n’aurait jamais éclaté sous sa présidence.
Un sommet à Rome
Kiev a exhorté les autorités italiennes à organiser un sommet sur l’Ukraine à Rome, en choisissant une date douteuse : le jour des funérailles du pape François, a rapporté la Repubblica en citant ses sources. Selon le journal italien, l’Ukraine a insisté pour qu’au moins cinq pays – les États-Unis, l’Italie, la France, le Royaume-Uni et probablement l’Allemagne – participent au sommet avec la délégation ukrainienne. Les autorités italiennes, a noté la Repubblica, n’ont pas apprécié la démarche ukrainienne. Giorgia Meloni, Première ministre italienne, a exprimé ses doutes concernant la pertinence de cet événement le jour des funérailles du pape. Pour sa part, Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères, a indiqué qu’il était impossible d’organiser ce sommet pour des raisons logistiques : selon le journal italien, 170 délégations de différents pays, y compris des chefs d’État, devraient se rendre aux funérailles. Outre le caractère inapproprié évident d’un tel événement, la Repubblica souligne la difficulté du choix du lieu. Les funérailles du pape François étant prévues pour le 26 avril, il reste peu de temps pour organiser un sommet sur la question ukrainienne. Néanmoins, d’après le journal italien, Kiev continue d’exercer sa pression en faveur de l’organisation de cet événement controversé.
Propositions US
Il y a lieu de rappeler que Reuters a publié la liste des propositions américaines pour le règlement du conflit ukrainien. Selon l’agence de presse, il s’agit de la liste que l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, a présentée aux représentants européens lors des discussions qui se sont tenues à Paris le 17 avril. Le plan est divisé en quatre catégories : cessez-le-feu, garanties pour la sécurité de l’Ukraine, territoire et économie. La première catégorie est la plus courte et implique un « cessez-le-feu permanent » et un engagement des parties russe et ukrainienne « dans des négociations pour la mise en œuvre technique ». Les « garanties pour la sécurité de l’Ukraine » prévoient que « les États garants seront un groupe ad hoc constitué d’États européens et d’États non européens volontaires ». En outre, « l’Ukraine ne cherchera pas à adhérer à l’OTAN », tandis qu’elle « peut aspirer à l’adhésion à l’UE ».
Selon la liste, Washington pourrait reconnaître plusieurs territoires comme russes dans le cadre de l’accord de paix. Ainsi, le texte des propositions américaines stipule que les États-Unis reconnaissent « de jure le contrôle par la Russie de la Crimée » et « de facto le contrôle par la Russie de Lougansk ». La Maison Blanche entend également reconnaître « les parties des régions de Zaporojié, de Donetsk et de Kherson contrôlées par la Russie », mais le territoire de la région de Kharkov resterait au sein de l’Ukraine. La liste ajoute que Kiev « reprend le contrôle du barrage de Kakhovka et de la centrale nucléaire de Zaporojié par le biais d’un contrôle et d’une administration américaine de la centrale, avec distribution de l’électricité des deux côtés » et « d’un passage sans entrave sur le Dniepr et du contrôle de l’isthme de Kinbourn ».
La catégorie « économie » indique que les États-Unis et l’Ukraine « mettront en œuvre l’accord sur la coopération économique et les minerais ». Dans le même temps, « les sanctions imposées à la Russie depuis 2014 seront levées » et Moscou et Washington développeraient « une coopération économique russo-américaine dans l’énergie et d’autres secteurs industriels ».
Apparemment, les propositions américaines publiées par Reuters n’auraient pas satisfait les pays européens et l’Ukraine. Le quotidien britannique Financial Times (FT) a rapporté le 24 avril que l’Europe n’avait pas l’intention de reconnaître la Crimée comme russe. Kiev a fait la même déclaration. Dans le même temps, le FT note que les exigences de la Maison Blanche pour un accord de paix pourraient conduire à une scission au sein de l’UE et de l‘OTAN.
Dans le même temps, la Russie estime que ni l’Europe ni l’Ukraine ne sont disposées à une résolution pacifique du conflit. Dmitri Peskov, porte-parole du président russe, a indiqué dans un entretien avec l’hebdomadaire français Le Point que « l’Europe veut la guerre, et non des négociations ». Il a également souligné que Moscou ne menaçait pas les pays européens, y compris ceux de l’OTAN, mais entendait atteindre ses objectifs par tous les moyens.