« Pour la Russie, le Maroc est un pays ami et un partenaire stratégique. La nature particulière de nos relations a été cimentée par les accords signés par le président russe Vladimir Poutine et le roi Mohammed VI (en mars 2016, ndlr), sur une base si solide qu’elles ont résisté à l’épreuve du temps, et ce malgré les turbulences géopolitiques et les crises financières et économiques de ces dernières années », a précisé V. Baybakov.
Le diplomate a reconnu l’impact des « sanctions occidentales » contre son pays « particulièrement dans les services bancaires. Cependant, la Russie et le Maroc parviennent « à résoudre toutes les questions de manière constructive dans un esprit de coopération », a-t-il affirmé.
Cette entente entre les deux Etats est le fruit « d’un dialogue politique actif », a souligné le diplomate. Et de rappeler qu’« une délégation marocaine conduite par le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a participé à la conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique, tenue en novembre 2024 à Sochi ». Lors de ce conclave, Moscou avait ignoré les appels d’Alger et de Pretoria sollicitant la présence du Polisario.
Au conseil de sécurité, Moscou n’a pas adhéré non plus, lors de l’adoption le 31 octobre de la dernière résolution sur le Sahara, à la proposition algérienne d’élargir le mandat du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits humains dans la province. Quelques semaines plus tôt, Sergueï Lavrov et N. Bourita se sont rencontrés en septembre à New York, en marge de la 79e session de l’Assemblée générale de l’ONU.
Pour sa part, Lotfi Bouchaara, ambassadeur du royaume à Moscou, participe aussi à ce dialogue politique. En témoignent ses nombreuses réunions avec Michael Bogdanov, représentant spécial du président de la Russie pour le Moyen-Orient et les pays d’Afrique, ou Sergueï Vershinin, vice-ministre des Affaires étrangères, et le vice-ministre des Affaires étrangères de la Russie.
Cette entente profite aux échanges commerciaux entre les deux pays. « Au cours de l’année écoulée, les relations entre la Russie et le Maroc ont continué à se développer progressivement dans tous les domaines, en particulier la coopération commerciale et économique s’est développée avec succès. Le volume des échanges commerciaux est resté à un niveau élevé, nous avons enregistré récemment une augmentation significative dans le secteur agricole », s’est félicité le diplomate russe. « La Russie occupe aujourd’hui la deuxième place dans l’approvisionnement du Maroc en céréales et légumineuses : le volume total en 2024 était d’environ 766 000 tonnes, alors qu’en 2023 la Russie occupait la 8e place (avec 209 000 tonnes) », a-t-il expliqué.
Il a révélé aussi qu’« un certain nombre de missions commerciales au Maroc ont été organisées pour des entreprises des régions russes, notamment Moscou, la région de Moscou, Saint-Pétersbourg, le Tatarstan, le territoire de l’Altaï, les régions de Sverdlovsk et de Kalouga». Et d’annoncer que le Maroc et la Russie se sont engagés «à tenir la prochaine réunion de la commission intergouvernementale mixte sur la coopération économique, scientifique et technique à Moscou en 2025 ».
Les deux parties ont également rendez-vous, dans les semaines à venir, avec le renouvellement de l’accord de pêche qui permet à la flotte russe de s’activer dans les eaux sahariennes du royaume.
Pour rappel, Yuri Oushakov, conseiller du président russe pour les affaires internationales, a inscrit la semaine dernière le Maroc sur la liste des pays candidats à rejoindre les BRICS. De son côté, Vladimir Poutine compte sur le royaume dans son projet de création d’une zone de libre-échange avec les pays d’Afrique du Nord.
Rabat, rappelle-t-on, n’a pas participé aux votes de certaines résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant « l’opération spéciale », selon la version officielle russe, en Ukraine. Plus, le Maroc s’est transformé en une plateforme d’entrée pour le diesel russe sur le marché européen, et ce malgré les sanctions. Le royaume autorise également les avions russes, y compris les appareils transportant des ministres, comme pour S. Lavrov, chef de la diplomatie, d’atterrir dans ses aéroports pour se ravitailler avant de continuer vers l’Amérique ou le reste de l’Afrique.