La décision n’est pas une surprise. Dès 2020, l’organe exécutif de l’Union Européenne appelait les États membres à sécuriser leurs réseaux, en particulier ceux de la 5G. Thierry Breton, commissaire européen, mène ce combat en vue d’éviter une dépendance qui pourrait à terme devenir « une arme contre nos intérêts ». L’eurocrate français veut croire que les Européens ont tiré les leçons de la guerre en Ukraine.
Des recommandations avaient été formulées il y a trois ans, en partie sous la pression des États-Unis qui ont déjà interdit la fourniture d’équipement 5G à plusieurs entreprises chinoises, dont Huawei et ZTE. Mais cette « boîte à outil » européenne reste non contraignante et à peine un tiers des pays européens a suivi les recommandations de Bruxelles. T. Breton veut donc donner l’exemple. « La Commission va appliquer ces principes pour ses propres besoins en services téléphoniques : nous devons éviter les risques que posent Huawei et ZTE. Nous prendrons également en compte ces principes dans l’allocation de financements européens », dit-il.
Il y a quelques jours, le Financial Times s’est fait l’écho d’un incident survenu en décembre 2020 et qui pourrait avoir convaincu T. Breton de la menace. Le Commissaire européen venait de s’entretenir avec un dirigeant de Huawei, groupe chinois cherchait à convaincre les Européens qu’il n’espionnait pas pour le compte de Pékin. Seulement, moins d’une semaine plus tard, l’eurocrate a la mauvaise surprise de recevoir sur son téléphone personnel l’appel euphorique du lobbyiste de Huawei qui a arrangé l’entretien. L’homme s’est visiblement trompé, sauf que… Ni lui, ni l’entreprise n’étaient censés connaître ce numéro.