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Géopolitique de l’énergie : L’Europe aux abois…

Le plafonnement des prix du gaz russe générera dans son sillage une réaction de Moscou. Cela va de l’embargo auquel certains marchés seront soumis à la réduction des quantités livrables. L’Europe qui a choisi de serrer la vis face à la Russie en sanctionnant à tout va, suivant en cela la politique US, n’a que les yeux pour pleurer. Tout en se rabattant sur le charbon…

C’est un véritable choc énergétique qu’a subi l’Union européenne avec, pour conséquence, une flambée des prix de l’énergie. L’UE n’a pas eu d’autre choix que celui de s’engager dans une nouvelle géopolitique de l’énergie. Pour compenser la baisse des approvisionnements en gaz russe, l’UE s’est essentiellement tournée vers le GNL, le gaz naturel liquéfié, plus facile à mettre en œuvre que le développement de nouveaux gazoducs. Son principal fournisseur, ce sont les États-Unis. Elle a aussi augmenté ses approvisionnements par gazoducs auprès de la Norvège et de l’Azerbaïdjan.

« Mais cela n’a pas suffi à détendre les prix, car il n’y a pas de capacités importantes de GNL sur les marchés. Les nouveaux projets d’extraction dans des pays comme le Qatar, l’Australie ou encore les États-Unis, vont commencer leur production dans environ trois ans », estime Olivier Appert, conseiller du Centre Énergie de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Pour Emma Stokking, chef de projet chez Shift Project, think tank qui œuvre en faveur d’une économie décarbonée, « l’Union européenne doit se préparer en plus à une compétition sévère avec les pays d’Asie, notamment la Chine, énorme importatrice de gaz ».  En effet, le mois dernier, le Qatar a signé un accord de gaz naturel liquéfié de 27 ans avec la Chine, la plus longue durée jamais vue dans l’industrie du GNL.

Cette flambée des prix du gaz a un impact certain sur les entreprises européennes, surtout sur celles qui sont les plus énergivores, au premier rang desquels les secteurs de la sidérurgie et de la chimie. « Ces entreprises payent jusqu’à quatre fois plus cher l’énergie que leurs concurrentes, par exemple, américaines. Et cela crée une concurrence déloyale. Cette crise de l’énergie pourrait pousser des entreprises à délocaliser dans les pays où les prix de l’énergie sont moins élevés qu’en Europe », estime Damien Ernst, économiste auprès de l’université de Liège en Belgique.

Pour plusieurs experts, l’Union européenne paye aujourd’hui les erreurs de sa politique énergétique.  « L’Europe n’a pas diversifié géographiquement ses approvisionnements. Elle était très dépendante du gaz russe, elle n’a pas non plus diversifié assez en type d’approvisionnements », estime de son côté Bertrand Candelon, professeur, spécialiste de l’énergie auprès de l’Université catholique de Louvain en Belgique.

Avenir énergétique incertain pour au moins les deux-trois prochaines années, préservation de son industrie ou respect des objectifs climatiques. L’équation va être difficile à résoudre pour l’U.E.

Ruée sur le charbon

Avec plus de 8 milliards de tonnes estimées cette année, la consommation mondiale de charbon en 2022 devrait dépasser le précédent record de 2013. C’est ce qu’indique l’Agence internationale de l’énergie dans un rapport dévoilé ce vendredi 16 décembre. Selon l’AIE, cette consommation devrait croître de 1,2% par rapport à l’année dernière.

Mais ce n’est pas tout. Surtout, si aucun effort supplémentaire n’est fait pour accélérer la transition énergétique, ce niveau de demande, influencée par une demande accrue venue d’Europe et liée à la guerre en Ukraine, pourrait se maintenir jusqu’à 2025. L’AIE prévoit ensuite un recul pour les économies avancées, mais un niveau toujours soutenu en Asie.

Il s’agit d’une bien mauvaise nouvelle pour le climat. Le charbon renforce sa place de première source de CO2 du système énergétique mondial. Face à l’explosion des prix du gaz et de l’électricité depuis le début du conflit en Ukraine, qui a provoqué un arrêt brutal de l’approvisionnement en gaz russe, certains pays européens ont fait le choix de recourir au charbon pour produire de l’électricité.

Ainsi, l’Allemagne, qui avait pourtant lancé un plan de sortie du charbon à l’orée 2030 pour s’en passer définitivement avant 2040, a vu sa consommation de charbon augmenter de 40% sur les huit premiers mois de l’année. De manière globale, la consommation de charbon en Europe a augmenté en 2022, pour la deuxième année consécutive.

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