Hazem Qassem, porte-parole du Hamas, a déclaré jeudi que son mouvement appelait à la tenue urgente d’un « sommet arabe » en réaction à la proposition de Donald Trump d’une prise de contrôle US du territoire palestinien et d’un déplacement de sa population. « Nous appelons à un sommet arabe en urgence pour faire face au projet de déplacement » des Palestiniens hors de Gaza, a déclaré H. Qassem dans un communiqué, exhortant « les pays arabes à résister aux pressions de Trump et à rester fermes», tout en appelant «les organisations internationales à prendre des mesures fortes contre le plan de Trump ».
Les équipes médicales et de secours palestiniennes ont extrait 28 nouveaux corps des décombres dans la Bande de Gaza, portant le bilan des victimes de la guerre génocidaire d’Israël, depuis octobre 2023, à 47 583 martyrs, a déclaré le ministère de la Santé, jeudi. Et de préciser que ce bilan comprend une personne qui a succombé à ses blessures et deux autres qui ont été abattues par les forces israéliennes. Selon le ministère, quatre personnes blessées ont également été hospitalisées au cours des dernières 24 heures, ce qui porte à 111 633 le nombre de blessés suite aux attaques israéliennes. « De nombreuses victimes sont toujours coincées sous les décombres et sur les routes, les secouristes ne parvenant pas à les atteindre », a déclaré le ministère.
Selon les chiffres publiés jeudi, quelque 562 corps ont été extraits des décombres depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza le 19 janvier.
Israël Katz, ministre israélien de la Défense, a annoncé jeudi lancer des préparatifs en vue d’un « départ volontaire » des habitants de la bande de Gaza, après la proposition du président D. Trump d’une prise de contrôle américaine de ce territoire et d’un déplacement de sa population. Plan qui équivaut à un nettoyage ethnique, dénonce Human Rights Watch (HRW).
Le responsable israélien a indiqué dans un communiqué avoir « ordonné à l’armée israélienne de préparer un plan qui permettra à tout habitant de Gaza qui le souhaite de partir vers n’importe quel endroit du monde qui accepte de l’accueillir ». Le plan, a-t-il précisé, comprendra « des options de sortie aux points de passage terrestres ainsi que des dispositions spéciales pour les sorties par voie maritime et aérienne ».
I.Katz a souligné que des pays comme l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, qui ont critiqué la politique israélienne à Gaza, sont « obligés » d’accueillir les Palestiniens si leurs positions sont sincères, laissant entendre que leur refus dévoilerait leur « hypocrisie », comme il l’a dit. Soulignant que certains pays, comme le Canada, ont organisé des programmes d’immigration qui ont déjà exprimé leur volonté d’accueillir des résidents de Gaza.
Les Gazaouis ne peuvent actuellement pas quitter leur territoire, assiégé par Israël et largement détruit par la guerre de plus de 15 mois qui a fait selon un bilan actualisé plus de 60 milles martyrs et personnes disparues.
L’annonce du ministre israélien survient alors que l’administration américaine s’est efforcée de nuancer les propos de D. Trump, qui ont soulevé un tollé international, l’ONU mettant notamment en garde contre tout « nettoyage ethnique ». D. Trump avait lancé mardi l’idée d’une prise de contrôle US du territoire et répété que sa population pouvait être déplacée vers l’Egypte et la Jordanie voisines – qui ont catégoriquement rejeté cette option – après une rencontre à Washington avec le Premier ministre israélien.
Après le déluge de critiques internationales ; Marco Rubio, secrétaire d’Etat, a affirmé que tout transfert des Gazaouis serait temporaire. D. Trump veut « reconstruire les bâtiments » afin que « les gens puissent y retourner », a-t-il dit. La Maison Blanche a elle indiqué que D. Trump ne s’était pas engagé « pour l’instant » à envoyer des troupes à Gaza. Dans une interview à la chaîne Fox News mercredi soir, B. Netanyahu a qualifié son idée de « remarquable », estimant qu’elle devait être « examinée (…) et réalisée ». Il a laissé entendre que l’initiative ne signifiait pas nécessairement que les Palestiniens quittent définitivement le territoire.
D. Trump a continué encore jeudi à délirer sur le déplacement des Palestiniens. Il a écrit sur sa page Truth Social que « la bande de Gaza sera remise aux Etats-Unis par Israël à la fin des combats ». « Les Palestiniens, des gens comme Chuck Schumer, auraient déjà été réinstallés dans des communautés beaucoup plus sûres et plus belles, avec des maisons neuves et modernes, dans la région. Ils auraient réellement une chance d’être heureux, en sécurité et libres. Les Etats-Unis, en collaboration avec de grandes équipes de développement du monde entier, commenceraient lentement et prudemment la construction de ce qui deviendrait l’un des projets les plus grands et les plus spectaculaires de son genre sur Terre. Aucun soldat américain ne serait nécessaire ! La stabilité régnerait dans la région !!! », a-t-il écrit aussi. Il n’est pas clair pourquoi il a évoqué C. Schumer, chef des démocrates dans la chambre des représentants.
Pete Hegseth, secrétaire à la Défense des États-Unis, a déclaré la veille mercredi que le Pentagone était prêt à envisager toutes les options concernant Gaza, au lendemain des déclarations du président affirmant que les États-Unis prendraient le contrôle de l’enclave palestinienne. « Concernant la question de Gaza, la définition de la folie, c’est d’essayer encore et encore la même approche », a-t-il déclaré avant sa rencontre avec B. Netanyahu. « Comme le président et le Premier ministre l’ont souligné hier soir, le président est prêt à sortir des sentiers battus et à rechercher des solutions nouvelles, uniques et dynamiques à des problèmes qui semblent insolubles », a-t-il ajouté. « Nous attendons donc avec impatience d’autres discussions à ce sujet, des solutions créatives, et en tant que responsable du département de la Défense, nous sommes prêts à examiner toutes les options, comme nous l’avons déjà indiqué », a-t-il conclu.
Interrogé sur une éventuelle implication des troupes US à Gaza, P. Hegseth est resté évasif. « Le président est engagé dans des négociations très complexes et de haut niveau, qui ont des conséquences majeures tant pour les États-Unis que pour l’État d’Israël. Nous comptons travailler avec nos alliés et nos homologues, tant sur le plan diplomatique que militaire, pour examiner toutes les options », s’est-il contenté de dire.
Plus tôt, la Maison-Blanche a été interrogée sur la volonté de D. Trump d’envoyer des troupes US sur le terrain. Karoline Leavitt, porte-parole, a affirmé qu’aucune décision n’avait encore été prise. « Le président ne s’est pas engagé à déployer des troupes à Gaza. Il a également déclaré que les États-Unis ne financeront pas la reconstruction de Gaza. Son administration travaillera avec nos partenaires dans la région pour reconstruire cette zone », a-t-elle précisé. Elle a ajouté que D. Trump attend des partenaires régionaux, en particulier l’Égypte et la Jordanie, qu’ils acceptent temporairement des réfugiés palestiniens durant la période de reconstruction.
Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire israélien (2006 à 2010), a mis en doute, jeudi, les chances de succès du plan de D. Trump visant à prendre le contrôle de la Bande de Gaza et à réinstaller les Palestiniens ailleurs. « Un plan très avantageux a été présenté aux Israéliens ici et j’espère qu’il se réalisera », a-t-il déclaré à la radio locale 103 FM. « Toutefois, je pense que les chances que cela se produise sont très faibles et que cela comporte des risques », a-t-il ajouté.