Le président tchadien, dont le pays est voisin du Niger mais n’est pas membre de l’organisation ouest-africaine, « n’a pas un mandat spécial acté de la Cédéao », a précisé le porte-parole du gouvernement tchadien. Des informations laissent entendre que l’hôte tchadien a pu rencontrer, à Niamey, la junte, le président Mohamed Bazoum et l’ancien président Mahamadou Issoufou
Un peu plus tôt, l’organisation ouest-africaine s’était rassemblée à huis clos à Abuja pour décider des mesures à prendre, quatre jours après le coup d’État. À l’issue de cette réunion, les chefs d’État ont annoncé un ultimatum d’une semaine pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger. Ils n’excluent pas le « recours à la force » si nécessaire. En attendant, des sanctions ont été décidées avec effet immédiat : fermeture des frontières puis des vols en direction du Niger, plus de transactions commerciales avec le Niger, plus de transactions énergétiques avec le Niger, gel des avoirs bancaires.
La Cédéao veut ainsi imposer un véritable blocus économique pour faire plier les putschistes. Bola Ahmed Tinubu a donné la ligne, à savoir une tolérance zéro contre tout auteur de coup d’État dans la sous-région. Tous les chefs d’État et de gouvernement l’ont suivi. Une réunion des chefs d’état-major de la Cédéao doit se tenir en urgence pour soumettre rapidement un plan d’action.
- Bazoum est considéré par ses pairs comme le seul président légitime. Seuls ses actes et ceux de ses représentants sont reconnus par l’organisation ouest-africaine. La Cédéao exige la libération et la restauration du pouvoir du chef de l’État, qu’elle considère d’ailleurs comme un otage, tout comme sa famille et les membres du gouvernement du Niger. Les chefs d’État de l’organisation régionale ont indiqué qu’ils tiendraient la junte pour responsable, si par malheur quelque chose arrivait à M. Bazoum.
A signaler que des milliers de manifestants se sont rassemblés dimanche matin devant l’Assemblée nationale nigérienne sur la place de la Concertation, la plus grande place de Niamey, en soutien aux militaires putschistes. Un meeting a ensuite été retransmis à la Radio Télévision nigérienne (RTN), au cours duquel les orateurs ont salué les juntes malienne et burkinabè et ont lancé des slogans hostiles à la France et à la Cédéao. Quelques drapeaux russes étaient déjà visibles dans la foule.
Une fois le meeting terminé en fin de matinée, les manifestants ont tenté de converger vers le palais présidentiel, où est toujours retenu depuis mercredi M. Bazoum. Mais ils ont été bloqués au niveau du rond-point de la Justice par un important dispositif de l’armée. Certains de ces manifestants ont alors choisi de se diriger vers Yantala, quartier où se trouvent les ambassades de plusieurs pays, dont celle des États-Unis et de la France. Certains des manifestants ont arraché la plaque affichant « Ambassade de France au Niger ». Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent plusieurs d’entre eux jeter des pierres vers le bâtiment et tenter d’en briser les portes et fenêtres blindées avant d’être dispersés par des grenades lacrymogènes.
Le ministère français des Affaires étrangères a réagi, dans la foulée, en condamnant « toute violence contre les emprises diplomatiques dont la sécurité relève de la responsabilité de l’État hôte ». « Les forces nigériennes ont l’obligation d’assurer la sécurité de nos emprises diplomatiques et consulaires au titre de la Convention de Vienne », et « nous les appelons instamment à remplir cette obligation que leur impose le droit international », a souligné le Quai d’Orsay.
L’Élysée a ensuite indiqué qu’Emmanuel Macron « ne tolèrera aucune attaque contre la France et ses intérêts » au Niger et répliquera « de manière immédiate et intraitable ».
Dans un communiqué lu à la télévision, le général Tchiani a lui lancé un appel au calme en demandant aux manifestants de ne pas attaquer les ambassades. Les putschistes ont accusé lundi la France de préparer une intervention militaire contre le palais présidentiel. Dans un communiqué, le CNSP déclare que « la France a tenu une réunion à l’état-major de la Garde nationale pour obtenir les autorisations politiques et militaire nécessaires » afin de libérer le président retenu M. Bazoum. D’après la junte, ces autorisations ont été accordées dans des documents signés par le Premier ministre par intérim Hassoumi Massaoudou et par le colonel-major Midou Guirey, commandant de la Garde nationale. Il a été impossible pour l’instant de vérifier l’authenticité de ces documents. Le CNSP a aussi accusé « les services de sécurité d’une chancellerie occidentale », sans préciser laquelle, d’avoir « tiré des grenades lacrymogènes et fait usage de leurs armes » sur des manifestants regroupés devant cette chancellerie, « avec pour conséquence six blessés ». De son côté, le ministère français des Affaires étrangères a réagi en déclarant que « la France n’a pas d’autre objectif que la sécurité de ses ressortissants ».