Les marchés d’actions prennent de sérieux coups en Asie : à la bourse de Tokyo l’indice vedette Nikkei a clôturé en baisse lundi 7 mars de 2,94% à 25 221,41 points, son plus bas niveau depuis novembre 2020. Tous les secteurs d’activité sur le Nikkei ont été laminés, à l’exception, sans surprise, de l’énergie.
Les pertes à la bourse de Hong Kong étaient encore pires, son indice Hang Seng cédant environ 3,5% vers 6h30 GMT.
En Chine continentale, Shanghai et Shenzhen perdaient plus de 2%. A l’inverse, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a frôlé les 140 dollars le 6 mars vers 23h GMT, proche de son record absolu de 147,50 dollars atteint en juillet 2008. Les cours de l’or noir sont ensuite redescendus, avant de progresser à un rythme échevelé: après 6h20 GMT le baril de WTI américain bondissait de 9,04% à 126,14 dollars et celui du baril de Brent de la mer du Nord s’envolait de 10,12% à 130,06 dollars. Les investisseurs se ruent également sur l’or, valeur refuge par excellence, qui a dépassé les 2 000 dollars l’once dans les échanges asiatiques le 7 mars, une première depuis août 2020. L’once était revenue à quelque 1 983 dollars vers 6h40 GMT.
Des mouvements évidemment liés au conflit en Ukraine et plus particulièrement aux sanctions occidentales contre Moscou. Des sanctions directes contre les exportations d’hydrocarbures de Moscou ne sont d’ailleurs plus un concept tabou.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré dimanche à ce propos que les Etats-Unis et l’Union européenne discutaient «très activement» de la possibilité d’interdire les importations de pétrole russe en réponse à l’opération militaire russe en Ukraine. La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a de son côté confirmé que la Congrès étudiait un projet de loi visant à isoler davantage la Russie de l’économie mondiale, notamment en interdisant l’importation de son pétrole et de ses produits énergétiques aux Etats-Unis.
Les Européens se montrent à l’heure actuelle plus prudents, certains Etats de la région comme l’Allemagne dépendant étroitement du pétrole et du gaz russes. Toutefois, même si les exportations de pétrole russe ne sont pas sanctionnées pour l’instant en théorie, elles ne trouvent déjà quasiment plus preneur, ce qui perturbe grandement l’offre mondiale d’or noir.
«A moins d’une fin des hostilités, il n’y a pas grand-chose à l’horizon pour ralentir [la montée des cours du pétrole]», affirme ainsi la National Australia Bank dans une note publiée en ce début de semaine.
Une escalade du conflit en Ukraine aurait des conséquences économiques «dévastatrices» au niveau mondial, a prévenu, il y a deux jours de cela, le Fonds monétaire international (FMI). Outre le conflit lui-même, les sanctions imposées à la Russie «auront aussi un impact substantiel sur l’économie mondiale et les marchés financiers, avec des effets collatéraux pour d’autres pays», selon le FMI. La Banque centrale européenne a pour sa part fait savoir qu’elle allait devoir ajuster sa réponse monétaire au double risque d’un choc d’inflation et d’un ralentissement de la croissance en zone euro. Cette crise majeure change la donne pour l’institution de Francfort qui, lors de sa précédente réunion de février, avait ouvert la voie au resserrement de sa politique monétaire. La BCE semblait prête à normaliser progressivement son action après deux ans de cap ultra-accommodant pour soutenir l’économie face à la pandémie de Covid-19 et alors qu’elle s’inquiétait du maintien d’une inflation élevée plus longtemps que prévu.
Les sanctions prises dans la foulée par les Occidentaux contre la Russie emportent des conséquences encore difficiles à évaluer pour les économies. Dans ce contexte géopolitique sans précédent depuis la fin de la guerre froide, la BCE «se tient prête à toute mesure nécessaire [pour assurer la stabilité des prix]», selon sa présidente, Christine Lagarde. Le risque de «stagflation», combinaison redoutée d’inflation et de stagnation économique, «a clairement augmenté», affirme pour sa part Carsten Brzeski, économiste chez ING Sur le marché des devises, l’euro se repliait fortement face au dollar, tombant à 1,0880 dollar vers 6h30 GMT contre 1,0928 dollar le 4 mars. La monnaie européenne chutait aussi face au yen, à raison d’un euro pour 125,08 yens contre 125,48 yens vendredi à 21h GMT.
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