Les pays de l’Otan ne discutent pas aujourd’hui d’autoriser l’Ukraine à frapper la Russie avec des missiles à longue portée, mais plutôt de prendre une décision sur la participation directe de l’Otan au conflit, a déclaré Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg. « Il y a une tentative de substituer les concepts. Parce qu’il ne s’agit pas d’autoriser ou d’interdire au régime de Kiev de mener des frappes sur le territoire russe, il le fait déjà avec des drones et d’autres moyens. Mais lorsqu’il est question d’utiliser des armes de précision à longue portée de fabrication occidentale, c’est une toute autre histoire », a indiqué le dirigeant russe.
Le Président en a expliqué les raisons en indiquant, primo, que les armes de précision à longue portée occidentale sont guidées par des données provenant des satellites de l’Otan. Et, secundo, en rappelant que les missions aériennes de ces systèmes de missiles doivent aussi être effectuées par du personnel militaire des pays de l’Otan, car celui ukrainien en est incapable.
« Cela change l’essence même du conflit », a souligné le Président russe. « C’est une participation directe […]. Cela signifierait que les pays de l’Otan, les États-Unis et les pays européens seraient en guerre contre la Russie. Si tel est le cas, alors, compte tenu du changement dans l’essence de ce conflit, nous prendrons les décisions appropriées en fonction des menaces créées pour nous », a-t-il prévenu.
Les médias ont précédemment annoncé que le Royaume-Uni avait décidé d’autoriser Kiev à utiliser des missiles Storm Shadow contre des cibles situées au plus profond du territoire russe. Cela sans parler des ATACMS que les troupes russes avaient déjà eu à gérer les tirs.
Après sa rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le chef de la diplomatie britannique à Kiev mercredi, Antony Blinken a atterri à Varsovie, en Pologne, jeudi 12 septembre. Le secrétaire d’État américain s’est entretenu avec Radoslaw Sikorski, son homologue polonais. L’occasion d’évoquer le soutien militaire et financier à l’Ukraine. Si A. Blinken a annoncé mercredi une nouvelle aide de 717 millions de dollars à Kiev, son homologue polonais a tenté de le convaincre d’aller plus loin jeudi 12 septembre. « Nous, l’Occident, devons continuer à fournir à l’Ukraine des systèmes avancés de défense aérienne et de défense antimissiles. Mais nous pensons également que les restrictions sur l’utilisation des missiles à longue portée devraient être levées », a déclaré R. Sikorski. V. Zelensky a répété son impatience face aux hésitations de ses alliés, de plus en plus divisés sur la question des missiles longue portée.
Selon des sources au sein de la Maison-Blanche citées par la presse US, Joe Biden ne devrait pas donner son feu vert immédiatement, mais il serait sur le point de le faire sous certaines conditions. D’abord, les frappes longue portée de l’armée ukrainienne devraient viser uniquement des cibles militaires russes et proches de la frontière ukrainienne comme des sites de lancement de missile ou de drones, des réservoirs de carburant ou des dépôts de munitions. Autre condition posée par les États-Unis : ces missiles à longue portée ne devront pas être américains, mais uniquement français et britanniques. J. Biden qui a reçu vendredi Keir Starmer, Premier ministre britannique, à la Maison Blanche, pourrait annoncer un changement de ligne de Washington.
Par ailleurs, il y a lieu de noter que Moscou a affirmé disposer d’informations selon lesquelles les services de renseignement ukrainiens cherchent à recruter des terroristes en Syrie et sont aussi à l’œuvre en Afrique, signale Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.
Des agents de renseignement de Kiev recrutent des terroristes dans la zone démilitarisée d’Idleb, en Syrie, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie russe lors d’une table ronde avec des chefs des missions diplomatiques. « Des informations circulent selon lesquelles des agents des renseignements ukrainiens […] recrutent des militants du Front al-Nosra, désormais appelé Hayat Tahrir al-Cham. Afin de les impliquer dans leurs nouvelles opérations ignobles », a-t-il déclaré.
Les services spéciaux ukrainiens s’intéressent aussi à l’Afrique, a-t-il ajouté. « Ils regardent aussi plus au sud, vers la zone saharo-sahélienne où, avec des extrémistes recrutés, ils mènent des attaques terroristes contre les forces armées des gouvernements de plusieurs pays », a rappelé le ministre.
En parallèle, le Service fédéral de sécurité russe (FSB) a indiqué avoir reçu des preuves de l’activité subversive du Royaume-Uni contre la Russie. « Ces documents indiquent qu’au Royaume-Uni, la principale unité coordonnant la mise en œuvre de politiques subversives contre la Russie [et dans les pays qui faisaient autrefois partie de l’URSS] est la Direction de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale du ministère britannique des Affaires étrangères, qui a été transformée après le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine en un service spécial, dont la tâche principale est d’infliger une défaite stratégique à notre pays », note l’officine russe.
Selon le FSB, ces faits mettent en doute les activités des diplomates britanniques envoyés à Moscou par l’intermédiaire de cette Direction. C’est pourquoi le ministère russe des Affaires étrangères a mis fin, vendredi, à l’accréditation de six employés du département politique de l’ambassade britannique, dont les actions ont fait preuve d’espionnage et d’activité subversive.
Le FSB a averti qu’il prendrait d’autres mesures en cas de découverte d’actions similaires de la part des employés de la mission diplomatique britannique. Le retrait de l’accréditation des diplomates britanniques signifie que les personnes concernées ne disposent plus d’aucune raison officielle de demeurer en Russie et sont, de ce fait, dans l’obligation de quitter le pays.