Spécialisée en dragage, la société luxembourgeoise Jan De Nul a annoncé le 11 juin une collaboration avec le géant minier australien Fortescue afin de relier des continents de « haute production énergétique » aux continents « à forte consommation » pour la livraison d’électricité verte. Cet accord de partenariat, portant sur « la fourniture des ressources nécessaires pour le transport et la pose de câbles sous-marins », a été signé à Rabat par Andrew Forrest, président fondateur de Fortescue, et Jan Pieter De Nul, président exécutif de Jan De Nul, selon un communiqué du groupe luxembourgeois. Selon la même source, l’entreprise australienne a qualifié de « hors pair » l’opportunité de « transmettre des électrons renouvelables » vers l’Europe depuis l’Afrique. « Les industries et les consommateurs méritent un meilleur choix que celui dont ils disposent actuellement, notamment des carburants fossiles qui émettent du carbone et causent le réchauffement planétaire », s’est félicité le patron de cette entreprise spécialisée dans l’extraction minière. De son côté, J. De Nul a noté que « le transport direct et la consommation d’électrons verts est une des façons les plus efficaces pour contribuer à la réduction des besoins énergiques dans le monde ». « Avec notre savoir-faire, nos effectifs hautement qualifiés et motivés, et notre flotte polyvalente de navires de construction, dont cinq navires spécialisés dans l’installation des câbles sous-marins de dernière génération, nous sommes prêts à construire une transition énergétique », a-t-il encore ajouté.
Avant de conclure cette étape, Fortescue, qui souhaite produire de l’hydrogène vert, de l’ammoniac et des engrais, s’est allié au préalable avec le Groupe marocain OCP, leader mondial de la nutrition des plantes et des engrais à base de phosphate. Les deux partenaires avaient annoncé leur coopération en avril dernier. Leur joint-venture « vise à fournir de l’hydrogène vert, de l’ammoniac vert et des engrais verts au Maroc, à l’Europe et aux marchés internationaux », stipulait alors le communiqué d’OCP. Selon la même source, l’accord signé « comprend le développement potentiel d’installations de fabrication et un hub de R&D pour faire avancer l’industrie de l’énergie renouvelable en rapide croissance au Maroc ».
L’installation de câbles sous-marins entre le continent africain et européen n’est pas nouvelle et l’énergie verte marocaine s’avère sollicitée. Depuis 2021, la société britannique Xlinks s’attelle a un projet visant à relier le Maroc au Royaume-Uni à l’aide d’un câble haute-tension sous-marin de 3 800 km. Câble qui, à lui seul, va nécessiter 90 000 tonnes d’acier, soit l’équivalent de douze tours Eiffel. Xlinks a annoncé la construction d’une centrale électrique au Maroc de 10,5 GW (7 GW de panneaux photovoltaïques, et 3,5 GW d’éoliennes). Une installation couvrant 1 500 kilomètres carrés, soit dix fois la superficie de Paris (ou de 210 000 terrains de football). Ce mégaprojet chiffré à plus de 21 milliards d’euros vise à répondre, selon l’entreprise britannique, à 8% des besoins électriques du Royaume-Uni.