L’explication de cette nouvelle flambée est simple : plusieurs grands pays producteurs se sont entendus sur des coupes dans la production. L’Algérie, l’Irak, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Oman et le Koweït réduiront leur production dès le mois de mai, et ce, jusqu’à la fin de l’année. Au total, ce sont un million de barils par jour de moins qui arriveront sur le marché, Riyad représente à elle seule la moitié de cette baisse. À elle seule, l’Arabie saoudite prévoit de réduire sa production de 500 000 barils par jour à compter du mois de mai, et ce, jusqu’à la fin de l’année.
Cette nouvelle coupe dans la production mondiale est la plus importante depuis celle décidée en octobre 2022 par l’Opep+, une coupe alors de 2 millions de barils par jour. Et c’est un nouveau camouflet pour Washington, car les États-Unis appelaient au contraire à augmenter l’extraction de pétrole pour tenter de limiter l’inflation. Une inflation qui, certes, ralentit, mais reste à des niveaux élevés. Or, dans le même temps, après sa politique « zéro-Covid », la Chine, le pays le plus gourmand en or noir, rouvre son économie, de quoi créer un appel d’air. Et c’est cette même inflation qui aurait conduit les géants pétroliers à mettre la pédale douce. Selon un analyste, la demande en pétrole reste menacée par l’inflation et les pressions récessionnistes. Riyad évoque une mesure de « précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier ». En mars, le pétrole est tombé à son plus bas niveau en quinze mois – avec un baril de Brent qui s’échangeait contre un peu plus de 70 dollars. Mais depuis, les prix sont pourtant repartis à la hausse. Moscou estime aussi que ces coupes sont dans l’intérêt du marché mondial.
Cette décision « surprise » sert aussi servir les intérêts économiques de l’un des plus grands exportateurs de pétrole au monde, analysent les experts. Il y a tout juste deux semaines, le ministre saoudien des Finances avait d’ailleurs déclaré que l’or noir est une source de revenus « très importante » pour le royaume. Un « catalyseur » qui lui permet notamment d’investir dans sa couteuse stratégie de diversification économique.