Lorsque B. Netanyahu est arrivé à Majdal Chams vers 14 :00, il a été accueilli par le chef du conseil désigné par les autorités de l’occupation dans le bâtiment du conseil local où il est entré par la porte-arrière. Des photos relayées sur les réseaux sociaux le montrent avec cheikh Mwaffaq Tarif, guide spirituel des druzes en Israël, connu pour ses positions favorables à l’entité sioniste. Dès que les habitants ont été mis au courant, ils ont accouru vers ce bâtiment. Les protestataires brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « criminel de guerre », « à bas le tueur des enfants ». « Assassin, sors d’ici, tu es une ordure, n’exploitez-pas ce drame aux dépens de nos martyrs », ont-t-il scandé. Des sources ont assuré que B. Netanyahu a été contraint de quitter la localité syrienne occupée où il est resté à peine un quart d’heure.
Auparavant des escarmouches avaient eu lieu entre certains habitants et le chef du conseil local en raison du fait qu’il avait organisé et coordonné cette visite et celles des membres de la Knesset. Selon la chaine d’information libanaise al-Mayadeen, des habitants ont refusé ce matin de permettre aux éléments des forces de sécurité israéliens d’utiliser leur maison et leurs toits comme point de surveillance pour sécuriser la venue de B. Netanyahu.
Le Haaretz a révélé pour sa part que plusieurs représentants des familles des victimes de Majdal Chams ont refusé de rencontrer B. Netanyahu à la demande de ce dernier.
Dimanche, les habitants de Majdal Chams avaient expulsé plusieurs ministres du gouvernement israélien, dont Betsalel Smotrich, des Finances Nir Barakat, de l’Economie, Yoav Kish, de l’Education, Eidit Silmane de la protection de l’environnement et Elie Cohen, de l’Energie. « Vous êtes venus danser sur le sang de nos enfants », a crié l’un des habitants à la face de B. Smotrich.
cheikh Sami Abi al-Mouna, guide spirituel de la communauté druze du Liban, a envoyé un message aux Syriens du Golan occupé et de Majdal Chams en particulier dans lequel il a salué « leurs positions patriotiques arabes et leur refus des figures provocantes de l’occupation qui veulent politiser ce drame et exploiter cet incident douloureux pour orienter leurs accusations et exacerber le conflit ». Dimanche, Walid Joumblatt, chef druze libanais avait accusé l’entité sioniste de mentir en accusant le Hezbollah d’être derrière le tir meurtrier de Majdal Chams et mis en garde contre ses tentatives de zizanie.
Selon la chaine d’information qatarie al-Jazeera, cette localité est le plus important centre résidentiel des druzes syriens du Golan avec ses 12 mille habitants, après l’expulsion de 130 mille habitants au lendemain de l’occupation par Israël des hauteurs du Golan pendant la guerre de 1967. Ils sont restés attachés à leur terre en dépit des mesures visant à les déplacer ou à diluer leur identité. Ils ont au début affronté l’occupation israélienne via la résistance armée. Mais ils ont par la suite opté pour la résistance civile en refusant la nationalité israélienne, en boycottant les élections locales et en résistant aux politiques israéliennes de grignotage progressif et de confiscation des ressources naturelles. Seuls 20% d’entre eux ont accepté la nationalité israélienne. Ils ont veillé à garder des liens économiques et sociaux avec la Syrie.Les menaces israéliennes d’une guerre globale contre le Liban après le tir meurtrier sur Majdal Chams ont baissé d’un cran depuis samedi. Des médias israéliens rapportaient dimanche qu’il n’est plus question que « d’une frappe douloureuse » et « plus sévère que les précédentes ».
Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah a assuré que la fin de l’entité israélienne sonnera lorsqu’elle optera pour la décision de lancer une guerre à grande échelle contre le Liban. Lors d’une cérémonie organisée dans la ville du sud de Saida, il a ajouté que « les objectifs de l’ennemi ont été avortés à Gaza grâce à la persévérance du peuple de Gaza, à l’héroïsme de ses résistants et au soutien fourni par les parties de l’axe de la résistance ».
Abdallah Bou Habib, ministre libanais des Affaires étrangères, a mis en garde contre une expansion de la guerre au Liban. « Toute offensive vaste contre le Liban provoquera un conflit régional », a-t-il averti indiquant que « la guerre sera destructrice pour tous et non seulement pour le Liban, raison pour laquelle il faudrait faire preuve de retenue ». A. Bou Habib a révélé que le Liban a demandé aux États-Unis d’inciter Israël à la retenue et a réclamé la formation d’une commission d’enquête internationale pour enquêter sur l’origine du tir en collaboration avec la Finul.
Selon le Wall Street Journal, des responsables américains ont eu des échanges avec des responsables iraniens pour faire baisser la tension. « Les protagonistes ne sont pas intéressés par l’élargissement du conflit mais les risques d’erreurs sont élevés », selon le WSJ.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a mis en garde contre « une démarche israélienne idiote qui pourrait élargir le champ de la guerre ». Son porte-parole a ajouté qu’« Israël tente à travers les scénarios qu’il propose de brouiller l’opinion publique sur les massacres qu’il commet à Gaza ».
Antony Blinken, secrétaire d’état U, qui a adopté la version israélienne des faits en disant que « tous les indices assurent que le missile qui a frappé le Golan est du Hezbollah » a néanmoins affirmé : « Nous effectuons un dialogue avec Israël et nous ne voulons pas d’escalade dans le conflit ».
« Un cessez-le-feu à Gaza offrira l’opportunité de réaliser une accalmie permanente tout au long de la ligne bleue entre Israël et le Liban », a-t-il souligné.
Le Centre de recherches sur la sécurité nationale israélienne a averti « qu’une riposte sévère de la part d’Israël poussera le Hezbollah à riposter et à briser les règles d’engagement au nord ».